Les Prud'hommes ont donné raison à 138 anciens salariés de SFR qui estimaient avoir été privés de leur possibilité de "maintien dans l'emploi" lors du transfert de plateformes téléphoniques au groupe Téléperformance en 2007. Les deux sociétés sont condamnées à verser des dommages et intérêts.
Ils auront attendus 8 ans pour que leur préjudice soit reconnu par la justice. Le Conseil des Prud'hommes de Toulouse a donné gain de cause mardi à 138 ex-salariés des centres d'appel SFR, qui estiment avoir été poussés vers la sortie lors du transfert de leur activité à l'entreprise Téléperformance en 2007. La Cour d'appel de Toulouse avait aussi tranché en ce sens en février dernier pour 132 autres salariés et en mars 2012 pour 189 autres, ce dernier arrêt ayant été confirmé par la Cour de cassation en juin 2014. Au total, plus de 1200 anciens salariés sur les 1877 répartis dans les trois centres d'appel gérés par SFR jusqu'en 2007 ont saisi la justice.Une nouvelle condamnation pour SFR et Téléperformance
C'est une nouvelle condamnation pour SFR et Téléperformance, pour une nouvelle vague de demandes d'anciens salariés. Les deux sociétés sont condamnées à verser entre 2 100 et 22 000 euros de dommages et intérêts aux 138 salariés qui avaient saisi les Prud'hommes en mars 2015. On ignore encore si elles vont faire appel de cette décision mais pour les salariés c'est déjà une victoire après une attente longue de 8 ans.Excellente nouvelle, cela démontre que malgré toutes leurs manoeuvres, les coupables paient. Force reste à la loi", témoigne un ancien salarié et syndicaliste de SFR à Toulouse.
Voir ici le reportage de Marie Martin et Jean-Pierre Duntze :
Une cession entachée de fraude
En 2007, SFR avait cédé ses centres d'appel au groupe Téléperformance pour l'euro symbolique. Le transfert de 1 877 salariés de l'opérateur, dont 724 à Toulouse, s'était accompagné de menaces sur les conditions de travail, en rupture avec un accord interne à SFR de garantie de maintien de l'emploi. Plusieurs centaines de salariés avaient quelques mois après leur transfert fait l'objet de pressions pour quitter l'entreprise. Des "départs volontaires" moins coûteux qu'un plan social. Des pratiques condamnées notamment par le Cour de cassation en juin 2014 qui a estimé qu'il y avait eu une "collusion frauduleuse" entre SFR et Téléperformance pour pousser les salariés à une "rupture amiable" de leur contrat de travail.Une collusion dénoncée dans un livre par le Toulousain Éric Denjean. Cet ancien délégué CFDT a publié en 2013 "SFR, les coulisses d'une machine à cash".