À l'annonce des élections législatives anticipées, des 30 juin et 7 juillet, les citoyens n'avaient pas prévu de se rendre aux urnes si rapidement. Ils se ruent alors sur le vote par procuration car, pour beaucoup, ce scrutin comporte des enjeux importants.
Le matin du vendredi 14 juin, la porte du commissariat du quartier Saint-Cyprien, à Toulouse (Haute-Garonne) ne cesse de s'ouvrir et de se fermer. Deux jeunes garçons s'avancent, "c'est pour une procuration ?" leur demande le policier. Non, pour un vol. L'exception de la matinée, car depuis 10h30, ce sont les demandes de vérifications d'identité qui défilent.
À l'approche des scrutins du 30 juin et 7 juillet, il y a urgence. Ces élections législatives anticipées tombent, pour beaucoup, en plein repos estival. Marc, 75 ans, est retraité. "Je pars en vacances le 6 juillet, ça tombe un peu mal", plaisante-t-il. Pour lui, ce sera le camp présidentiel, comme pour les élections européennes : "Je suis macroniste, centre gauche."
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Les "mal inscrits" des bureaux de vote
Les habitants du quartier sont nombreux à hésiter avant de dévoiler le bord qu'ils choisiront pour les législatives. Certains finissent par le souffler du bout des lèvres, à condition de rester anonyme, comme cette septuagénaire. Elle est inscrite sur les listes électorales dans le Béarn, "je tiens à garder ma voix pour les municipales du village", explique-t-elle. Une voix à gauche, comme pour ces législatives, avec pourtant un regret : l'alliance du Parti socialiste aux Insoumis qui, selon elle, "font beaucoup de tort à la gauche."
Ceux inscrits sur des listes électorales loin de chez eux ne le sont, généralement, pas par choix. On les appelle les "mal inscrits" et, pour la plupart ce sont des jeunes. L'ONG A voté en compte 7,8 millions. Parmi eux, Chloé, Sébastien et Noa. À 18, 19 et 20 ans, les trois étudiants sont encore inscrits dans les bureaux de vote des communes de leurs parents, mais pour eux, pas question de s'abstenir, malgré la contrainte de la démarche administrative. "On a peur. On est transgenre, écologiste, dans le milieu culturel car on fait du cirque, expliquent-ils. On ne sait pas ce qu'on va devenir si l'extrême droite passe. On aimerait conserver nos droits et ne pas être discriminés. Ça aurait été trop dangereux de ne pas voter."
Confier sa procuration à un inconnu
Même cas de figure pour Loanne, 26 ans. Originaire de Tours, la jeune illustratrice a déménagé il y a quelques mois à Toulouse, et avoue "avoir manqué toutes les dates pour s'inscrire" sur les listes électorales. Abstentionniste aux européennes, elle regrette : "J'avais lâché la politique car c'était trop anxiogène pour ma santé mentale. Mais là je dois me rattraper pour que ma voix compte." Elle explique avoir fait sa procuration "directement via le site du Front populaire. Aucun de mes proches n'était disponible à Tours, donc un militant que je ne connais pas le fera pour moi."
Plusieurs plateformes permettent de confier sa procuration à un tiers, si son entourage ne le peut pas. Pour le Front Populaire, il y a l'embarras du choix : le comité d'organisation Victoire populaire, le site de La France Insoumise, des Écologistes et du PCF. L'alliance présidentielle Renaissance Modem et Horizon propose également ce service. Du côté des Républicains, la démarche était disponible pour les élections européennes du 9 juin mais, depuis, le site n'a pas été actualisé. Et surtout, il y a Plan procu, le "Tinder de la procuration" créé par l'ONG A voté, qui met en relation tout type d'électeurs, pour faciliter les démarches.