La 36ᵉ édition de Visa pour l'Image à Perpignan commencera ce samedi 31 août et se poursuivra jusqu'au 15 septembre : expositions, projections, conférences... Demandez le programme du plus grand festival international de photojournalisme. Un festival gratuit et ouvert sur le monde en crise.
"Pas question de traiter de Gaza à Visa cette année, le sujet est trop explosif." C'est ce que disait encore il y a quelques mois Jean-François Leroy. Depuis, le directeur du Festival Visa pour l'Image s'est rendu à l'évidence : le sujet est incontournable.
Visa pour l'Image y consacre donc deux expositions : l'une sur la Tragédie de Gaza, l'autre sur la Cisjordanie. La soirée du 5 septembre évoquera aussi largement ce sujet particulièrement brûlant.
"Si vous dites "les terroristes du Hamas", vous êtes pro-israélien, si vous dites la réaction excessive d'Israël, c'est l'inverse ,...vous êtes toujours catalogué ! Ici, nous avons parlé du Rwanda, de la Bosnie, de la Tchéchénie, de la guerre du Golfe et il n'y a jamais eu de réactions aussi épidermiques que celles provoquées par cette guerre", constate Jean-François Leroy, directeur de Visa pour l'Image.
L'Ukraine au quotidien
La guerre en Ukraine fait également encore partie cette année des actualités incontournables. L'exposition "À 5 km du front" abordera le conflit avec un certain décalage, un autre regard. Ce projet met en lumière le quotidien des habitants du Donbass, région déchirée par la guerre dans l’est de l’Ukraine. À contre-courant des représentations dominantes de la guerre, le travail réalisé au cours des six dernières années par l’anthropologue et écrivaine Alisa Sopova et la photojournaliste Anastasia Taylor-Lind présente une vision nuancée de la vie quotidienne confrontée à la violence militaire.
Mines antipersonnel, attaques contre les infrastructures, accès limité aux services essentiels, anarchie, perte d’emploi, perte d’êtres chers, souvenirs douloureux, traumatismes non guéris, désespoir et stigmatisation politique : tel est aujourd’hui le quotidien de la population locale.
C'est une des constantes également de Visa pour l'Image que de proposer des angles et des sujets différents.
"L'exposition d'Ivor Prickett sur le Soudan, depuis quand n'avons-nous pas vu d'images sur le Soudan ? L'exposition de John Moore sur le narcotrafic en Équateur, quand avez-vous vu un sujet sur l'Équateur ? On s'est toujours attaché à montrer des sujets qui ne sont pas au cœur de l'actualité des médias traditionnels", poursuit Jean-François Leroy.
La France dans le viseur
La France ne sera pas absente des expositions de Visa, notamment « la France périphérique » photographiée par Pierre Faure. Le photographe décrypte la France d'aujourd'hui, en marge des grandes villes mondialisées.
« En 2021, la France comptait plus de 9 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté. Cela correspond à un revenu disponible de 1 158 euros par mois pour une personne vivant seule, et de 2 314 euros pour un couple avec deux enfants âgés de moins de 14 ans. Et comble pour l’un des premiers pays producteurs agricoles mondiaux, entre 2 et 4 millions de citoyens ont recours aux aides alimentaires en 2020, » explique le photographe.
Je m’intéresse désormais aux classes populaires et moyennes, aux évolutions qui modifient la société française en profondeur, sur le long terme.
Pierre Faure, photographe à Visa pour l'Image
Autre exposition qui met le focus sur la société française, une exposition sur l'importance des écrans chez nos enfants celle de Jérome Gence, intitulée "Grandir dans la cour d'écrans".
"Je vois cela à travers les semaines scolaires, on voit de plus en plus de jeunes qui s'informent uniquement par les réseaux sociaux. La place que prennent les écrans dans leur vie est excessive et le travail de Jérome Gence permet de dénoncer l'emprise de ces écrans sur nos mômes", conclut le directeur de Visa sur l'Image.
Expositions, projections, conférences...
Le festival propose 25 expositions à découvrir ici, pas moins de 900 clichés. Des expositions, gratuites dans toute la ville, par des photojournalistes du monde entier et à découvrir dans les lieux emblématiques de Perpignan comme le Couvent des Minimes ou le Palais des Corts.
Cette année une exposition permettra de retrouver en photo les épreuves des Jeux olympiques de Paris par un collectif de photographes de l’AFP. Des photos changées chaque jour et tirées en grand format dans la cour du Couvent des Dominicains. Les Jeux Paralympiques seront suivis lors des soirées de projection au Campo Santo.
Côté projections, du 2 au 7 septembre, au Campo Santo à 21h, chaque soir les projections débutent par une "chronologie" retraçant deux mois d’actualité de l’année écoulée. Sont ensuite développés différents sujets et points de vue liés aux faits de société, aux conflits, ceux dont on parle et ceux que l’on tait, aux différents constats de l’état du Monde. Visa pour l’Image propose aussi des « rétros », retour sur des faits ou des personnalités majeurs de l’Histoire. Un hommage à Alain Delon a été ajouté au programme.
Visa pour l'Image organise également des conférences et rencontres gratuites autour de la photographie, dont le programme quotidien se trouve ici.
Écrit avec Philippe Georget.