Vaccin AstraZeneca : à Toulouse, ce que l'on sait après la mort par thrombose d'une femme de 38 ans

Une femme de 38 ans est décédée d'une thrombose à l'hôpital de Toulouse, 14 jours après sa première injection du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19. Elle ne souffrait pas de problèmes de santé. Le lien de cause entre le vaccin et ce cas de thrombose mortel reste à établir.

Une Toulousaine de 38 ans est décédée lundi 29 mars d'une thrombose, quatorze jours après l'injection d'une dose de vaccin AstraZeneca. Une information non confirmée à ce jour par l'ANSM (agence nationale de séscurité du médicament) ni par l'Agence régionale de santé d'Occitanie ou encore le CHU de Toulouse qui préserve le secret médical mais confirmée par une autre source médicale. La thrombose est l'obturation d’un vaisseau ou d’une veine par un caillot de sang. Plusieurs cas ont été enregistrés au niveau européen, soulevant la question du lien entre le vaccin AstraZeneca et les cas de thromboses, mortelles ou non, décelés.

Une augmentation des cas de thrombose après des injections du vaccin AstraZeneca

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a confirmé vendredi 26 mars l’existence d’un risque "rare" de thrombose "atypique" lié au vaccin contre le Covid-19 d’AstraZeneca. On note toutefois une augmentation du nombre de thromboses après des injections du vaccin AstraZeneca.

Le professeur Montastruc, Professeur de pharmacologie clinique au CHU de Toulouse indique que "neuf cas de thromboses atypiques par leur localisation (thrombophlébite cérébrale en majorité mais également digestive), pouvant être associés à une thrombopénie (diminution du nombre de plaquettes dans le sang) ou à des troubles de la coagulation ont été déclarés du 12 au 18 mars".

Ce sont des tableaux atypiques qui associent thrombose veineuse et localisation inhabituelle. Le lien chronologique et clinique entre trombophlébite cérébrale et injection du vaccin AstraZeneca a été établi dans ces cas précis car toute autre cause a été éliminée.

Professeur Montastruc, professeur de pharmacologie clinique au CHU de Toulouse

Sept patients sur ces neuf cas avaient moins de 55 ans. Ce sont six cas supplémentaires par rapport à la semaine précédente, selon le dernier point de situation de la surveillance des vaccins contre le Covid-19.

À ce jour, seize cas européens de thrombose ont été repertoriés sur la base mondiale de pharmacovigilance mais le délai d'enregistrement de ces cas étant relativement long, il est possible que le nombre de cas de thromboses en Europe atteigne la soixantaine, d'après l'Agence Européenne du Médicament. On sait que trois cas ont été détectés en Angleterre alors que les Etats-Unis n'en répertorient pas à ce jour.

Le géant pharmaceutique britannico-suédois AstraZeneca indique pourtant que le rapport bénéfice-risque reste favorable au vaccin. Ce que confirme le professeur Montastruc du CHU de Toulouse.

Il y a certes une alerte, un signal de thrombose veineuse cérébrale avec le vaccin AstraZeneca. Mais cela ne remet pas en cause, à ce jour, la balance bénéfice-risque qui reste favorable. Il faut rappeler qu'il y a eu 9 cas pour 1,2 millions de vaccinés à ce jour

Professeur Montastruc, professeur de pharmacologie clinique au CHU de Toulouse

Des décès de personnes jeunes et en bonne santé

Selon Franceinfo, cette femme de Toulouse ne souffrait pas de problèmes de santé particuliers. Les complications sont apparues peu de temps après l'injection de sa première dose de vaccin. Elle s'était plainte de céphalées dans les jours suivant l'injection et avait été hospitalisée au CHU de Purpan.

Toutefois, à Nantes, le 18 mars dernier, un étudiant en médecine avait déjà été retrouvé mort, dix jours après avoir été vacciné avec une dose de vaccin AstraZeneca. Aucune confirmation du lien entre ce décès et la vaccination n'a été établie à ce jour.

À Annecy, un homme de 63 ans, présentant une légère comorbidité, est mort des suites de thrombose, peu de temps après avoir reçu une injection du vaccin AstraZeneca, le 7 mars dernier. Alors qu'il devait être opéré à l'hôpital d'Annecy, son opération a dû être repoussée pour manque de plaquettes. Son frère a témoigné dans la presse locale de la dégradation rapide de son état de santé dans la semaine qui a suivi la vaccination : "En 18 heures de temps, mon frère est décédé. Ça a été très fulgurant. Des thromboses se sont multipliées. Il a rapidement perdu l’usage des membres supérieurs. Le cœur a été ensuite touché"

Après avoir constaté, comme d’autres pays européens, des effets secondaires chez des patients, la France avait suspendu la vaccination avec AstraZeneca, le 15 mars dernier, pour quatre jours seulement. L’Agence européenne des médicaments ayant jugé le vaccin "sûr et efficace", la vaccination a alors repris.

Recherches d’explications

La plupart des thromboses sont traitables par le biais d'un anticoagulant mais les cas les plus graves peuvent entraîner des troubles neurologiques, voire la mort, en obstruant par exemple les veines du cerveau dans le cas thrombose cérébrale.

Des scientifiques avancent l’hypothèse que la formation de caillots de sang bloquant la circulation sanguine quelques jours après l’injection d’une dose du vaccin d’AstraZeneca chez certaines personnes, pourrait être due à une administration maladroite : le vaccin aurait été injecté dans une veine plutôt que dans le tissu musculaire de l’épaule.

L'hypothèse est que cette erreur d’injection provoquerait une réaction auto-immune avec un système de défense qui s’emballe. Comme si le corps réagissait de manière inadaptée une fois l’injection faite. En effet, si l’injection est intraveineuse, les premières cellules à être repérées par le virus sont les cellules appelées endothéliales c’est à dire celles qui tapissent les vaisseaux sanguins.

Il se trouve que la protéine Spike du SARS-CoV-2 agit comme un activateur du système immunitaire et peut induire une cascade immunitaire, jusqu’à conduire à des thromboses.

Des hypothèses mais aucune confirmation pour l'heure. Le professeur Montastruc du CHU de Toulouse rappelle que "ces effets indésirables très rares ne sont pas mis en évidence dans les études cliniques, ce que permet la pharmacovigilance, comme cela a été le cas pour le Mediator"

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