Festival Visa pour l'image : le maire de Perpignan refuse de remettre le Visa d'Or à un photographe de Gaza

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La 36e édition du festival de photojournaliste Visa pour l'image vient d'ouvrir. Déjà, Louis Aliot a annoncé qu'il ne remettrait pas le prix du Visa d'Or de la ville de Perpignan Rémi Ochlik au photographe gazaoui Loay Ayyoub. Il évoque un manque d'équilibre dans le traitement du conflit israélo-palestinien.

La 36e édition du festival Visa pour l'image à Perpignan a ouvert ce samedi 31 août 2024 et déjà, une polémique lui fait de l'ombre. Lors de son discours d'inauguration, le maire de la ville, Louis Aliot a annoncé qu'il ne remettrait pas le prix du Visa d'Or de la ville de Perpignan Rémi Ochlik au photographe gazaoui Loay Ayyoub.

Aucune exposition sur le 7 octobre

"Le maire que je suis ne remettra pas cette année le prix de la ville de Perpignan", a annoncé Louis Aliot, lors de l'inauguration du festival. Le visage fermé, il s’est dit contrarié et amer.

Le maire Rassemblement national de Perpignan regrette qu’aucune exposition ne parle du 7 octobre et des victimes israéliennes. Alors que dans le même temps le festival met en avant une exposition du photographe gazaoui Loay Ayyoub intitulée la tragédie de Gaza.

Je ne me fais pas à l'idée de cautionner un professionnel aussi talentueux soit-il, aussi courageux soit-il mais qui parle de "résistance" lorsque les terroristes du Hamas envoient des milliers de roquettes sur des civils israéliens.

Louis Aliot - maire de Perpignan

Loay Ayyoub, lauréat du Visa d'Or Ville de Perpignan Rémi Ochlik

"Ce photographe est au soutien du Hamas puisque, quand le Hamas envoie des roquettes sur les populations civiles d'Israël, lui, il parle de résistance palestinienne, non c'est du terrorisme tout simplement", a justifié le maire de Perpignan suite à son annonce.

Depuis le début du conflit israélo-palestinien, le jeune photoreporter Loay Ayyoub couvre en images le territoire de la bande de Gaza. Travaillant notamment pour The Washington Post, il vient de trouver refuge en Égypte.

"Le prix de la ville est décerné par un jury de directeurs de photos internationaux, ils ont voté pour Loay Ayyoub, voilà !", a répondu le directeur du festival, Jean-François Leroy au discours du maire.

Sur ses réseaux sociaux, Visa pour l'image a tenu à préciser "la décision du maire de Perpignan de ne pas remettre le trophée en personne ne destitue pas Loay Ayyoub du prix Rémi Ochlik (assorti de la dotation prévue), qu’il recevra à travers le représentant du Washington Post lors de la soirée de projection de samedi".

Traitement du conflit

En mai 2024 déjà, le directeur du festival s'inquiétait de la meilleure manière de traiter ce conflit. "C'est la première fois en 36 ans que j'ai un sujet aussi "touchy", avait-il alors confié, prédisant déjà de futures réactions.

Quel que soit l'angle que l'on prenne, on se fera taper dessus en disant qu'on sera pro ceux-ci ou ceux-là.

Jean-François Leroy - directeur général du festival

Prédictions qui se révèlent véridiques puisque le maire Rassemblement national de Perpignan a dénoncé le fait qu’aucune exposition ne parle du 7 octobre et des victimes israéliennes. S’il respecte la ligne éditoriale des organisateurs, Louis Aliot aurait apprécié un peu plus d’équilibre.

On peut critiquer Israël mais il faut qu'il y ait de la contrepartie et un équilibre.

Louis Aliot - maire de Perpignan

"Effectivement, il y a des choix éditoriaux mais nous essayons de couvrir toute l'actualité du monde", a rétorqué Jean-François Leroy.

Programme du festival

Gaza, Haïti, Ukraine, Jeux Olympiques de Paris et hommage à Alain Delon : autant de sujets qui assurent un programme éclectique grâce au travail des 26 photoreporters exposés.

Pourtant Louis Aliot a relevé qu'à "aucun moment dans les titres d'accroche vous ne voyez 7 octobre ou otages et massacres sur les populations israéliennes".

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Je voudrais simplement préciser que nous n'oublions pas le 7 octobre et les massacres terroristes du Hamas qui seront particulièrement abordés dans la soirée de jeudi soir.

Jean-François Leroy - directeur général du festival

Une grande soirée sera donc consacrée jeudi 5 septembre au conflit israélo-palestinien, à laquelle viendra assister Louis Aliot.

Et le public ?

Le sujet est source de crispations, pas facile pour les premiers visiteurs de parler de cette exposition mais devant les photographies, les avis diffèrent.

"Je pense que cette exposition est tout à fait nécessaire et c'est une bonne chose qu'elle ait lieu mais il aurait fallu aussi une exposition sur les massacres qui ont lieu du côté Israëlien, pour faire le pendant", a confié l'un des visiteurs.

"Bien sûr on aurait pu montrer aussi des photos de ce qui s'est passé en Israël mais ça ne me choque pas qu'il n'y ait que ce traitement", a répondu une femme quelques pas plus loin.

De son côté, l’Observatoire Citoyen de la Vie Quotidienne de la France Insoumise à Perpignan a tenu à assurer son soutien au photojournaliste via un communiqué.

L’instrumentalisation incessante du conflit par le Front national est un élément contre lequel La France Insoumise entend continuer à lutter au quotidien.

Mickaël Idrac - Observatoire Citoyen de la Vie Quotidienne

Alors à chacun de se forger son opinion : raison de plus pour venir voir les 26 expositions que présente Visa cette année et ce, gratuitement, et jusqu'au 15 septembre.

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