A Toulouse, Airbus entre dans le dur pour la préparation de son plan social

Alors que les vacances commencent, Airbus va débuter la négociation de son plan social. Une situation compliquée pour les salariés de l'avionneur. La priorité est donnée aux départs volontaires mais, même si les syndicats s'y opposent, les licenciements sont dans toutes les têtes.  

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C’est le moment d'entrer dans le dur. Les syndicats d’Airbus ont rendez-vous la semaine prochaine avec leur direction pour entamer les premières négociations du plan social. En France, le constructeur vise la suppression de 4952 emplois dont 3500 rien que pour Toulouse (2.398 à la production, 980 au siège et plus de 200 dans des filiales de la ville).

"La première étape de ce plan consiste à solliciter des salariés volontaires au départ" nous explique Guillaume Bonnet, délégué syndical CFE CGC chez Airbus. Afin de faciliter la décision de ces employés, chacun d’entre-eux pourra bénéficier d’une incitation supplémentaire "ponctuelle". Ce sont ces mesures qui seront négociées dans les prochains jours. "Elles seront fonction des projets de chaque salarié souhaitant partir. Cela peut être pour une création d’entreprise, pour un reclassement professionnel ou pour un parcours de mobilité au sein du groupe avec des primes de déménagement et d’éloignement."

Accompagnement des départs

Selon nos informations, Airbus a d’ailleurs fait appel au cabinet de conseil Lee Hecht Harrison (LHH) du groupe Adecco afin d’accompagner ces départs. Les volontaires au départ pourront bénéficier de "coaching de carrière", du dispositif Adecco, des conseils en matière de retraite de fiscalité et des outils de recherche d'emploi.

Le recensement des personnels volontaires doit durer jusqu’à fin septembre. Les premiers départs pourraient avoir lieu dès la mi-octobre, après la validation de cette consultation par la DIRECCTE. En Espagne et en Angleterre, les premiers départs d’Airbus pourraient intervenir dès les prochains jours.

Airbus souhaite que ce "processus soit rapide et efficace" mais le géant de l’aviation mondial désire également conserver des "postes clés" : ceux qui permettent à l’avionneur de répondre aux "enjeux futurs" du secteur, lors de la reprise du marché, et dont la disparition pourrait mettre en danger l’entreprise elle-même.
 

L'enjeu des emplois qualifiés

"Pour nous c’est une ligne rouge à ne pas franchir, assure Guillaume Bonnet. Il est essentiel de conserver ces compétences qui ont fait notre réussite et qui permettent la bonne marche de l’entreprise. Cela ne concerne pas obligatoirement des très hauts cadres mais cela va de l’ingénieur de 1er niveau jusqu’à l’ouvrier spécialisé."

Pour éviter l’écueil de cette perte de compétence, les titulaires de ces postes souhaitant quitter l’entreprise pourraient partir sous conditions : avoir sous la main une solution de remplacement ou avoir la possibilité d’ "un transfert de connaissance."
 
Une fois cette étape passée, Airbus devra faire un bilan et voir si ses objectifs de suppression de postes sont atteints. Si tel n’est pas le cas, il faudra licencier.

Comme beaucoup d’autres syndicats, l’objectif pour la CFE-CGC est "d’avoir zéro départ contraint au sein de l’entreprise." "Toutes les mesures, comme l’activité partielle, qui peuvent permettre de réduire à néant cette option devront être prises." certifie Guillaume Bonnet.
 

"Son chef lui a dit qu'elle sera sur la liste même si elle ne veut pas..."

La réalité n’est peut-être pas si simple. Selon nos informations, sans qu'aucun critère ne soit retenu, certains chefs de service au sein d’Airbus ont déjà commencé à constituer des listes pour ces départs contraints, provoquant parfois des situations difficiles : "Le fait que la direction s’en remette aux chefs pour faire des listes risque de donner des résultats non objectifs, avoue sous couvert d’anonymat un salarié du constructeur. Je connais une personne dans un service qui est à quelques mois du départ à la retraite. Elle n'a pas prévu de partir avant. Son chef lui a dit qu'elle sera sur la liste même si elle ne veut pas... ".

"Cela existe, reconnaît gêné le délégué syndical CFE CGC. Mais de là à dire que c’est généralisé, je ne crois pas. Nous ne pouvons pas éviter des débordements de certains managers qui anticipent des mesures sociales. »

Des témoignages sur la situation en interne du géant de l'aéronautique difficiles à recueillir. Depuis plusieurs jours, la direction d’Airbus rappelle qu’en raison de son statut de "leader mondial de l'aéronautique coté en bourse", les salariés ne peuvent en aucun cas répondre aux demandes des médias. Des obligations de confidentialité afin de ne pas "affecter non seulement le cours de l'action Airbus" et ne pas "porter atteinte à la réputation" de l’entreprise. Difficile de parler dans des conditions lorsque son emploi est en jeu.

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