Depuis mardi 28 février, les premiers travaux de démolition d'un immeuble du quartier de la Reynerie, à Toulouse, ont commencé. Malgré les propositions de relogement du bailleur, une dizaine de familles vivent toujours sur place.
Une dizaine de familles et même un commerçant. Depuis mardi 28 février, l'immeuble Gluck, situé dans le quartier de la Reynerie a commencé à être démoli. Un permis de démolition était bien présent au pied de l'immeuble depuis près d'un an, mais les habitants disent ne pas avoir été prévenus du début des travaux.
Des habitants toujours sur place
"Il y a ce panneau certes, mais des discussions avaient encore lieu pour tenter d'annuler cette opération" explique Jean-Louis, un habitant du quartier. Il poursuit : "on en a informé notre avocat, elle nous a expliqué que la loi précise qu'on ne peut pas entamer une démolition dès lors que l'immeuble est habité. Ce qui est le cas ici. On va déposer un référé au tribunal prochainement".
Depuis deux jours, des ouvriers s'affairent à enlever les garde-corps, visibles depuis la rue, ainsi que des portes, à l'intérieur du bâtiment. Une majeure partie des habitants ont été évacués et relogés dans d'autres immeubles. Pour les quelques famille restantes, elles n'étaient pas parvenues à se mettre d'accord avec le bailleur pour relogement. Elles logent donc toujours sur place et ce même si les désagréments ont lieu jour et nuit.
"Il y a beaucoup de nuisances sonores dues aux travaux la journée, mais la nuit il y a également du bruit puisque les ouvriers en profitent pour recharger leurs outils" détaille Jean-Louis.
Propositions de relogement
"Aujourd'hui est mené un travail de déconstruction sélective des cages inoccupées", reconnait le bailleur dans un communiqué. La direction du groupe des Chalets tient à rappeler que dans le cadre de cette déconstruction, un accompagnement des locataires a été mis en place pour leur relogement. "Plus de 94% des familles ont déjà été relogées à ce jour, soit 180 relogements réalisés sur 208 logements", précise le bailleur.
Une dizaine de familles reste à accompagner dans leur relogement. Toutes ont été déjà rencontrées par les équipes du Groupe des Chalets qui les accompagnent pour trouver une ou plusieurs solutions de relogement adaptées à leurs attentes.
Groupe des ChaletsCommuniqué de presse du 1er mars 2023
Le bailleur rappelle également que ce relogement qui s'inscrit dans le cadre du Nouveau programme national de renouvellement urbain est une procédure réglementée. "C'est un vrai accompagnement sur-mesure qui, par ailleurs, est encadré et validé par l'État".
Un conflit qui date
Depuis plusieurs années, un collectif citoyen "l'Assemblée d'habitants la Reynerie" ainsi que le "Collectif des Architectes en défense du patrimoine architectural de l’équipe Candilis-Josic-Woods au Mirail" se battent contre ce projet municipal visant à la démolition de plusieurs immeubles du quartier, certains notamment construits par l'architecte George Candilis.
Les opposants à la démolition jugent que ces résidences revêtent une importance architecturale ainsi qu'une "grande qualité" de construction. Deux pétitions sont d'ailleurs en ligne pour empêcher ces démolitions, tandis que sur le groupe Facebook "Pour la défense du Mirail", cri d'alarme et appel à la mobilisation générale restent d'actualité.
L'évolution du cadre de vie du quartier de la Reynerie de Toulouse fait partie du Grand projet de ville depuis 2002 et du Nouveau programme national de renouvellement urbain. Sur les dix-neuf résidences Candilis concernées, six vont être démolies, soit 1160 logements. "Les treize autres seront réhabilitées après une période de concertation avec les habitants", tient à rappeler le groupe des Chalets.