Quel futur pour l'agriculture des Pyrénées-Orientales et quel avenir pour ses agriculteurs? L'agriculture de demain devra s'adapter pour ne pas disparaître. Projets d'irrigation, de stockage ... le Président National des Jeunes Agriculteurs est venu à la rencontre des exploitants en détresse.
Des arboriculteurs en détresse mais aussi des viticulteurs de plus en plus inquiets pour la prochaine récolte notamment du côté de l'Agly et des Aspres, Arnaud Gaillot le Président National des Jeunes Agriculteurs est venu à leur rencontre mercredi matin à Espira-de-l'Agly dans les Pyrénées-Orientales.
"C'est important de leur montrer qu'ils ne sont pas seuls. Je suis là aussi pour constater les dégâts, c'est consternant. C'est aussi important d'échanger avec les agriculteurs sur les solutions qu'ils estiment nécessaires et les aider à les mettre en place". Le Président du syndicat insiste également sur la nécessité "de ne pas perdre des agriculteurs alors qu'il n'en reste déjà pas beaucoup".
On n'a pas de baguette magique mais on a des idées. Il existe des possibilités d'irrigation et de stockage d'eau dans ce département. Ce serait dommage de s'en priver. Et puis il faut surtout accélérer la recherche. Je pense qu'on est en capacité de développer des variétés adaptées au nouveau climat.
Arnaud Gaillot, Président National des Jeunes Agriculteurs
De l'espoir pour le futur de l'agriculture ?
Si Arnaud Gaillot veut rester optimiste et porteur d'espoir pour le futur de l'agriculture, il faut déjà gérer le présent. Et il n'est pas brillant sur la Vallée de l'Agly comme ailleurs dans le Pays Catalan. Des milliers d'abricots qui jonchent le sol à perte de vue, des arbres atteints de gommose, écoulement de résine dû à un stress hydrique en l’occurrence qui finit par s'épuiser et mourir.
Marjorie Banyuls et son mari Guy le savent bien, ces arbres devront être abattus. Derrière il faudrait replanter, oui mais pour cela il faut de la trésorerie et surtout des perspectives.
On n'arrive pas vraiment à envisager l'avenir. Si on n'a pas d'eau, on ne peut pas replanter. C'est impossible. Donc on espère trouver des solutions pour la suite sinon on perd tout. On perd tout.
Marjorie Banyuls, GAEC Chez Roberte Espira-de-l'Agly
"Nous sommes des transformateurs d'eau"
Le Ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a annoncé une aide exceptionnelle de deux millions d'euros aux agriculteurs des Pyrénées-Orientales. Cette aide prendra la forme d'une prise en charge des cotisations sociales par l'Etat et la MSA. Une bouffée d'oxygène pour les exploitants. "Insuffisant" selon Arnaud Guillot et son représentant local, Pierre Hylari.
Les Pyrénées-orientales possèdent une grande richesse autour de nombreuses filières. C'est une zone géographique idéale. Par contre, ça fait 40-50 ans que rien n'a été fait. On nous parle de dérèglement climatique. Il faut tout réadapter. Notre agriculture mais l'Administration doit aussi adapter ses règles pour nous permettre d'avancer des projets et de pouvoir avoir une vision sur l'avenir.
Pierre Hylari, Président des Jeunes Agriculteurs des Pyrénées-Orientales
Repenser le modèle de demain, faire appel à la recherche... Dans le département, quant aux différents types d'irrigation et de réserve d'eau, quelques pistes déjà. "On n'est pas ingénieur" nous dit Pierre Hylari "mais on a du bon sens paysan. Ça peut aider. Le sujet de l'eau est commun. Il n'y a pas qu'un seul sujet sur l'eau, il y a plusieurs acteurs autour de cette ressource".
Nous sommes des transformateurs d'eau. Nous transformons l'eau en solide pour que les gens puissent la consommer. On nous parle de souveraineté alimentaire, de sécurisation alimentaire. Donc, demain, il faut nous donner les moyens de stocker cette eau.
Pierre Hylari, Président des Jeunes Agriculteurs des Pyrénées-Orientales
"Des solutions existent, il faut les aider à les mettre en place"
"Qu'est-il advenu des cent millions de mètres cubes de la tempête Gloria ?" lance Pierre Hylari. "Cette eau a disparu. On l'a stockée en partie mais pas suffisamment. Quand les barrages sont pleins, pour la sécurité des populations il faut lâcher l'eau et c'est tout à fait légitime. Mais il faut être dans l'anticipation et retenir l'eau à d'autres endroits." Exemple de projets soutenu par le syndicat qui ne s'arrête pas à une seule idée : créer des bis repetita du Lac de la Raho.
On pourrait répéter le projet du lac de Villeneuve-de-la-Raho à d'autres endroits du département pour clairement faire des zones touristiques, des zones de sécurisation pour l'eau potable et des zones où on se servirait de cette eau pour l'agriculture.
Pierre Hylari, Président des Jeunes Agriculteurs des Pyrénées-Orientales
Multi facteurs, multi secteurs, "l'agriculture est prête à faire des efforts". Pour Arnaud Guillot, président National des JA, il faut réaliser "un travail de cartographie du département, en répertoriant l'agriculture de saison", et ainsi voir comment "la positionner en fonction de l'eau, en fonction des types de sol, en fonction des climats qu'on a référencé d'années en années".
Un travail sans précédent. Le syndicat espère maintenant réunir au plus vite les forces autour d'une table pour aider les exploitations à s'adapter au changement climatique.