Affichettes placardées annonçant l'"annulation" du spectacle, tags, appel à manifestation : des associations et collectifs de soutien au peuple palestinien ont engagé une campagne pour demander l'annulation de la chorégraphie "Tel Aviv Fever", labellisée saison France-Israël, au Théâtre Garonne
Des affichettes recouvrant les affiches officielles et annonçant l'annulation du spectacle qui doit avoir lieu du vendredi 22 au jeudi 28, des tags, l'appel à une manifestation pour la première devant le Théâtre Garonne, la page facebook du théâtre bombardée du message "on ne danse pas avec l'apartheid israélien ! Annulation du spectacle Tel Aviv Fever" : la création de trois chorégraphes israëliens avec les danseurs du Ballet du Capitole, co-produite par le Théâtre du Capitole, le Théâtre Garonne et le festival Montpellier Danse, dans le cadre de la saison France-Israël 2018, suscite la colère des associations et collectifs de soutien au peuple palestinien.
"On ne danse pas avec l'apartheid israélien"
Le collectif "Coup pour coup 31", Attac 31, l'Association des Palestiniens de Toulouse, BDS France Toulouse, le Collectif Palestine Figeac, le comité 31 du Mouvement de la Paix, le Comité Palestine 81, Couserans-Palestine, le NPA 31, l'Union des Etudiants de Toulouse et l'Union Juive Française pour la Paix co-signent une lettre ouverte aux directeurs du Ballet du Capitole et du Théâtre Garonne dans laquelle il expliquent que le spectacle Tel-Aviv Fever "participera lui aussi à la tentative de redorer le blason de l’État d’Israël, passablement terni par sa politique chaque jour plus dure à l’encontre des Palestiniens et son statut de start-up nation du sécuritaire."
"La déclaration du Ministre israélien de l'Industrie Yuval Steinitz, menaçant, le 29 mai, de détruire Gaza "une fois pour toutes", confirme les intentions génocidaires d'un Etat qui ne fait aucune distinction entre civils et combattants, hommes, femmes et enfants dès lors qu'ils sont des Palestiniens", expliquent les signataires. "Est-ce cette "fièvre" que le Ballet du Capitole et le Théâtre Garonne entendent célébrer ? On ne danse pas avec l'apartheid israélien !", s'indignent-t-ils.
"Boycottons la culture du colonialisme", concluent-ils.
"On est dans l'artistique, on ne fera aucune déclaration"
Du côté de la direction du Théâtre Garonne, déjà passablement échaudée par les manifestations des intégristes catholiques contre la pièce Golgota Picnic en 2011, on ne souhaite pas pour l'heure commenter cette campagne d'appel au boycott des associations pro-palestiniennes de la dernière programmation de l'année. "On ne fera aucune déclaration, nous on est dans l'artistique et on ne fait pas de publicité à ces gens là", se contente-t-on d'affirmer.
Quant à la direction du Ballet du Capitole, sollicitée lundi matin, elle ne s'était toujours pas exprimée lundi soir sur cet appel au boycott.
Tel Aviv Fever, la création de trois chorégraphes israéliens avec le Ballet du Capitolé
Chorégraphe israélienne parmi les plus influentes et les plus talentueuses de sa génération, Yasmeen Godder donne à voir, depuis une vingtaine d'années, « un langage à la fois singulier et universel où le corps devient matière à toutes les transformations, sous le regard d'un public dont la fonction et les émotions sont constamment questionnées. »Véritablement révélé en France en 2016, au Festival d'Avignon, avec son spectacle We Love Arabs, pour lequel il a reçu le titre de « Créateur remarquable » du Cercle israélien de Critiques de danse, Hillel Kogan créera une pièce spécialement pour trois couples de danseurs. Danseur, acteur, dramaturge.
Roy Assaf, lui, avoue n'avoir jamais fait autre chose que danser… même lorsqu'il était soldat dans l'armée israélienne, chaque week-end il allait danser dans le studio d'Emanuel Gat, avant d'intégrer sa compagnie en 2004. Depuis lors, il a créé sa propre troupe et ses propres chorégraphies.
"Hillel Kogan offre une certaine vision du monde avec une indépendance et un réel engagement. L’approche du corps, souvent féminine, de Yasmeen Godder, met la danseuse dans le jeu sensible et furieux des états de corps proches de la performance. Roy Assaf est loué pour sa chorégraphie sincère qui révèle une « physicalité » et une fragilité humaine. Un vent de danse soufflera de Tel-Aviv à Toulouse !" indique Kader Belarbi, le Directeur du Ballet du capitole