La sécheresse dans les Pyrénées-Orientales n'épargne pas les vignes, en manque cruel d'eau. Celles de René Calmon, à Opoul-Périllos, ne devraient donner que la moitié de leur rendement cette année. Le reste du département souffre également.
Des pieds à peine plus hauts que le genou, des grains de raisin de la taille d'un petit pois et un sol désespérément sec. Il ne faut pas chercher longtemps pour trouver les marques de la sécheresse sur les parcelles de vignes de René Calmon, à Opoul-Périllos, dans les Pyrénées-Orientales. "On a eu 150, 200 mm de pluie depuis les dernières vendanges, alors qu'une année normale c'est plutôt 650 mm", constate le viticulteur.
Si les vignes sont de "bonnes malades", résilientes et résistantes face aux aléas climatiques, l'état des pieds de grenache et de muscat plantés par son arrière-grand-père il y a 80 ans n'en finit pas de l'inquiéter. "C'est vraiment stressant", concède René Calmon.
On voit que le travail de toute l'année n'arrivera pas à terme et on pense avoir un impact de 40 à 50% sur la récolte.
René Calmon, viticulteur à Opoul-Périllos
Le manque d'eau se ressent particulièrement à cette période de l'année, la véraison. Un moment "critique", jusqu'aux vendanges, où la météo est plus chaude, plus venteuse et où les vignes demandent plus d'eau pour que les grains de raisin gonflent et se colorent. Mais cet été, les fortes températures et les rafales de tramontane ne font qu'assécher un peu plus les sols.
D'ici aux vendanges, qui débuteront dans trois semaines, "l'eau qui peut tomber ne servira à rien", tranche, pessimiste, René Calmon. "Il est trop tard, les rameaux ne pousseront plus", explique-t-il. Son espoir : la pluie, cet hiver, pour recharger les nappes phréatiques de la vallée de l'Agly, qui irriguent naturellement ses parcelles.
En attendant l'eau, il traite ces ceps avec des biodynamisants et des engrais foliaires sur les feuilles pour permettre aux pieds de tenir le choc, mais reste pessimiste et inquiet pour l'avenir de son exploitation.
Si les pieds prennent encore une sécheresse, on risque la perte de fonds parce que les vignes seront mortes.
René Calmon
Un département "sinistré"
Sur une année normale, ces terres familiales "excellentes", rendent 6 à 7 000 kilos de raisin. Mais cette année, le rendement ne devrait pas dépasser 3 000 kilos selon René Calmon. Pas de quoi couvrir les 600 euros par hectare que lui coûtent la main-d’œuvre, les produits phytosanitaires, ou encore les assurances.
René Calmon n'est pas le seul en difficulté dans le département, qu'il décrit comme "sinistré". "L'an dernier, la production était de 550 000 hectolitres, il y a une dizaine d'années, on tournait autour du million, et cette année on devrait être autour de 300 000 hectolitres", jauge-t-il, amer.
Un dossier est en cours de montage au niveau du département pour qu'il soit reconnu en état de catastrophe naturelle et que des aides soient déclenchées pour les agriculteurs victimes de la sécheresse. René Calmon lance un appel : "Il faut que les pouvoirs publics, que les politiques montent au créneau pour qu'on puisse être aidés au niveau des charges sur les exploitations car ce qu'on va récolter ne les couvrira pas."