C'était il y a 20 ans, à Toulouse. Le 21 septembre 2001, l’explosion du hangar 221 de l’usine AZF fait 31 morts et des milliers de blessés. Yvette Benayoun Nakache, alors députée socialiste de Haute-Garonne et conseillère municipale, se souvient de cette funeste journée et des mois qui ont suivi.

Yvette Benayoun Nakache, 74 ans, était députée P.S de la Haute-Garonne dans la 4ème circonscription lors de l'explosion de l'usine AZF, le 21 septembre 2001. Elle était chez elle au moment de la catastrophe: "J'étais rentrée de l'Assemblée la veille, c'était un vendredi, il faisait bon. J'habitais rue de l'Union, près des Arènes. Je m'apprêtais à rejoindre ma permanence, la fenêtre était ouverte. Et soudain la déflagration. Toutres les autres fenêtres ont explosé. Et tout de suite, un silence impressionnant...Je pensais à une explosion de gaz. Puis j'entends un deuxième son d'explosion, beaucoup plus sourd."

Des mères affolées courant vers les écoles

L'élue de la 4ème circonscription, à laquelle appartiennent les quartiers directement touchés descend alors dans la rue. Elle aperçoit un énorme nuage de fumée porté par le vent d'Autan. Et voit ces mères affolées courant à l'école pour aller chercher leurs enfants, lui demandant ce qu'il fallait faire...

Après le silence de l'explosion, il y a eu soudain plein de bruits : on entendait crier, pleurer, on voyait les gens en sang...

La députée comprend ensuite l'ampleur de la catastrophe en remontant les rues les les plus proches de l'usine soufflée par l'explosion.

La route d'Espagne, c'était le boulevard des accidentés. On a vu arriver des familles d'un camp de nomades tout en sang, hébétées, avec des mallettes, c'était l'horreur, l'horreur !

Mobilisation des politiques

Yvette Benayoun Nakache se souvient aussi des personnalités politiques rapidement impliquées dès les premières heures de la catastrophe. De la visite à Toulouse de Jacques Chirac, alors président de la République. De Bernard Kouchner, alors ministre de la Santé du gouvernement de cohabitation, qui interrompt un congrès pour ramener avec lui dans son avion des médecins urgentistes.

"On a senti une mobilisation de tous les bords politiques", explique celle qui fera ensuite partie de la commission d'enquête sur la sûreté des installations industrielles françaises, initiée par l'Assemblée nationale.

Tiraillée après la femeture du site en 2002

"Mon père travaillait dans l'usine AZF du temps où elle s'appelait l'ONIA, en tant qu'infirmier-major. À l'époque, il y avait plus de 4000 ouvriers qui y faisaient les 3x8. J'habitais, petite, dans un appartement de fonction des pompiers et des gardes du site. J'allais aux clubs de sport qui dépendaient de l'usine, en colonie de vacances", se souvient l'ancienne députée, aujourd'hui chargée de mission bénévole pour l'apprentissage du français dans le quartier du grand Mirail.

"Alors quand Lionel Jospin a décidé la fermeture du site AZF, les salariés qui voulaient le maintien de l'activité m'en ont forcément voulu. Quelques-uns m'ont appelée pour me dire que j'avais trahi l'usine de mon papa... Mais les victimes ou les riverains, qui avaient tout perdu et que j'avais pu rencontrer dans les semaines et les mois qui ont suivi la catastrophe, me disaient : on ne te pardonnerait pas si cette usine continuait à fonctionner. Je me suis depuis toujours sentie tiraillée entre ces deux positions, entre ces deux camps qui continuent encore aujourd'hui de s'opposer."

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