Témoignages. Vaccins : la défiance envers l'AstraZeneca est réelle malgré les déclarations de l'ARS d'Occitanie

Publié le Mis à jour le Écrit par Hélène Jacques et Benoît Roux

Selon le directeur général de l'Agence Régionale de Santé en Occitanie, il n'y aurait pas de défiance dans notre région envers le vaccin AstraZeneca. Pourtant sur le terrain, la méfiance augmente. Les médecins généralistes qui administrent le vaccin anglo-suédois doivent user de persuasion.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Alors que la campagne de vaccination s'accélère en Occitanie comme partout, les doses injectées du vaccin AstraZeneca sont en baisse. La semaine dernière, 180 000 injections ont été réalisées (+ 20 000 par rapport à la semaine précédente). Seulement entre 6 000 et 8 000 vaccinations ont été faites chaque jour avec l'AstraZeneca, un chiffre inférieur à celui constaté lors de l'arrivée de ce vaccin.

Pas de défiance selon de Directeur Général de l'ARS d'Occitanie

Dans un entretien donné au journal La Dépêche, le directeur général de l'ARS d'Occitanie le confirme. Mais selon lui, cette diminution serait dûe à une baisse des livraisons plus qu'à une méfiance de la population. "La courbe des vaccinations avec AstraZeneca suit ainsi assez clairement la courbe des livraisons. Il y a eu des livraisons importantes à la mi-mars et ensuite des livraisons plus réduites à la fin du mois de mars. Cela a impacté le rythme de vaccination."

Pierre Ricordeau souligne que les livraisons du vaccin anglo-suédois sont particulièrement irrégulières. Dans les différents points de vaccinations du CHU de Toulouse, il n'y a plus de doses d'AstraZeneca depuis plusieurs jours, sans que ce soit lié à une volonté du CHU de ne plus l'administrer. 

Pas d'AstraZeneca au vaccinodrome de Toulouse

Au vaccinodrome de  Toulouse 2.000 personnes sont accueillies chaque jour pour les vaccinations. Dans la file d’attente, Claudine 68 ans patiente pour se faire vacciner. "Il y a trois mois, je ne voulais pas me faire vacciner mais j’ai eu un cancer de la thyroïde et je suis à risque alors …" A son inscription la semaine dernière, elle s’est bien assurée de l’origine du vaccin  injecté. "Pour moi, c'était Pfizer ou rien. L’AstraZeneca, il en est hors de question. Il y a trop de risques et d’effets secondaires. Je connais une jeune fille de 19 ans qui a été vaccinée à l’AstraZeneca et qui a eu le bras droit paralysé pendant plusieurs jours. Elle a dû prendre un médicament pour fluidifier son sang."

Un peu plus loin, Anne Marie, 62 ans. A quelques mois de la retraite, cette  intervenante dans le milieu socio-éducatif voit beaucoup de familles. Comme elle est sur le terrain, le vaccin est devenu primordial. Elle aussi ne veut pas du vaccin AstraZeneca. "Trop de facteurs de risques même chez les jeunes".

Les quelques cas de thromboses révélés dans les médias et la suspension mi-mars pendant quelques jours du vaccin ont crée un sentiment de défiance parmi la population. Marie-France, venue accompagner son mari, n’est pas encore éligible à la vaccination mais elle le clame haut et fort : elle laissera passer son tour plutôt que de se faire vacciner à l’AstraZeneca. "On entend tellement de choses : il y aurait 1 cas sur 100.000 d'effets indésirables, je n’ai pas confiance !"

Dans ce centre toulousain on ne vaccine qu’avec le vaccin Pfizer le seul disponible. Jacques 73 ans n’aurait pas répondu à l’appel de la caisse d’assurance maladie sinon. "Il y a trop d’allers-retours du gouvernement sur ce  vaccin. Les gens autorisés se contredisent". Et le décès en Haute-Savoie d’un retraité de 63 ans victime de thromboses après une injection d’AstraZeneca n’est pas pour le rassurer. 

Vincent Bounes, chef de service du Samu gère sur place les équipes de bénévoles et les 90 étudiants venus en renfort ce mercredi. "Il est vrai qu’il y a une défiance vis à vis de l’AstraZeneca. Il a des cas de thromboses, mais cela reste exceptionnel". Lui même a eu ses 2 injections du sérum anglo-suédois : "Il y a des effets secondaires de type grippal qui durent 24 heures tout au plus. J'ai vu trop de gens mourir du Covid. Se faire vacciner aujourd’hui évite 8 hospitalisations sur dix liées au Covid." 

Etudiant en médecine de 6 ème année, Marian Fernandez est venu prêter main forte. "Maintenant l’AstraZeneca est réservé aux plus de 55 ans. Je fais confiance à la haute autorité. Je comprends l’inquiétude des gens : c’est un vaccin nouveau et il y a des complications. Mais aujourd’hui, il y a des médicaments entraînant des complications bien plus fréquentes et qui sont toujours autorisés".

Les médecins généralistes face au refus du vaccin par leurs patients

Pour le président de l'ordre des médecins du Tarn, le constat est clair :

Oui les gens cherchent à éviter le vaccin AstraZeneca. Nous sommes confrontés à des refus réitérés. Dire qu'il n'y en a pas, c'est se mettre la tête dans le sable. 

Dr Etienne Moulin

Depuis plusieurs jours, les visites pour une vaccination prennent plus de temps au cabinet du docteur. Les patients sont inquiets et lorsque le médecin veut injecter l'AstraZeneca, les conversations s'allongent d'un quart d'heure voire plus. "Il y a une méfiance contre laquelle il faut lutter en rassurant les patients, en usant de pédagogie. En rappelant par exemple que pour un vaccin comme celui de la variole, il y a cent fois plus d'effets indésirables. Les cas de thromboses sont intervenues sur des personnes jeunes. Maintenant, ce vaccin est réservé au plus de 55 ans."

Et le Dr Moulin de rappeler la faible proportion des cas de thromboses : 7 cas en Angleterre sur 18 millions de doses administrées. En France effectivement ce sont des personnes relativement jeunes comme cette toulousaine de 38 ans ou un homme de 24 ans qui ont trouvé la mort après l'injection du vaccin. Reste à savoir le lien de causalité entre la mort et l'administration du vaccin. Dans un entretien accordé le 6 avril 2021 à un quotidien italien le responsable de la stratégie sur les vaccins à l’Agence européenne des médicaments (AEM), a confirmé l’existence d’un lien entre le vaccin et les cas de tromboses observés après son injection. "Nous pouvons désormais le dire, il est clair qu’il y a un lien avec le vaccin", a-t-il déclaré en ajoutant ainsi un peu plus de suspicion. 

Chez les généralistes, non seulement les refus se manifestent mais il faut alors jongler avec les rappels pour éviter que les doses refusées restent dans les frigos. Dans son cabinet tarnais, le Dr Moulin réussit tout de même à convaincre 7 patients sur 10. "J'ai confiance en l'AstraZeneca. J'aime beaucoup mon épouse et je l'ai vaccinée avec de l'AstraZeneca ! La médiatisation a transformé cet effet indésirable en épouvantail. Désormais c'est un gros boulot pour convaincre nos patients."

En Occitanie, plusieurs généralistes risquent de se retrouver avec des doses d'AstraZeneca sur les bras. En attendant l'arrivée du nouveau vaccin Johnson&Johnson prévue mi-avril. Ce vaccin à dose unique et qui peut se conserver dans les mêmes conditions qu'un vaccin classique de la grippe devrait être l'apanage des médecins généralistes et autres pharmaciens comme c'est le cas aujourd'hui pour l'AstraZeneca.

Qu’avez-vous pensé de ce témoignage ?
Cela pourrait vous intéresser :
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information