Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, présentera ce 8 juillet la "feuille de route» pour éviter la répétition d’une grippe aviaire de grande ampleur, comme celles qu’ont connu les élevages de canards du sud-ouest l’hiver dernier. L’école vétérinaire de Toulouse a proposé des mesures.
De novembre 2020 à mai 2021, la France a recensé près de 500 foyers de grippe aviaire dans des élevages de volailles du sud-ouest, dépassés par la propagation du virus H5N8, hautement pathogène. De l’abattage préventif avait même été nécessaire pour enrayer les contaminations, principalement des canards.
La filière ayant déjà été durement touchée depuis 2016, le gouvernement s’était engagé à fournir une « feuille de route » pour éviter une nouvelle crise. "Ces épizooties récurrentes posent des questions de fond sur l'organisation des filières, notamment dans le Sud-Ouest", ont indiqué des experts de l'agence sanitaire Anses, dans un rapport publié fin mai.
Ce rapport fait notamment mention d’un trop grand nombre de canards en plein air, malgré la consigne de mise à l’abri. Cela aurait favorisé, avec les oiseaux migrateurs, la propagation du virus, encore accrue lors de la période allant du 15 novembre au 15 mars. En effet, au moment des migrations descendantes, le risque est plus fort.
Il est donc question de diminuer la taille des élevages afin de permettre que les animaux soient rentrés pendant les périodes critiques.
Une nécessaire réduction de la taille des élevages
La chaire de biosécurité de l'école nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) a travaillé à évaluer les risques associés aux densités de population dans les élevages.
Le responsable de la chair de biosécurité de l'ENVT, Jean-Luc Guérin, indique que "plusieurs dizaines de personnes se sont réunies de nombreuses fois pendant les 3 derniers mois afin de travailler sur différents thèmes en vue de fournir au gouvernement des "aides à la décision".
Il est important de choisir le bon dosage entre protection sanitaire et préservation des différents modèles de production
On s’attend notamment à voir figurer dans la feuille de route une mention des zones à risque de diffusion (ZRD), soit des zones de haute densité de canards prêts à gaver. Cette cartographie se baserait sur les précédentes crises de 2015-2016-2017 et a été réalisée par l’école vétérinaire de Toulouse.
Cartographie et zonage ZRD, 2 solutions ?
Les syndicats Confédération paysanne et Modef, hostiles à l'industrialisation de la production de foie gras, s'inquiètent des arbitrages à venir. Ils craignent "la fin des productions de qualité de plein air en France » sans pour autant apporter une plue-value sanitaire.
Selon eux, les mesures envisagées se concentreraient sur la restriction de l'élevage plein air, sans chercher à baisser la densité des élevages et les flux de canards qui parcourent parfois de nombreux kilomètres entre les élevages et les ateliers de gavage, augmentant donc sensiblement le risque de dissémination du virus.
La feuille de route, qui sera dévoilée ce 8 juillet, vise notamment à permettre davantage d'anticipation, notamment pour les producteurs. Il leur faut en effet deux à trois mois pour adapter le nombre de têtes avant la période plus à risque qui démarre à la mi-novembre. Des mesures seront également prises pour détecter précocement les foyers de contamination.
L'Anses a rappelé que le risque de transmission à l’homme n’était pas nul. Des cas ont été rapportés en Russie au début de l’année 2021.