Toulouse : la Cimade dresse un bilan sévère sur la rétention des ressortissants étrangers

La Cimade vient de publier son rapport annuel sur les conditions de rétention des ressortissants étrangers. A Toulouse, l'association les juge déplorables, et affirme qu'elle sont aggravées par l’allongement de la durée des placements.

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Le rapport annuel de La Cimade est rendu public ce mardi. A Toulouse, l'association qui défend les droits des personnes réfugiées. dénonce des conditions de rétention déplorables. Elles sont, estime-t-elle, aggravées par l’allongement de la durée de rétention.

"En 2019, le nombre de placements en rétention reste très élevé, note le rapport. Le CRA (Centre de rétention administrative) est souvent plein. L’entrée en vigueur de la loi Collomb et le passage de la rétention à 90 jours ont fortement augmenté le stress et les tensions des personnes enfermées".

Grève de la faim


Le rapport souligne les effets délétères de l’inactivité, auxquels s’ajoutent des conditions d’enfermement que La Cimade juge déplorables (douches parfois froides, saleté, difficultés d’accès aux effets personnels, etc).

"Ces difficultés entraînent une multiplication du mal-être, des tensions, des bagarres, des comportements de détresse (automutilations, tentatives de suicide), poursuit le rapport. Pour ces raisons, les personnes de tous les secteurs se sont mises en grève de la faim pendant une semaine"

Des transfert de Haute-Corse


La Cimade dénonce également le fait que de nombreuses personnes enfermées ne peuvent recevoir la visite de leurs familles qui séjournent au loin. Elle mentionne : "début 2019 a été marqué par une multiplication des placements en rétention des préfectures de la Haute-Corse. Après 48 h au CRA de Bastia, sans aucun moyen d’exercer un recours effectif, ces personnes ont été transférées au CRA de Cornebarrieu par avion en passant par Paris, et sous  escorte policière : un coût humain énorme et une véritable gabegie financière pour des personnes qui dans la majorité des cas étaient en situation régulière dans un État membre de l’UE".

La visio-conférence est pointée du doigt. La Cimade dénonce également une utilisation illégale de ce dispositif, puisqu'il a été condamné par la Cour de cassation.

Des enfants enfermés


L'association souligne également l'explosion du nombre de familles enfermées avec des conséquences dramatiques. En 2019, 50 enfants mineurs ont été enfermés avec leurs parents, dont des nourrisons de quelques mois.

"À la violence de l’arrestation, des transferts, de l’expulsion s’ajoute la plupart du temps l’impossibilité pour ces familles de faire valoir leurs droits, expliquent les auteurs du rapport. Elles sont souvent enfermées le soir, avant d’être embarquées le lendemain matin tôt, sans avoir pu rencontrer la Cimade. Elles ne peuvent pas exercer leurs droits et leur état de santé et leur vulnérabilité ne sont absolument pas pris en compte".

"Nous avons pu constater l’état de stress intense subi par les enfants enfermés que nous avons rencontrés. Ils sont en état de choc et dans la peur de l’expulsion. Ils sont parfois réveillés très tôt le matin en plein sommeil pour être embarqués. Il n’est pas rare que les parents soient menottés pendant le transport. La plupart du temps ils n'ont pas eu la possibilité d'amener leurs affaires personnelles".

Tentatives de suicide


Le rapport évoque aussi le sort de personnes gravement malades. Certaines d'entre elles ont vu leur état s'aggraver faute de soins, d'autres ont été maintenues en rétention en dépit d'avis médicaux contraires. Les personnes atteintes de troubles psychiques sont de plus en plus nombreuses à être enfermées. Pour elles, aucune prise en charge psy n'est possible, alors que déjà, le placement en rétention est très mal vécu. Les auteurs du rapport disent assister souvent à "la dégradation de l’état de santé des personnes enfermées". 

La Cimade dénonce vertement l’isolement disciplinaire utilisé avec l’aval du médecin du CRA de manière abusive. "En 2019, au moins 15 personnes ont été placées en isolement sécuritaire suite à des tentatives de suicide ou des risques de passage à l’acte. Amenées aux urgences psychiatriques, elles sont généralement ramenées rapidement au CRA et mises à l’isolement. Cette pratique est indigne et aberrante".
 

 
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