Pour les Turcs qui vivent à Toulouse, depuis lundi, l'angoisse est permanente. Leur pays d'origine et la Syrie ont été frappés par un séisme de grande ampleur et plusieurs répliques. Le bilan provisoire ne cesse de s'alourdir : 11200 morts ce mercredi 8 février. A Toulouse, l'aide humanitaire s'organise.
Au téléphone, Eliza Kaya est inquiète. Cette Turque qui vit à Toulouse est membre de l'association "Les Alevis de Toulouse". Avec ses adhérents et l'association France Turquie en Midi-Pyrénées, elle récolte des dons pour son pays depuis lundi au local de l'association à Gragnague en Haute-Garonne.
Nous nous tenons sans cesse informés entre nous. Nous avons créé un groupe WhatsApp pour se donner des nouvelles. Je suis originaire du nord de la Turquie, donc ma famille va bien, mais nous connaissons tous des amis qui ont perdu des proches dans le séisme ou qui attendent des nouvelles de personnes disparues, c'est très angoissant.
Eliza Kaya, association franco-turque "Les Alevis"
Plus les heures passent, moins les nouvelles sont bonnes
Une partie de son pays et de la Syrie a été ravagée en quelques minutes, lundi 6 février 2023, par un violent séisme dans la région de Kahramanmaras, la ville considérée comme l'épicentre de ce tremblement de terre. Plusieurs répliques ont continué de faire des dégâts. "Le nombre de morts est déjà dramatique, poursuit Eliza. On est tous touché de près ou de loin. Nous venons de villages isolés en Turquie, beaucoup de gens sont encore sous les décombres. Plus les heures passent, moins les nouvelles sont bonnes. Le bilan s'alourdit sans cesse".
Ce mercredi 8 février, le bilan s'établissait à 11200 morts entre les deux pays et il est loin d'être définitif car beaucoup de personnes sont encore portées disparues. Les secours sur place continuent leur travail de recherches sous les décombres. A Toulouse, l'association turque a décidé d'aider son pays en récoltant des dons.
Un élan de générosité
Dès lundi, des centaines de dons, essentiellement des vêtements nous ont été déposés à nos locaux de Gragnague. On a été très ému par une telle générosité. Mais certains de ces habits sont abîmés ou d'été. Nous passons trop de temps à trier. C'est l'hiver en Turquie, les températures sont négatives, il neige même à certains endroits. Il nous faut donc des vêtements propres, peu abîmés mais surtout des habits qui tiennent chaud comme des pulls, des chaussettes, des écharpes. Homme, femme ou enfant peu importe.
Eliza Kaya, association Les Alevis
Des tonnes de vêtements ont en effet déjà été récoltées en quelques jours dans la région toulousaine. "Ce soir on boucle nos premiers cartons, mais il nous manque encore beaucoup de choses", précise Eliza.
Ils manquent de tout sur place. On a besoin, par exemple, de tous types de médicaments, des soins médicaux comme des pansements, des compresses ou des sirops. Il nous faudrait aussi des sacs de couchage, des couvertures, de la nourriture et des couches bébé. Sur notre page Facebook, nous actualisons tous les jours les besoins.
Eliza Kaya, association Les Alevis
L'association a aussi créé un compte dédié aux dons financiers pour l'aide aux victimes et à la reconstruction. "Nous informerons nos donateurs à qui iront exactement ces dons", précise Eliza. "Cette solidarité nous touche beaucoup. Tous les soirs notre communauté se rassemble pour se réconforter".
Avec l'association France Turquie de Midi-Pyrénées et la maison de quartier Etienne Billières, plusieurs points de collecte sont mis en place jusqu'au 28 février, cette date pourrait évoluer en raison de l'afflux des dons. Les voici :
- Centre culturel des Alevis de Toulouse, 30 rue de Girou, 31180 Gragnague. Ouvert tous les jours de 19h à 21h en semaine et de 10h à midi le samedi et le dimanche
- Foyer d'éducation populaire Etienne Billières, 59 rue Louis Vestrepain, 31100 Fontaine Lestang, le mardi 21 février de 10h à 16h
- Miropia, 1 chemin des Canalets (croisement avec le chemin des Etroits), 31400 Toulouse, tous les jours de 11h à 16h sauf les week-ends.
Plusieurs colis devraient partir de Toulouse dès cette semaine via l'ambassade de Turquie pour la zone sinistrée. Sur place, des milliers de secouristes européens se déploient pour aider les sauveteurs turcs et syriens. De part et d'autre de cette frontière, on s'active pour tenter de sauver des vies.