Un violent incendie a ravagé en janvier 2024 les locaux d'une société d'irrigation israélienne au nord de Toulouse (Haute-Garonne). Selon une enquête de Mediapart, cet acte s'inscrirait dans une vaste opération de terrorisme orchestrée par l'Iran visant des intérêts israéliens en France. Quatre personnes ont été interpellées.
Installée dans une banale zone industrielle du nord de Toulouse (Haute-Garonne), la société se présente comme un acteur mondial de la micro-irrigation, finalement assez anonyme. Fondée en 1966, l'entreprise est basée en Israël, compte 16 sites de fabrication et de distribution et 2000 employés.
Une entreprise israélienne
Elle a remporté des marchés en Australie, au Mexique, au Brésil, en Espagne, en Turquie et dans trois kibboutzim situés dans la vallée de Jezréel en Israël. Le fonds d’investissement israélien FIMI Opportunity Funds, présenté en 2021 dans la presse tunisienne comme le propriétaire d'une "multitude d’entreprises étroitement liées à l’oppression des Palestiniens", en était encore récemment le principal actionnaire.
Autant de raisons, semble-t-il, pour être la cible le 2 janvier 2024 à 2h du matin, d'un violent incendie. Selon une enquête de Mediapart publiée le 5 septembre et des informations diffusées par le site local Médiacités, cet incident ne serait pas accidentel, mais s'inscrirait dans une opération de terrorisme d'État orchestrée par l'Iran.
Une cellule terroriste animée par des voyous français projetait, pour le compte de l'Iran, des assassinats d'Israéliens et de membres de la communauté juive en France et en Allemagne. Les révélations de @Mediapart avec ses partenaires de l' @EIC. 1/#TheIranianCell pic.twitter.com/M33Tq9gCze
— Matthieu Suc (@MatthieuSuc) September 5, 2024
Enquête antiterroriste
D'après une note de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) transmise au Parquet national antiterroriste, l'Iran emploierait des individus issus du crime organisé pour cibler des ressortissants et des entreprises israéliens en France.
L'objectif serait d'"accroître le sentiment d'insécurité au sein de l'opposition et de la communauté juive et/ou israélienne" selon le média d'investigation. Outre l'incendie en Haute-Garonne, trois autres sinistres auraient visé des sociétés liées à Israël dans les Bouches-du-Rhône, l'Isère et les Pyrénées-Orientales entre fin 2023 et début 2024.
Un couple gardois interpellé
Un couple a été interpellé le 30 avril à Alès dans le Gard et mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste. L'homme, Abdelkrim S., reconnaît avoir servi d'intermédiaire pour recruter les incendiaires, mais nie toute implication terroriste.
Sollicité par Mediapart, l'Iran a qualifié ces accusations d'"infondées et absurdes", niant toute implication dans des attaques en Europe.
Contacté par France 3 Occitanie, le parquet de Toulouse confirme l'arrestation de quatre personnes soupçonnées d'être à l'origine de l'incendie de l'entreprise haut-garonnaise spécialisée dans l'irrigation, auraient avoué avoir été missionnés pour détruire l'entreprise. Les dégâts sont estimés à un million d'euros. Ce volet de l'affaire est désormais entre les mains d'un juge d'instruction toulousain.