C'est l'histoire d'une ville, Toulouse, qui se confond avec une chanson et avec son auteur qui nous a quitté il y a 10 ans . Claude Nougaro est mort le 4 Mars 2004 à l'âge de 74 ans après plus de 50 ans de carrière
Claude Nougaro reste l'élu du coeur des Toulousains, artistes et anonymes, dix ans après sa mort, même si la date anniversaire du 4 mars ne sera
marquée par aucun hommage officiel de sa ville, élections municipales obligent.
Il est mort le 4 mars 2004 et dix ans après les visiteurs de la "ville rose" viennent toujours marcher sur ses pas. Si Toulouse ne cesse pas de rendre hommage à son "poète disparu", elle le fait par-ci par-là, presque discrètement, sans folklore ni mercantilisme. Sobre dans sa fidélité à un homme qui se sentait reconnu par sa cité mais pas starisé.
Une fois par mois, une guide-conférencière de l'Office du tourisme, Sibylle Lelu de Brach, emmène des visiteurs sur les traces de l'artiste. "Ici naquit Claude Nougaro, poète et chanteur, 1929-2004", lisent-ils sur une bâtisse de briques jaunes, au 56 boulevard d'Arcole. Elle explique que Pierre, le père, était chanteur d'opéra et Liette, la mère, professeur de piano, et que le le couple partait souvent en tournée. Alors, Claude était confié à "ses grands-parents qui se chamaillent souvent dans la villa étriquée, sans confort particulier" qu'ils habitaient dans le quartier des Minimes, raconte Marc Lemonier dans une biographie récente du fils de Toulousains d'origine italienne.
Marqué par une enfance d'ennui et de solitude, en période d'avant-guerre, le chanteur sera tenté de faire rimer "ville rose" avec "morose" dans son hymne "Toulouse", écrit à 37 ans. Ce n'est qu'à 59 ans qu'il reviendra y vivre avec sa quatrième épouse, Hélène, la Toulousaine.
L'enfant et ses grands-parents habitaient rue de Chaussas, aujourd'hui encore à l'écart des circuits touristiques. Rien ne rappelle que le chanteur y vécut.
Mais dans ce quartier des Minimes - où le cancre au cartable "bourré de coups de poing" se castagnait avec les enfants de réfugiés espagnols - une Maison de la citoyenneté est actuellement en construction, face à la station de métro qui porte son nom.
Devant le collège Claude Nougaro où elle est élève, Anissa, 14 ans, l'évoque un peu confusément: "Ah oui, Nougaro... C'est un chanteur qui a grandi ici. Pas trop notre genre... Mais on connaît sa chanson +Amstrong+ parce qu'on l'a étudiée plusieurs fois." A Toulouse existent aussi un petit jardin Claude Nougaro, une esplanade Claude Nougaro, une salle de concert Claude Nougaro, un prix de l'écriture Claude Nougaro pour les 15-25 ans...
Au Capitole, le grand-père paternel était planton. Le père fut baryton. Alors, en 1987, le fils, Claude, s'amusa beaucoup à incarner le "roi du carnaval de Toulouse", perché sur le toit de l'édifice, "avec son grand copain Claude Sicre, des Fabulous Trobadors", raconte Sibylle Lelu de Brach. "J'ai chanté sur la tête à papa", disait le chanteur, au-dessus de l'opéra où son père avait récolté les bravos comme vedette du bel canto.
Le 4 mars 2004, le chanteur mourait à 74 ans d'un cancer, dans son appartement parisien. Le 10, dans sa ville natale, les "Nougaronnais" se pressaient à la basilique Saint-Sernin dont les carillons égrènaient les premières notes de "Toulouse". Sa famille dispersa ses cendres dans la Garonne, non loin du loft dominant le fleuve qu'il avait acheté au 112 Quai de Tounis.