Sécheresse. Renégocier avec EDF, trouver de nouvelles réserves d'eau : la stratégie pour satisfaire les besoins de la Garonne

La problématique de la sécheresse menace de plus en plus les réserves en eau lorsque l'été arrive. Pour anticiper au mieux, le conseil départemental de Haute-Garonne annonce plusieurs mesures mercredi 31 janvier 2024, censées contrer le mieux possible les effets de la sécheresse. L'un de ces vice-présidents, Jean-Michel Fabre, s'en explique pour France 3 Occitanie.

À quel niveau sera la Garonne lorsque le temps deviendra sec dans quelques mois ? La question se pose dès maintenant pour les pouvoirs publics. Le conseil départemental annonce mercredi 31 janvier une série de mesures pour anticiper au mieux les effets de la sécheresse sur la Garonne et les différentes ressources en eau.

L'un de ses vice-présidents, Jean-Michel Fabre - également président du syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne (SMEAG) - détaille ces décisions pour France 3 Occitanie.

"Une grande vigilance"

France 3 Occitanie. Quelle est la situation de l'eau et de l'étiage sur le territoire après une année 2023 particulièrement sèche ?

Jean-Michel Fabre. Nous sommes déficitaires en eau pour la 3e année consécutive. Il y a eu une baisse de 13% des précipitations, soit environ 100 millimètres en moins. On finit l'année dans une situation pas catastrophique mais qui n'a pas permis de reconstituer les secteurs.

En ce moment, les nappes phréatiques sont dans la moyenne habituelle avec un peu de retard sur la plaine. Le débit des cours d'eau est aussi dans la moyenne. Quant aux réserves artificielles, elles sont plus contrastées.

L'autre indicateur important, c'est le stock de neige. On est près du record le plus bas. On a peu de neige accumulée et en plus, une partie a fondu. Le stock ne s'est pas constitué habituellement mais on ne sait pas si ça va évoluer. Tout cela entraîne une grande vigilance.

France 3 Occitanie. Face à ce constat, comment se prépare-t-on ?  

Jean-Michel Fabre. On a anticipé. Les mesures programmées s'inscrivent dans un moment particulier. On est en train de se préparer pour l'étiage (l'été jusqu'à l'automne), alors qu'avant 2022, tout ce travail se faisait plutôt en avril mai. On a une cellule qui gère la préparation de l'été. Elle a été activée et se met en place.

"8 à 10 millions de mètres cubes supplémentaires sur le lac d'Oô"

France 3 Occitanie. Quelles mesures ont été prises pour tenter d'anticiper la sécheresse en 2024 ?

Jean-Michel Fabre. D'abord, ce n'est pas une mesure exceptionnelle mais un ensemble de mesures en place, avec certaines qui se rajoutent. Il faut travailler avec tous les acteurs à tous les niveaux.

Au moment de l'étiage en juillet, on va tout faire pour avoir les stocks au plus haut.

Tous les ans, on réserve de l'eau dans les Pyrénées pour que l'on puisse donner des ordres de lâcher quand la Garonne est très basse. Cette année, on va en redemander à EDF et renégocier pour avoir les volumes que l'on avait l'an passé (70 millions mètres cubes), tout en cherchant d'autres réserves à d'autres endroits.

On est déjà en discussion avec EDF pour avoir entre 8 et 10 millions de mètres cubes d'eau sur le lac d'Oô, pour les lâcher assez tôt afin de soutenir l'étiage dès fin août. Cette eau est stockée, et on cherche à ce qu'EDF nous la réserve. Ce sont les volumes les plus importants.

Cinq retenues d'eau vont également être utilisées : cela représente entre 3 et 5,5 millions de mètres cubes. On a conclu un accord entre les collectivités territoriales, l'agence de l'eau et les agriculteurs pour que l'on sécurise ces retenues et des rivières. Ce sont des chantiers lancés il y a deux ans et disponibles en 2024.

Plusieurs acteurs mettent la main à la poche

France 3 Occitanie. Pouvez-vous déjà anticiper que ces mesures seront suffisantes pour limiter les effets de la sécheresse ? 

Jean-Michel Fabre. Déjà, on ne peut pas prévenir une sécheresse. On est dans une période d’emballement du changement climatique : on fait face à des situations qui étaient normalement prévues en 2040. Sur les endroits non irrigués, on peut aider mais on ne peut pas faire arriver l’eau partout. Tout ce que l’on peut faire pour avoir des réserves disponibles, c’est maintenant qu’il faut le faire."

5 ans d'investissement 

Pour Jean-Michel Fabre, le coût de ces mesures va dépendre des volumes d’étiages lâchés dans les prochains mois. "Ça fait 5 ans que l'on investit tous les ans" rappelle-t-il.

L'un des projets de territoire, le Garon’Amont, qui permet d’établir et de planifier un programme d’actions pour optimiser la gestion de la ressource en eau sur le bassin de la Garonne, est estimé entre 14 et 19 millions d'euros sur la période 2020-2025. Le conseil départemental pourrait prendre 8 millions d'euros en charge. L'agence de l'eau et d'autres collectivités territoriales participent également à cet investissement. 

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