Christophe Rey, ancien salarié de la SNCF Occitanie, conteste son licenciement devant les prud'hommes de Toulouse (Haute-Garonne), jeudi 19 janvier 2023. Il estime avoir payé pour son rôle de lanceur d'alerte au sujet de soupçons de favoritisme dans des marchés de taxi.
Il a suffi d'un simple courrier pour redonner le moral à Christophe Rey. Huit pages reçues le jeudi 12 janvier 2023, dans lesquelles le défenseur des droits lui reconnaît la possibilité de se "prévaloir de la qualité de lanceur d'alerte au sens de la loi du 9 décembre 2016".
Un soulagement pour l'ancien employé de la SNCF. Car c'est en partie sa volonté d'alerter l'entreprise, pour laquelle il travaillait depuis 23 ans, qui est à l'origine de son licenciement.
"Je suis un ancien acheteur à la direction SNCF TER Occitanie Financière, nous raconte-t-il. Et il se trouve que j'ai alerté ma direction sur des agissements suspects dans les factures et même dans la gestion des fournisseurs, principalement les taxis, concernant le transport de personnel SNCF. Mais cela m'a valu d'être licencié en juillet 2021."
Absence de respect des règles de marché public
Selon Christophe Rey, une vingtaine de prestataires de taxis auraient obtenu leur marché sans respecter les règles. "La moitié des documents obligatoires manquaient. Cela posait un vrai problème pour un marché représentant au total 1 million d'euros" explique-t-il.
L'employé va donc envoyer à plusieurs reprises des messages à sa hiérarchie : "J’ai même proposé une méthode de suivi et de contrôle qui aurait permis de faire économiser en national au moins 500.000€ de courses en taxi, mais cette dernière a été enterrée ! J’ai reçu suite à ces dénonciations d’anomalies de nombreux courriers, mise en demeure, blâme, demandes d’explications…".
Une enquête interne est ouverte par la SNCF. Elle conclut que Christophe Rey avait dépassé le cadre de ses propres missions, "pénalisant ainsi le bon fonctionnement de son service et la relation avec les fournisseurs" et que son comportement vis-à-vis de sa supérieure directe "s'apparente à du harcèlement moral". En revanche, à aucun moment, n'est évoqué le bien-fondé de ses alertes.
Une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Toulouse
Il est pourtant licencié pour faute. Un licenciement qu'il conteste. Son affaire passe jeudi 19 janvier 2023 aux prud'hommes de Toulouse. "Je trouve regrettable de virer un employé de 50 ans au statut de cheminot qui avait trouvé des méthodes pour économiser de l'argent public dans une entreprise déjà fortement endettée et décriée" déplore Christophe Rey.
D'ailleurs, l'ancien acheteur de la SNCF a alerté la justice de ces problèmes de marchés publics. Le procureur de la République a ouvert une enquête préliminaire pour favoritisme. Les investigations confiées à la police sont terminées, selon nos informations. Le parquet doit désormais décider de la suite à donner à ce dossier.
Contactée, la SNCF ne souhaite pas faire de commentaires sur ce dossier avant l'audience aux prud'hommes.