Selon le directeur général de l'Agence Régionale de Santé en Occitanie, il n'y aurait pas de défiance dans notre région envers le vaccin AstraZeneca. Pourtant sur le terrain, la méfiance augmente. Les médecins généralistes qui administrent le vaccin anglo-suédois doivent user de persuasion.
Alors que la campagne de vaccination s'accélère en Occitanie comme partout, les doses injectées du vaccin AstraZeneca sont en baisse. La semaine dernière, 180 000 injections ont été réalisées (+ 20 000 par rapport à la semaine précédente). Seulement entre 6 000 et 8 000 vaccinations ont été faites chaque jour avec l'AstraZeneca, un chiffre inférieur à celui constaté lors de l'arrivée de ce vaccin.
Pas de défiance selon de Directeur Général de l'ARS d'Occitanie
Dans un entretien donné au journal La Dépêche, le directeur général de l'ARS d'Occitanie le confirme. Mais selon lui, cette diminution serait dûe à une baisse des livraisons plus qu'à une méfiance de la population. "La courbe des vaccinations avec AstraZeneca suit ainsi assez clairement la courbe des livraisons. Il y a eu des livraisons importantes à la mi-mars et ensuite des livraisons plus réduites à la fin du mois de mars. Cela a impacté le rythme de vaccination."
Pierre Ricordeau souligne que les livraisons du vaccin anglo-suédois sont particulièrement irrégulières. Dans les différents points de vaccinations du CHU de Toulouse, il n'y a plus de doses d'AstraZeneca depuis plusieurs jours, sans que ce soit lié à une volonté du CHU de ne plus l'administrer.
Pas d'AstraZeneca au vaccinodrome de Toulouse
Au vaccinodrome de Toulouse 2.000 personnes sont accueillies chaque jour pour les vaccinations. Dans la file d’attente, Claudine 68 ans patiente pour se faire vacciner. "Il y a trois mois, je ne voulais pas me faire vacciner mais j’ai eu un cancer de la thyroïde et je suis à risque alors …" A son inscription la semaine dernière, elle s’est bien assurée de l’origine du vaccin injecté. "Pour moi, c'était Pfizer ou rien. L’AstraZeneca, il en est hors de question. Il y a trop de risques et d’effets secondaires. Je connais une jeune fille de 19 ans qui a été vaccinée à l’AstraZeneca et qui a eu le bras droit paralysé pendant plusieurs jours. Elle a dû prendre un médicament pour fluidifier son sang."
Un peu plus loin, Anne Marie, 62 ans. A quelques mois de la retraite, cette intervenante dans le milieu socio-éducatif voit beaucoup de familles. Comme elle est sur le terrain, le vaccin est devenu primordial. Elle aussi ne veut pas du vaccin AstraZeneca. "Trop de facteurs de risques même chez les jeunes".
Les quelques cas de thromboses révélés dans les médias et la suspension mi-mars pendant quelques jours du vaccin ont crée un sentiment de défiance parmi la population. Marie-France, venue accompagner son mari, n’est pas encore éligible à la vaccination mais elle le clame haut et fort : elle laissera passer son tour plutôt que de se faire vacciner à l’AstraZeneca. "On entend tellement de choses : il y aurait 1 cas sur 100.000 d'effets indésirables, je n’ai pas confiance !"
Dans ce centre toulousain on ne vaccine qu’avec le vaccin Pfizer le seul disponible. Jacques 73 ans n’aurait pas répondu à l’appel de la caisse d’assurance maladie sinon. "Il y a trop d’allers-retours du gouvernement sur ce vaccin. Les gens autorisés se contredisent". Et le décès en Haute-Savoie d’un retraité de 63 ans victime de thromboses après une injection d’AstraZeneca n’est pas pour le rassurer.
Vincent Bounes, chef de service du Samu gère sur place les équipes de bénévoles et les 90 étudiants venus en renfort ce mercredi. "Il est vrai qu’il y a une défiance vis à vis de l’AstraZeneca. Il a des cas de thromboses, mais cela reste exceptionnel". Lui même a eu ses 2 injections du sérum anglo-suédois : "Il y a des effets secondaires de type grippal qui durent 24 heures tout au plus. J'ai vu trop de gens mourir du Covid. Se faire vacciner aujourd’hui évite 8 hospitalisations sur dix liées au Covid."
Etudiant en médecine de 6 ème année, Marian Fernandez est venu prêter main forte. "Maintenant l’AstraZeneca est réservé aux plus de 55 ans. Je fais confiance à la haute autorité. Je comprends l’inquiétude des gens : c’est un vaccin nouveau et il y a des complications. Mais aujourd’hui, il y a des médicaments entraînant des complications bien plus fréquentes et qui sont toujours autorisés".
Les médecins généralistes face au refus du vaccin par leurs patients
Pour le président de l'ordre des médecins du Tarn, le constat est clair :
Oui les gens cherchent à éviter le vaccin AstraZeneca. Nous sommes confrontés à des refus réitérés. Dire qu'il n'y en a pas, c'est se mettre la tête dans le sable.
?️ L'Agence européenne des médicaments identifie un possible lien entre le vaccin Astrazeneca et de "très rares" cas de caillots sanguins. Les thromboses doivent être ajoutés à la liste des effets secondaires rares du vaccin
— franceinfo (@franceinfo) April 7, 2021
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