Des personnalités listées par un site d'extrême-droite comme "complices de l’islam radical" envisagent de porter plainte

L'existence d'une liste de personnalités désignées comme "islamogauchistes" par le site d'extrême-droite "Fdesouche" a été révélée courant septembre. Plusieurs Toulousains y sont inscrits pour leur religion, leur appartenance politique ou leur métier. Certains envisagent de déposer plainte.

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"Type : Islam. Politique. Entreprise. Journalisme. Justice. Médecine. Militantisme. ONG. Spectacle. Syndicalisme.Universitaire." Au total, ce sont près de 360 noms qui ont été inscrits sur une liste et désignés comme "Islamogauchistes" par le site d'extrême-droite "Fdesouche" en fonction de leur religion, leur appartenance politique ou leur métier.

Jetés à la vindicte populaire

Parmi eux, plusieurs personnalités toulousaines comme l'ancien maire de la ville rose, Pierre Cohen, le député Sébastien Nadot, le militant politique, Salah Amokrane ou des militants d'associations de quartier. "J'ai une certaine inquiétude, réagit l'ancien élu des Motivés Salah Amokrane. Ficher des personnes pour leur appartenance religieuse ou politique, cela rappelle de tristes périodes, c'est jeter des personnes à la vindicte populaire sur les réseaux sociaux."

De son côté, l'ancien parlementaire de la République en Marche, Sébastien Nadot assure n'être "pas inquiet en tant qu'élu" mais sur ce qu'exprime "au plus profond de la société ces pratiques. C'est à dire une société française fragmentée sur ces questions d'appartenance".

Des noms tirés d'un appel contre l'islamophobie

La majorité des personnalités figurant sur ce fichier, nommé "Islamogauchistes signataires de l'appel à la manif contre l'islamophobie du 10 novembre 2019" et désormais supprimé du site FdeSouche, avait signé un appel en faveur d'une marche contre l'islamophobie en novembre 2019. Cet appel avait été publié sur le site Mediapart.

Pour Pierre Sautarel, animateur du site "Fdesouche"et contacté par la rédaction de FranceInfo, ces accusations de fichage n'ont pas lieu d'être car il n'a fait que publier "la liste publique des signataires" de cet appel. Pour lui "ces noms sont exclusivement extraits de la tribune de Mediapart", c'est selon lui "un travail de journaliste".

Toujours selon lui, les mentions "Islam", ou l'appartenance politique ou syndicale de certaines personnalités, sont là uniquement pour "valoriser l'information, pour comprendre qui étaient les signataires. Il n'y a rien d'immoral à faire du copier-coller. Ce n'est pas de l'intimidation ou du fichage. L'erreur c'est de l'avoir fait sous forme de tableau", assure-t-il.

La Cnil s'autosaisit, des plaintes déposées

En mars 2021, les noms de 600 chercheurs, dont une vingtaine de Toulouse (Haute-Garonne), accusés d'être "complices de l’islam radical" pour avoir signé une tribune dans le Monde demandant la démission de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, avaient déjà été diffusés sur un autre site internet d'extrême-droite.

Ayant participé à la mobilisation contre l'antisémitisme en février 2019, dénonçant l'islamophobie et le racisme ambiant, Sébastien Nadot constate qu'il "ne voit que des personnes qui se radicalisent : des ultras radicaux d'extrême-droite, des ultras concernant la laïcité, des ultras religieux, des ultras de gauche" et il déplore que le président de la République Emmanuel Macron ne soit pas "l'homme de la concorde". 

Après la publication de cette liste sur Fdsouche, la Cnil s'est autosaisie de cette affaire. Salah Amokrane a décidé de s'associer, comme une dizaine d'autres personnes concernées, à la plainte déposée par Taha Bouhafs, journaliste du MédiaTV. Sébastien Nadot attend de "voir l'évolution de cette histoire" avant de se décider.

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