La 38e campagne d’hiver de l’association commence ce mois-ci. Le nombre de personnes accueillies ne cesse de croître et les bénévoles sont en effectif insuffisant pour recevoir les bénéficiaires. Témoignage.
Les Restos du Coeur recrutent plus que jamais. Car, plus que jamais, les bénéficiaires affluent. L'inflation pénalise lourdement les familles comme les personnes isolées. Résultat, l'association manque de bénévoles. C'est ce que constate Emmanuelle Pin. À 49 ans, cette habitante de Colomiers s'est présentée aux Restos du Coeur de Tournefeuille, le plus près de chez elle, voilà 6 ans.
"Je suis rentrée comme bénévole lambda pour donner un coup de main car j'avais la chance, j'appelle ça une chance, de ne pas travailler depuis 2008, explique-t-elle. J'avais du temps et j'avais envie de passer à autre chose que me consacrer à des activités sportives".
Après 6 années, Emmanuelle fait un bilan très positif de cette expérience qu'elle poursuit avec assiduité et même passion. "C'est un moment de partage, confie-t-elle. Même lorsqu'on a par exemple fait la collecte départementale d'octobre, qui était une première en dehors de la collecte nationale du mois de mars et qu'on va pérenniser, car on n'avait plus du tout de denrées alimentaires à donner... Sur le moment, je me suis dit qu'on allait se faire jeter. Mais on a discuté avec les gens aux portes des grandes enseignes et on a eu des échanges très positifs".
"Les gens donnent. Ils sont très généreux quels que soient leurs moyens financiers. Et certains nous disent : j'ai été dans le besoin moi aussi et je m'en suis sorti. Ceux qui ont vécu ça donnent à la mesure de leurs moyens mais cette solidarité, c'est émouvant".
"Les Restos, c'est la rencontre !"
Emmanuelle apprécie aussi le groupe soudé dont elle fait partie à Tournefeuille. 25 personnes qui finissent par bien se connaître et nouent des liens forts. "On échange. On imagine parfois qu'on est les seuls à ressentir tel ou tel sentiment. Et on se rend compte que non. Ça fait du bien. Et quand on est à l'association, on arrête de regarder son nombril, on laisse de côté ses casseroles (on en a tous) et on se tourne vers les autres. ça nous fait du bien de savoir qu'on fait du bien, d'avoir en retour un sourire".
Elle estime avoir évolué sur de nombreux plans grâce à cette expérience. "Ne serait-ce qu'au niveau informatique, reconnaît-elle avec humour, j'ai été obligée de m'y remettre. Je pensais que je n'avais strictement aucune compétence. Et finalement, je me suis dit : tu vois, tu n'es pas si nulle !".
"Lâcher les craintes"
"C'est enrichissant sur le plan humain. C'est la rencontre... On a tendance à cataloguer les personnes... Mais là ça permet de s'ouvrir à l'autre, d'échanger même par signe quand il ne comprend que quelques mots. On est nourri de ce qu'on donne. Quand on se donne à fond, on se régale !"
Emmanuelle constate qu'elle a "lâché les craintes" : "on ose dire. Finalement, je me rends compte que ça m'a permis de me positionner. Il y a quelquefois des bénéficiaires qui ne sont pas contents. Et là, il faut expliquer, dire que ce qu'on fait c'est gratuit mais poser les limites. Je ne me laisse pas gâcher le plaisir. Je dis les choses. Or ça, je ne l'aurais jamais fait avant. J'ai pris confiance en moi".
Les Restos du Coeur manquent aujourd'hui de bénévoles qui s'engagent pour une demi-journée, une journée par semaine voire pour une seule journée de collecte par exemple. De plus en plus de gens viennent frapper à la porte pour obtenir une aide alimentaire.
Nouveaux créneaux horaires
"Nous allons être amenés à modifier nos horaires car de plus en plus de travailleurs sont dans la précarité, explique Marie-Claude Bouquié, présidente des Restos du Coeur de Haute-Garonne. Il faut qu'on soit présent le samedi matin par exemple. Mais du coup, il faut qu'on arrive à mobiliser des bénévoles sur ces créneaux-là également".
Les Restos du Coeur en Haute-Garonne, c'est 39 structures à faire tourner. Avant Noël, l'association se mobilise aussi sur les opérations "paquets cadeaux" dans les magasins pour récolter des dons. Une manne dont elle a besoin car les grandes enseignes vendent désormais les produits alimentaires jusqu'à leur date de péremption, ce qui limite la quantité de denrées récupérées. Il y a aussi les lotos du rugby, les Motards du Coeur, etc. "Dans ce cadre-là, on peut très bien être bénévole d'un jour. Et c'est très festif ! Et c'est important pour nous que des gens qui travaillent puissent venir nous aider même très ponctuellement" ajoute la présidente. Les Restos lancent donc un appel aux volontaires.