Les exportateurs de vins et spiritueux de la région Occitanie se sont dit soulagés ce mardi. La taxe Trump, qui imposait 25% de droits de douane supplémentaires pour les importations américaines de vins français a été suspendue pour cinq ans.
Pas de taxes pendant cinq ans
La nouvelle est tombée ce mardi en début d’après-midi. Washington et Bruxelles ont accepté de suspendre pendant cinq ans les taxes douanières de 25% sur les biens et services européens, dont les vins français. Des droits de douane punitifs que les Etats-Unis et l’Union européenne s'infligaient mutuellement dans le cadre de leur conflit commercial autour des avionneurs Boeing et Airbus.
Les vins français étaient concernés par cette taxe si : ils étaient non-effervescants, présentaient un degré d'alcool inférieur ou égal à 14° d'alcool et s'ils étaient contenus dans des formats inférieurs à 2 litres
Cette taxe, imposée par Donald Trump en 2019, avait déjà été suspendue en mars dernier pour 4 mois par la nouvelle administration américaine. Cette trêve aurait dû prendre fin le 11 juillet 2021. Mais revirement de situation ce 15 juin, lors d’un sommet Union-Européenne / Etats-Unis à Bruxelles, la suspension de ces taxes a été repoussée à cinq ans.
Le soulagement
Irène Tolleret, député européenne, s’est dit soulagée sur Twitter. Elle était à l’origine d’une déclaration, avec 50 autres députés européens et 36 membres du congrès américain, demandant « de mettre fin à toute mesure de rétorsion contre les exportations de vin et de renforcer leur partenariat bilatéral afin d’éviter toute sanction contre le secteur ».
Bonne nouvelle ! Une trêve a été accordée dans le conflit Airbus/Boeing. Un soulagement pour le secteur du vin, qui a été le + touché.
— Irene Tolleret Vaccinee ?????! (@ITolleret) June 15, 2021
Mais nous attendons + de la relation UE-US !
❌ Les secteurs agricoles ne doivent plus être otages des guerres commerciales @vonderleyen https://t.co/RPPLQqBQRn pic.twitter.com/sixsCWTApk
Cette taxe posait un problème de compétitivité aux vins français, dont le prix augmentait dans les boutiques aux États-Unis : d'autres pays producteurs de vin comme l'Australie et l'Italie, dont le vin est moins victime des taxes que la France, tirent leur épingle du jeu auprès clientèle américaine par leurs prix qui, eux, restent stables.
Gilles Contrepois, vigneron dans l’Aude, se dit soulagé. Il possède onze hectares de vignes et produit 15000 bouteilles de vins chaque année, dont 2500 sont exportés aux Etats-Unis :
On revient à des choses normales, on n’avait rien à voir avec cette histoire. On était un peu les boucs émissaires. Certains importateurs s’étaient penchés sur des vins italiens et espagnols, moins chers, ils vont donc revenir vers nos vins français
Les exportations de vins de Languedoc connaissent une croissance constante (5 à 6 %) depuis une dizaine d'années. Dans la période 2015-2019, les exportations languedociennes vers les États-Unis sont passées en volume, de 5,5 millions de bouteilles à 9,5 millions de bouteilles, soit 73% de croissance.
Vers une clôture du conflit ?
"Nous sommes soulagés car cela donne une visibilité aux entreprises", a déclaré Nicolas Ozanam, délégué général de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS). "De ce point de vue, nous sommes satisfaits par cette décision sur le court terme", a-t-il dit. "En même temps, on n'a pas réglé définitivement le dossier", a-t-il relevé. Airbus et son concurrent américain Boeing, et à travers eux l’Union européenne et les Etats-Unis, s’affrontent depuis octobre 2004 devant l’OMC sur les aides publiques versées aux deux groupes, jugées illégales. "Nous ne pouvons qu'appeler les autorités américaines et européennes à profiter de cet élan et de cette coopération retrouvée pour poursuivre les efforts et clore définitivement ce conflit", a-t-il dit.