La loi anti-gaspi et l'inflation ne font pas bon ménage pour les dons à la banque alimentaire alors que les bénéficiaires sont de plus en plus nombreux. Les aides se font plus rares et certains produits du quotidien viennent à manquer. Une collecte nationale est organisée du 25 au 27 novembre prochain.
Dans certains supermarchés, tous les jours, les produits sur le point d’être périmés sont triés afin d’être remis en rayon à des prix bradés. Pour les légumes, si certains sont un petit peu abimés, il n’en reste pas moins consommables. Et ce sont eux qui constituent ces fameux paniers anti-gaspi.
Ces paniers, très demandés par les consommateurs, ne se font généralement pas prier pour être achetés. Cette pratique permet à la fois d’éviter le gaspillage alimentaire mais aussi d’alléger la facture des consommateurs, surtout dans ce contexte d’inflation.
Moins de dons, plus de bénéficiaires
Cela est possible depuis la loi "Garot" qui permet de vendre jusqu’au dernier jour de la date limite de consommation. Avant cette loi, ces produits invendus étaient réservés aux associations d’aide alimentaire et constituaient une grande source d’approvisionnement. De ce fait, les dons ont considérablement diminué. C’est pourquoi la banque alimentaire tire la sonnette d’alarme.
"On arrive à un moment critique, puisque l’on n’a plus suffisamment de marchandise et de stock pour assurer les besoins quotidiens des associations pour leurs bénéficiaires , raconte Aurélie Racine, directrice de la banque alimentaire à Toulouse et sa région. Des rayons vides, qui normalement, devraient être pleins. "On pensait qu’on avait vécu le pire pendant le Covid, mais là on fait pire puisque parce qu’on a plus de bénéficiaires et moins de dons."
"On est donc pris dans un effet de ciseaux qui fait que l’on se trouve en difficulté pour répondre aux besoins des plus démunis. Aussi, on n’a plus toutes les familles de produits, donc sur la diversité alimentaire qu’on assure au quotidien, on est en difficulté", poursuit-elle.
"On se retrouve à ne pas pouvoir combler l’essentiel des besoins"
Parmi ces aliments, beaucoup de produits de base comme la farine, l’huile ou encore le café manquent à l’appel et ne suffisent plus à combler les besoins en forte hausse. Féculents, conserves, soupes, petit-déjeuner, produits d’hygiène s’ajoutent également à cette liste.
"Sur les besoins classiques d’un ménage, on se retrouve à ne pas pouvoir combler l’essentiel des besoins", confie la directrice.
Ce manque s’explique par une succession de difficultés connues de tous : l’inflation avec la hausse des prix des matières premières, des courses, du carburant, de l’énergie. "Il s’agit réellement d’une massification des difficultés".
Des étudiants et des familles
Sur les huit derniers mois, une hausse de 17% de bénéficiaires de dons alimentaires a été enregistrée. Aujourd’hui, le profil de ces demandeurs change. Beaucoup de familles ont recours à ces dons. "Il y a encore trois mois, avec 100 euros de courses elles s’en sortaient. Maintenant, elles ne peuvent plus, parce qu’au 10e jour du mois, malheureusement les portefeuilles sont vides et c’est le seul recours qu’elles ont pour pouvoir se nourrir", raconte Sophie Vidal, qui travaille à l'épicerie solidaire Association Hérisson Bellor, en Ariège.
"L’aide alimentaire a un visage que l’on connait mal. Plus de 50% des bénéficiaires sont des personnes de moins de 25 ans, qui représentent les familles monoparentales et les jeunes étudiants", complète Aurélie Racine.
Pour combler ce manque de produits, la banque alimentaire mise sur sa grande collecte qui aura lieu du 25 au 27 novembre prochain à Toulouse.