L'Union européenne et les Etats-Unis ont accepté de prolonger de cinq ans la trêve pour régler leurs vieux conflits sur les subventions illégales accordées à leurs champions respectifs, Airbus et Boeing.
L'Union européenne et les USA se sont entendus mardi sur un armistice de cinq ans pour régler le vieux différend entre Airbus et Boeing qui empoisonnait leur relation, signe tangible d'un apaisement entre les deux blocs, après les années d'administration Trump.
Voici cinq choses à savoir sur les deux géants de l'aéronautique :
Un duopole mondial tout puissant
Géants de l'industrie et de l'exportation au point que leurs performances se voient sur les statistiques du commerce extérieur, Airbus et Boeing détiennent à eux deux quelque 90% du marché mondial des avions commerciaux.
Boeing, fondé en 1916, s'est développé tout au long du XXe siècle, lançant le moyen-courrier à succès 737 et l'emblématique long-courrier 747. Boeing, qui au cours de son histoire a aussi absorbé des concurrents comme McDonnell-Douglas, prévoit de réduire ses effectifs à 130.000 employés fin 2021 (contre 161.000 avant la crise). Il possède des usines d'assemblage dans l'Etat de Washington (nord-ouest) ainsi qu'en Caroline du Sud (sud-est).
De son côté, Airbus est une création politique franco-allemande qui remonte à 1970 avec le lancement de l'A300, et a pris graduellement de l'envergure, en particulier avec le très populaire A320, concurrent du 737. Le groupe a aussi intégré des constructeurs espagnols et britanniques et comptait fin 2019 quelque 135.000 employés, avant la crise qui l'a amené à supprimer 15.000 postes.
Pour répondre à la demande, le groupe a localisé sa production auprès de ses clients à Mobile (Alabama, sud des Etats-Unis), Tianjin (Chine) et Mirabel (Canada), outre ses installations historiques de Toulouse (France) et Hambourg (Allemagne).
Fragilisés par la crise sanitaire
Le Covid-19 a saigné financièrement les compagnies aériennes clientes, forçant les deux avionneurs à réduire drastiquement leurs livraisons.
Airbus n'a livré que 566 appareils en 2020, un tiers de moins que l'année précédente. Empêtré dans les problèmes de son 737 MAX, Boeing n'a lui livré que 157 avions, contre 380 en 2019.
Conséquence, les pertes se sont creusées, et les chiffres d'affaires se sont effondrés: -29% pour Airbus (49,9 milliards d'euros), -24% pour Boeing (58,2 milliards de dollars).
Satellites, avions de combat et hélicoptères
Tous deux sont également des géants de la défense et du spatial. Airbus est le premier hélicoptériste mondial (12% de son activité), produit des satellites, des avions de transport militaires et des avions de combat (Eurofighter).
Ses activités de défense et spatiales (21% de son chiffre d'affaires) en font le 13e plus gros groupe d'armement au monde.
Avec ses hélicoptères Apache et Osprey, ses avions militaires (C17, F15, F18, B52...), ses missiles, ses satellites et lanceurs spatiaux, Boeing se hisse lui à la deuxième place mondiale des industriels de l'armement. Ces activités ont représenté près de la moitié de son chiffre d'affaires l'an passé.
Dynamiques contraires
Une fois le trou d'air du Covid passé, Airbus semble mieux placé pour aborder la reprise. Il disposait fin mai de 6.933 avions dans son carnet de commandes -contre 4.983 pour Boeing- et lancera dans deux ans l'A321 XLR, qui permettra d'assurer des liaisons qui jusqu'ici ne pouvaient l'être que par des gros porteurs long-courrier.
L'avion rencontre un franc succès commercial et Boeing n'a pas d'appareil à lui opposer.
Après avoir vu son 737 MAX cloué au sol pendant 20 mois à la suite de deux accidents meurtriers, l'avionneur américain doit écouler les avions produits qu'il n'avait pu livrer avant de remonter ses cadences.
Et les déboires s'accumulent : les livraisons de son long-courrier 787 sont à nouveau suspendues à la suite de problèmes de fabrication et les premières livraisons de son futur 777X ont été retardées d'un an, à fin 2023, en raison de la faible demande.
Un vieux conflit commercial
Airbus et Boeing, et à travers eux l'UE et les Etats-Unis, s'affrontent depuis octobre 2004 devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les aides publiques versées aux deux groupes, jugées illégales.
La fragilisation des entreprises a convaincu les deux blocs d'enterrer la hache de guerre et de renoncer pour cinq ans aux taxes punitives qu'autorisait l'OMC.
Sous l'administration Trump, Washington avait été autorisé à imposer des taxes à hauteur de 7,5 milliards de dollars, notamment sur les avions européens. Dans la foulée, l'UE avait imposé des droits de douane sur 4 milliards de dollars d'exportations américaines.