Théâtre. Les Anachroniques dédramatisent les dépistages des cancers du sein, du colon et du col de l'utérus

Spécialisée dans le théâtre santé, la compagnie toulousaine Les Anachroniques distillent à travers son dispositif théâtral les "Délieuses de langue", les informations liées au dépistage des cancers du sein, du colon et du col de l'utérus.

"Bonjour ! C'est la fête ! C'est mon 10ème anniversaire ! " Charlotte rose sur la tête, sous pull rose et collant blanc, la comédienne, Paula Espinosa apparaît sur un fond de musique toute bondissante. Dès les premières minutes des "Délieuses de langue", joué ce mardi 24 octobre à la Maison des initiatives des étudiants de l'université Jean Jaurès à Toulouse,  elle se mêle au public, en le faisant participer.... 

"Levez-vous France 3, vous m'attrapez !" Et hop, la voici accrochée à notre torse. " Et oui, il faut 10 ans en moyenne pour qu'un polype tout rose, tout magnifique comme moi devienne un cancer ! Pendant dix ans, je me suis bien accroché aux selles du senior Roberto..." Le public rit... Elle le fait répéter " car je me développe dans le , dans le".... "caca !" Le décor est planté.

Elle poursuit en montrant les photos de sa famille disparue: " Grand mère polype, tonton, tata, ils sont tous morts car détectés trop tôt! " Le public rit encore...Et pourtant, la prestation ne relève pas d'un spectacle d'humour. Pendant plus d'une heure, les trois membres de la compagnie toulousaine Les Anachroniques (Paula Espinoza, Isabelle Ayache et Cécile Flahaut) alternent les personnages et distillent savamment les informations relatives au dépistage du cancer du colon, du sein et du col de l'utérus. Mieux, elles dédramatisent ces gestes de prévention. 

Une femme sur huit a des chances de découvrir un cancer du sein au cours de sa vie

Nouvelle saynète :  une femme (Isabelle Ayache) se lève de sa chaise au milieu des spectateurs : "Je m'appelle Charlie, j'ai 31 ans, j'ai reçu une lettre qui m'invite à faire un frottis, cela fait 3 ans que je n'en ai pas fait. Cela permet de déceler le cancer du col de l'utérus, ça me fait peur..." Une autre voix s'élève du fond de la salle : "Moi j'ai déjà fait une mammographie. J'ai pas choisi d'être une femme, d'avoir des seins.... même sans prédisposition génétique, une femme sur 8 aura un cancer du sein au cours de sa vie", glisse Cécile Flahaut, en faisant part des doutes, des angoisses de son personnage....

Au cours des prochains tableaux, les trois comédiennes évoquent le corps des femmes comme lors de la scène de la piscine, et le temps qui passe, l'arrivée possible d'un cancer. L'objectif est atteint : le public s'identifie. Ensemble, elles déroulent leur message à travers diverses saynètes. Et n'hésitent pas à montrer en quoi consistent les gestes de mammographies, à dédramatiser le dépistage du colon et celui du col de l'utérus, tout en délivrant les informations sur ces trois cancers: " Une femme sur 2 ne se fait pas dépister pour le cancer du sein malgré l'invitation des services de santé, envoyée à partir de 50 ans." "Plus de 43 000 personnes sont touchés par le cancer colon rectal chaque année en France, 20 000 femmes, 23 000 hommes. C'est le 2e type de cancer le plus meurtrier avec 17 000 décès par an . Mais dans 9 cas sur 10, il peut-être guéri s'il est détecté très tôt". Retour à la réalité.

D'abord uniquement consacré au cancer du sein pour sensibiliser les femmes de 50 à 74 ans sur l'utilité du dépistage, Les Délieuses de langue, dispositif théâtral, tourne dans presque toute la France à la demande de la Mutualité française, des entreprises privées, des collectivités. Il vient donc d'achever sa tournée à l'université à Toulouse en ce mois d'Octobre Rose, là où il a vu le jour.

"Le dispositif  Les Délieuses de langue est né en 2010 suite à la commande du comité Octobre Rose Midi-Pyrénées, sous la coordination de DOC31 (Dépistage Organisé des Cancers en Haute-Garonne aujourd’hui, CRCDC), pour la création d’un spectacle sur le dépistage organisé du cancer du sein", résume Paula Espinoza avant d'ajouter: " En  2021, le spectacle a été remanié pour évoquer les dépistages des trois cancers".

Des messages justes

"Les messages délivrés au cours du dispositif sont justes, et ils sont adaptés pour tout type de public du plus jeune au plus âgé, précaire ou non", relève Feïrouz Lassalle, sage femme libérale et chargée de sensibilisation aux Centres régionaux des dépistages des cancers.

Venue assister à la représentation, la professionnelle a livré quelques informations complémentaires : "En Haute-Garonne, le taux de participation au dépistage du cancer du sein est de 58% (dépistage organisé et individuel)". Et a répondu aux questions du public : "Est ce que le HPV (le Papillomavirus) peut aussi toucher les hommes?", s'inquiète une spectatrice.

500 nouveaux cas de cancer du sein sont découverts chez des hommes chaque année

"Est ce qu'on peut dépister tous les autres cancers et pas seulement ces trois là ?" demande Kei, doctorant en géographie qui a apprécié la prestation. " C'est mieux de s'informer par tout moyen. Il y a beaucoup de cas dans mon entourage, on a l'impression que c'est la maladie du siècle ! Et puis, quand on est un homme, on ne se sent pas forcément concerné." Et pourtant, le cancer du sein frappe aussi les hommes. "500 nouveaux cas de cancer du sein sont découverts chez des hommes chaque année en France", livrent les comédiennes. 

Au printemps, Les Anachroniques repartiront en tournée. Mars et juin sont les mois consacrés au dépistage des cancers du colon et du col de l'utérus. La troupe travaille aussi à une nouvelle création sur la prévention du cancer du col de l'utérus à destination des collégiens et des lycéens, appelés à se faire vacciner dès leurs 11 ans contre le papillomavirus.