Jewed-Mehdi Ben Youssef a validé sa licence de droit mais il n'a pas trouvé de place en Master 1, malgré une douzaine de candidatures. En désespoir de cause, il a commencé une grève de la faim le 18 septembre devant le rectorat de Montpellier. Ce mardi soir, il a obtenu gain de cause.
Depuis vendredi 18 septembre, Jewed-Mehdi Ben Youssef était en grève de la faim, assis sur une chaise devant le rectorat de Montpellier. Son dernier recours après 12 candidatures en Master, toutes rejetées pour manque de places.
Ce mardi soir, il a obtenu gain de cause et une place en master à Montpellier.
Guylain Clamour, le doyen de la faculté de droit et de science politique a selon l’étudiant débloqué les choses en mettant en place un système de candidature pour les étudiants sans master, ayant fait leur licence sur Montpellier. Le jeune homme a candidaté ce mardi matin, et reçu une réponse le soir même. Il débutera un master en droit des assurances dès le 5 octobre.
Il tient à préciser que la seule proposition faite par le rectorat de Montpellier est un master en droit public à Poitiers.
Retour sur 5 jours de grève de la faim...
Quand il a réussi sa licence de droit, l'étudiant pensait trouver une place en Master sans difficulté. Mais la procédure de recrutement l'a laissé sur le carreau: plus de places, nulle part."Pendant des années il n’y a jamais eu de souci pour trouver une place dans un master 1 en droit", raconte Jewed-Medhi, "et en janvier 2020 on nous explique qu’on va être sélectionné en mai et que le nombre de places est fortement limité."
Autour du jeune homme, lundi 21 septembre, d'autres étudiants venus le soutenir. Comme Emilie Djemad. Cette étudiante en sciences du langage estime qu'"il ne faut pas attendre d’être concerné pour se mobiliser si la situation est injuste, ça peut nous arriver aussi dans quelques années". Pour Vincent Galiana, étudiant en master audiovisuel, c'est aussi la conséquence d'un choix politique et économique.Je voulais un master en droit des affaires mais j'ai élargi tous mes critères de choix, je veux faire n'importe quel master de droit privé n'importe où en France.
On appelle ça l’autonomie des universités mais c’est une cure d’austérité, avec des demandes croissantes et des moyens qui ne suivent pas.
Une réforme des Masters aux effets pervers
En 2016, une réforme de l'accès au Master est mise en place par le gouvernement Valls et sa ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem.Il s'agit de faire disparaître la sélection qui se faisait alors entre le master 1 et le master 2 et d'éviter ainsi que des étudiants ne puissent terminer leurs études.
Le master est alors divisé en 4 semestres, l'accès en deuxième année devenant alors automatique. Conséquence : la sélection des étudiants, même si elle ne dit pas son nom, se fait lors de l'accès en première année, à travers un portail internet national dédié. Les universités limitent fortement le nombre de places en Master.
Jewed-Mehdi Ben Youssef a multiplié les recours. Le rectorat dit être attentif à sa situation et assure rechercher une solution.
Retrouvez dans la vidéo ci-dessous les témoignages de Medhi, de ses soutiens et du rectorat, recueillis par France 3 Occitanie
La loi du 23 décembre 2016 portant adaptation du deuxième cycle de l'enseignement supérieur français au système Licence-Master-Doctorat, dit explicitement qu' "avec cette réforme, aucun étudiant souhaitant poursuivre ses études en master ne sera sans solution, sans choix, sans droit".Nous n’avons pas la possibilité d’affecter un étudiant en master. Nous avons présenté plus de 13 fois sa candidature et nous attendons une réponse de ses établissements pour son affectation.
Tout titulaire du diplôme national de licence (DNL) qui le souhaite doit se voir proposer une poursuite d'étude dans un cursus conduisant à un diplôme du second cycle.
En attendant une réponse positive, Jewed-Medhi est déterminé à poursuivre sa grève de la faim. Ce mardi 22 septembre, il a décidé de cesser de boire aussi.