Témoignage. L'avion a soudainement piqué du nez en plein vol, "on voit toute sa vie défiler, on se dit : ça y est, c'est fini"

Un couple de Toulousains était à bord du vol LA800, le 11 mars 2024. L'avion, un Boeing 787, a brusquement plongé en plein vol, perdant une centaine de mètres d'altitude. L'incident a fait une cinquantaine de blessés. Mathieu et sa compagne ont été choqués. Ils nous racontent.

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Le 11 mars 2024, Mathieu et sa compagne Emilia poursuivent leur tour du monde, à destination du Chili. Ils embarquent sur le vol LA800 au départ de Sydney. Direction  : Auckland pour une escale. Mais 45 minutes environ avant d'atterrir, ces deux Toulousains racontent qu'ils ont bien cru mourir. L'avion va soudainement piquer du nez.

Mathieu et Emilia sont assis à l'arrière de ce Boeing 787, sur une des rangées centrales. "On regardait chacun un film. Il restait environ 45 minutes de vol. Et là, subitement, sans aucun message ou annonce de turbulences, l'avion a commencé à pencher. Il a piqué."

C'est comme dans les films où l'avion penche et on pense qu'on va s'écraser.

Mathieu, passager du vol LA800

Mathieu est incapable de dire combien de temps la chute a duré. L'avion, un Boeing 787 Dreamliner, va perdre près d'une centaine de mètres d'altitude en l'espace de quelques secondes.

On voit défiler toute sa vie, c'est affreux comme sensation. On se dit : ça y est, c'est fini.

Mathieu et sa compagne avaient gardé leur ceinture attachée. Ce qui n'était pas le cas de tous les passagers. Le Toulousain raconte que certains ont été projetés au plafond. "Tout le monde était sous le choc. Il y avait une femme qui avait été projetée au sol à 50 cm de mes pieds dans l'allée centrale. Elle était consciente, mais elle ne bougeait plus. Il y avait des gens qui avaient des plaies au crâne qui saignaient."

Malgré la peur et le choc de l'incident, une entraide s'instaure entre les passagers. "Il y avait des docteurs et des infirmières" qui voyageaient sur ce vol. On a fait passer des pansements qu'on avait dans notre sac à la personne à côté de nous, qui avait une grosse entaille au front", poursuit Mathieu.

L'incident a fait cinquante blessés, parmi lesquels du personnel de bord.

Aucun message du commandant de bord

Mathieu dit avoir été frappé par le silence du personnel et commandant de bord. "On n'a pas eu de message officiel disant, attachez vos ceintures, jusqu'à l'atterrissage", se souvient ce consultant informatique.

On ne savait pas si c'était un trou d'air, si c'était un problème technique ou une attaque. Dans ce genre de cas, on s'imagine tous les scénarios.

Une quarantaine de minutes plus tard, l'avion se pose à Auckland en Nouvelle-Zélande. "Là du coup, on a quand même des messages pour dire qu'il y a une équipe médicale et des secouristes qui vont intervenir. Et c'est allé assez vite", raconte Mathieu. Indemne, le couple de Toulousain sort rapidement de l'avion. Leur vol suivant va être annulé. Ils en profitent pour appeler amis et famille pour leur dire qu'ils vont bien.

Indemnisation par la compagnie

Après une nuit en Nouvelle-Zélande, Mathieu et Emilia reprennent l'avion pour Santiago du Chili. "Je n'ai pas pu dormir du vol. Ce n'était pas possible. Et même le vol suivant pour rejoindre la Patagonie qui passe dans des zones très venteuses au-dessus des montagnes, on n'était pas rassuré. Ni ma compagne, ni moi".

Depuis, la compagnie Latam a contacté les passagers pour leur proposer une indemnisation. Un peu moins de 1500 euros, nous précise Mathieu qui trouve la somme pas vraiment à la hauteur de l'incident, notamment pour les personnes blessées.

Le couple toulousain tente de profiter pleinement de son tour du monde. Après la Patagonie, Mathieu et sa compagne ont prévu de voyager au Chili, d'assister au mariage d'un ami au Pérou, puis de découvrir la Bolivie avant de rentrer à Toulouse à la fin mai. La frayeur de leur vol du 11 mars "va laisser quelques traces", confie Mathieu. L'idée d'interrompre leur périple lui a traversé l'esprit. "Il va vous falloir reprendre l'avion pour rentrer", lui fais-je remarquer. "Ou le char à voile", me rétorque-t-il en riant. "Le fait d'en parler, de l'exprimer, ça aide aussi", dit-il plus sérieusement.

Selon plusieurs médias internationaux, "le mouvement d'un siège dans le poste de pilotage est un élément clé de l'enquête" ouverte après la plongée soudaine du Boeing 787 de la Latam. Le constructeur avait ensuite rappelé, "par précaution", aux compagnies aériennes d'inspecter certains boutons dans les cockpits des 787 Dreamliner.

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