500 chercheurs originaires d’une cinquantaine de pays viennent de lancer une enquête sur la perte du goût et de l’odorat chez les malades du Covid-19. Ils étudient la fréquence et la nature de ces phénomènes et les comparent à d’autres pathologies. Deux Toulousains y participent.
Pourquoi certains patients atteints par le Covid-19 perdent-ils le goût et l’odorat ? Et cette perte des sens se manifeste-t-elle de la même façon chez un patient français, américain, iranien ou chinois ?
C’est pour répondre à ce questionnement que 500 chercheurs du monde entier ont lancé une vaste enquête planétaire.
La perte de goût et d'odorat signes du Covid-19 ?
Tout a commencé en février-mars quand le virus est arrivé en Iran et en Italie, nous raconte Denis Pierron, chercheur au laboratoire d'anthropologie du CNRS à Toulouse. Parmi les symptômes on voyait apparaître régulièrement ces phénomènes alors que seulement 5 % des Chinois semblaient atteints
En Europe, les premiers résultats montrent que 50 à 80% des malades atteints du coronavirus développent une perte de goût ou d'odorat. La communauté scientifique se mobilise pour comprendre.
Un questionnaire mis au point pour les malades
Pour leur étude, les chercheurs ont besoin de données. Ils mettent donc au point un questionnaire accessible en ligne, d'abord rédigé en anglais, puis traduit minutieusement dans 25 langues. Environ 15 000 réponses ont déjà été reçues, dont 65% proviennent des pays francophones
Veronica Pereda-Loth, travaille plutôt sur l'olfaction des astronautes confinés dans l'espace avec le CNES (Centre National d'Etudes Spatiales) de Toulouse.
L’odorat est un marqueur important pour les maladies infectieuses. Avec cette étude, il sera intéressant de voir si on a une réelle différence de capacité olfactive et de faire la comparaison avec d'autres virus comme celui de la grippe.
Des chercheurs toulousains concentrés sur l'odorat
Chaque laboratoire va mener ses propres recherches en fonction de ses compétences. Pour le CNRS à Toulouse, les scientifiques essayent encore de comprendre l’origine d’une perte de goût et d’odorat.
L'idée c'est de savoir si le virus s’attaque au neurone olfactif ou à la muqueuse. Et comment l'olfaction revient, explique Denis Pierron.
Les chercheurs peuvent ainsi développer une carte olfactive. Un outil de diagnostic et de suivi à distance qui permettra de comparer l'impact selon les cultures aux 4 coins du monde. Ce questionnaire leur est précieux.
Comprendre le phénomène pour mieux aider aussi
Normalement il n'y a pas de perte olfactive sans nez encombré. C'est pourquoi il est pour les chercheurs essentiel de connaître précisément l'action du virus. D'autant que ce phénomène n'est pas anodin.
Les neurosciences nous aident aujourd'hui explique Veronica Pereda-Loth. Car la plupart des gens, victimes d'anosmie (perte d'odorat) ont souvent des problèmes neurologiques : pertes d'appétit ou même dépression.
Pour certains virus, la perte d'odorat peut durer jusqu'à 1 an. Les premiers témoignages recueillies auprès des malades du Covid-19 évoquent une quinzaine de jours. Mais il est trop tôt pour se prononcer.
L'étude internationale n'en est qu'à ses débuts. Un travail de recherche gigantesque.