Plusieurs captages d’eau potable ont été fermés dans des communes du littoral des Pyrénées-Orientales ces quatre dernières semaines, confirme ce mardi le préfet. C’est l’une des conséquences de la sévère sécheresse qui frappe le département.
La situation était redoutée, elle est désormais réalité : l'eau douce se fait de plus en plus rare dans certaines communes des Pyrénées-orientales. Plusieurs captages d'eau potable ont été fermés dans le département au cours du mois qui vient de s’écouler, confirme le préfet Rodrigue Furcy, mardi 18 juillet 2023. Dans certains cas, le niveau d'eau douce est si faible que l'eau de mer s'infiltre dans les nappes.
L'eau douce baisse, l'eau de mer s'infiltre
C’est le cas par exemple à Banyuls-sur-Mer où le captage du Val Auger a été fermé il y a environ trois semaines, confirme Rodrigue Furcy. Le niveau d’eau y est descendu sous le niveau de la mer et a permis à cette dernière de s’infiltrer dans la nappe phréatique. Le niveau de chlorure - donc de sel - dans l'eau prélevée et analysée par l'ARS a été jugé trop élevé, précise Antoine Parra, le maire d'Argelès-sur-Mer et président de la communauté de communes Albères - Côte Vermeille - Illibéris. L'eau est donc impropre à la consommation selon l'Agence régionale de santé.
Les autorités ont donc décidé de fermer ce captage. Comme celui de Toreilles avant lui. "Il y a beaucoup de situations dans le département où on a été amené à fermer des captages à faire des liaisons, des interconnexions" afin de "garantir la continuité de l'accès à l'eau potable", priorité affichée de la préfecture. "Sur certaines communes, il a des forages qui sont à sec, des captages qui sont à sec, précise le préfet. Il y a d'autres captages (comme celui du Val Auger à Banyuls-sur-Mer, ndlr) où on voit des intrusions salines(...) Banyuls n'est pas le seul cas de figure."
Solutions d'urgence
Pour alimenter la commune, d'autres sources de captage sont utilisées, notamment des nappes du pliocène, plus profondes, isolées de la surface. Une situation qui inquiète des associations écologistes, d'autant qu'elle était prévisible, affirme Virginie Delaunay. "La préfecture aurait dû s'en alerter quand des dérogations ont été demandées régulièrement ces dernières années pour aller piocher dans la nappe du pliocène."
Cette membre du bureau de l'association Frene 66 - Fédération pour les Espaces Naturels et l’Environnement des Pyrénées-Orientales - réclame un moratoire sur l'ensemble des activités économiques qui consomment beaucoup d'eau : le tourisme, l'agriculture, les golfes... "Je pense que l'ensemble des usages doivent être remis en question [...] Il faut en venir à des solutions d'urgence. Et l'urgence aujourd'hui, c’est qu'on ne peut plus accueillir ce tourisme de masse."
Deux territoires des Pyrénées-Orientales sont toujours classés en alerte crise sécheresse, rappelle Rodrigue Furcy : la Têt et l'Agly. Un arrêté prolongera les dispositions la semaine prochaine et limitera l'accès à la ressource en eau. Le dernier arrêté date du 13 juin 2023 et recense l'ensemble des mesures de restrictions.