Toulouse : des propriétaires font appel à une société pour racheter leurs maisons squattées

Les affaires de squats se multiplient à Toulouse (Haute-Garonne). Des propriétaires revendent leurs biens occupés à Squat Solutions. L'objectif de la société : les libérer de ses occupants pour les revendre avec une plus-value. Un business qui "exploite le malheur des autres" selon les soutiens aux squatteurs.

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À Toulouse (Haute-Garonne), Yann Collet a trois de ses biens actuellement squattés. Ne pensez pas qu'il fasse preuve de malchance. Les habitations occupées, le patron de la société Squat Solutions en a fait son business. 

Depuis 2017, ce professionnel de l'immobilier débarrasse les propriétaires dont la maison ou l'appartement est squatté en les rachetant 15 % en dessous du prix du marché, à raison de 40 nouveaux dossiers par mois. "Nous sommes les seuls à faire ça en France, affirme-t-il. Nous achetons tous les problèmes liés à l'habitation. Nous sommes un peu les ferrailleurs de l'immobilier."

Entre 1.500 et 3.000 versés au squatteurs pour partir

Pour faire partir les occupants, il n'hésite pas à les payer : de 1.500 à 3.000 euros. "C'est une indemnité d'éviction. Un protocole est signé chez l'huissier et les squatteurs touchent la somme" raconte Yann Collet. Une fois la maison récupérée, elle est remise en état. Avant de la revendre, avec une plus-value.

"Cela fonctionne une fois sur deux, avoue le marchand de biens. Il y a des professionnels du squat. Ce sont des personnes qui profitent d'une situation. Dans cette situation, nous enclenchons des procédures d'expulsion avec huissier, préfecture et forces de l'ordre." Dans ce cas, le dialogue entre le nouveau propriétaire et les occupants peut s'avérer tendu.

Dans une récente publication, le site d'extrême-gauche toulousain Iaata raconte la visite du patron de Squat Solutions, le 9 décembre dans un lieu occupé à Toulouse.

Au départ, celui-ci se présente comme un "assureur", demande directement à entrer dans la maison pour estimer la surface et évaluer les risques incendie, demande également le nombre de personnes qui y vivent. Les personnes refusent de négocier avec lui. Il nous explique alors que dans ce cas-là, il lancera une procédure, que l’entreprise en est spécialiste, mais qu’ils iront "jusqu’au bout du bout du bout" pour nous poursuivre judiciairement. Ils se cassent puis reviennent plus tard, caméra à la main à travers la fenêtre en scandant « les squatteurs en direct sur internet », menacent de « revenir accompagnés ».

Iaata

Toulouse, 9 décembre 2021

Des méthodes pointées du doigt

Le principal intéressé assure s'être bien présenté comme "le nouveau propriétaire" et qu'il souhaitait "visiter la maison" pour l'assurance. "Je leur ai d'ailleurs laissé ma carte en toute transparence "souligne-t-il.

Mais ce sont les méthodes de la société, qualifiées de "charognards" par les pro-squatteurs, qui sont pointées du doigt sur le site Iaata : "pour réaliser les clips promotionnels de son entreprise, il se filme à l’intérieur des maisons, filme les personnes, se met en scène au milieu d’eux. Il se fait passer pour un brave sauveur de l’Humanité qui veut les aider, en caressant littéralement la tête des gosses qu’il est sur le point d’expulser, alors que le seul but de l’entreprise est le suivant : se faire de la thune en expulsant les habitants."

Yann Collet assure que ces accusations le font rire (un peu jaune) : "Ce n'est pas la première fois que l'on me dit ça. Nous faisons tellement d'argent que nous avons perdu 130.000 euros cette année. J'ai plutôt le sentiment d'aider et de faire du social."

La multiplication des habitations squattées à Toulouse

Le patron ne manque pas d'exemples : cette dame et son enfant en "grande précarité" qui a "véritablement besoin d'aide et que nous allons accompagner", ou encore ce "Monsieur victime d'un AVC" qu'il "n'a pas mis dehors et qu'il va aider à trouver un logement". Autant de cas difficiles à vérifier.

En tout cas, Yann Collet le jure : "ce n'est pas jouissif de mettre les gens dehors. Mais parfois, il y a des procédures qui durent depuis plus de 14 ans. Certaines personnes qui héritent de ces biens squattés ne sont plus en mesure de payer. Il faut aussi penser à eux. Nous sommes là pour rompre des problématiques."

Une problématique véritablement ancrée à Toulouse où les personnes les plus précaires ont de plus en plus de mal à pouvoir se loger.

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