Ces premiers jours du mois d'août marquent le coup d'envoi des vendanges au domaine Lafage dans les Pyrénées-Orientales. Pour faire face à cette récolte manuelle précoce, cette famille de viticulteurs catalans a fait appel à son personnel administratif et commercial.
Le reste de l'année, ils sont comptables, employés au marketing ou commerciaux. Mais ce 2 août, près de 30 salariés du domaine Lafage (Pyrénées-Orientales) se sont levés plus tôt pour aller prêter main forte dans les vignes. Car avec le changement climatique, la récolte démarre plus tôt cette année et face à la difficulté de trouver de la main d'œuvre, la famille propriétaire du domaine a eu l'idée de faire appel au volontariat de son personnel.
Jean-Marc Lafage, œnologue et viticulteur, ne le regrette pas. Car ces vendanges sont aussi l'occasion d'insuffler de la cohésion parmi ses collaborateurs.
Ça permet aux gens de la comptabilité, du marketing, du commerce, de toucher un peu du doigt la matière, de voir ce que l'ont produit comme raisins et comme vins qu'ils seront amenés à vendre.
Jean-Marc Lafage, œnologue et propriétaire du domaine
Vendanges précoces
Ces vendanges concernent le muscat petit grain, un cépage qui donnera un vin pétillant léger. Le raisin ne doit donc pas être trop mûr ni trop chauffé par le soleil, pour éviter un taux d'alcool trop élevé. D'où le choix d'un début de récolte précoce, qui va durer deux mois, moitié manuellement, moitié à la machine, sur les 250 hectares que constituent les différentes parcelles du domaine réparties dans le département, notamment à Cabestany.
Car chaleur et sécheresse auraient pu mettre en danger ce travail. Mais il n'en a rien été. Pour préserver ce millésime 2023, la moitié des raisins ont été retirés au moment de la floraison afin d'équilibrer le feuillage et les fruits et de ne pas affaiblir la plante. Résultat : des quantités moindres, mais une qualité assurée.
Gérer la pénurie d'eau
Jean-Marc Lafage ne nie toutefois pas l'impact du manque d'eau cette année. Car si les températures n'ont pas été aussi élevées qu'en 2022, les précipitations se sont raréfiées. Le vigneron retient son souffle : "on va avoir une récolte de qualité, mais il ne faudrait pas qu'on ait deux ou trois années comme celle-là".
Au lieu d'avoir 600 millimètres d'eau par mètre cube et par an, ce qui était la moyenne des vingt dernières années, on n'a eu que 200 millimètres, soit un tiers de la pluviométrie normale. Résultat : le feuillage s'est peu développé. Le raisin est joli, ça passe encore.
Jean-Marc Lafage, œnologue et propriétaire du domaine
Des solutions pour les vignes non irriguées
A Cabestany, ses parcelles ne sont pas irriguées, alors il a fallu trouver des solutions : "on a une cellule de recherche et développement qui travaille sur la qualité de nos sols pour l'améliorer avec des apports de matière organique, de compost et l'installation de couverts végétaux".
Le but : donner de la vie à la terre et permettre à la vigne de se développer afin que le vin soit de bonne qualité. Une technique d'adaptation au changement climatique semble-t-il payante.
Ecrit avec Marie Boscher et Michaël Florès.