Les bacs à compost collectifs sont de plus en plus nombreux à Toulouse (Haute-Garonne) et dans l'agglomération. Voulus et co-gérés par les habitants, ils sont installés par la Métropole qui assure la formation des participants. Une initiative pleine de sens et de (belles) surprises...
"Qu'est-ce qu'on met dans le bac à compost ?" Les réponses fusent : "les restes de repas, les épluchures, les sachets de thé, le marc de café, les coquilles d'œufs, les serviettes en papier". Facile ! Ça l'est moins quand Hélène Voyen, chargée de mission compostage, pose la question de ce qu'on ne met pas. "Coquilles d'huîtres, litières d'animaux...".
Silence. Pas d'antisèche. Les regards interrogatifs se tournent vers l'experte qui enchaîne : "les sachets de thé synthétiques. Tout ce qui est synthétique est exclu, les mégots de cigarettes bien sûrs."
Les bacs à compost viennent d'être installés dans cette copropriété du quartier de la Patte d'Oie à Toulouse (Haute-Garonne). Ils ont été montés par les habitants eux-mêmes. Une vingtaine de participants sont là, locataires comme propriétaires. Tous réunis grâce au groupe WhatsApp qu'a créé Caroline Tanguidé, l'une des habitantes de la résidence.
Avec mon compagnon, on ressentait cette absurdité de jeter nos restes, nos déchets de table dans la poubelle noire sachant qu'ils sont incinérés.
Caroline Tanguidé, une habitante de Toulouse
"Dans notre ancien appart, on avait un bokashi, poursuit Caroline, un seau étanche qui était collecté tous les mois. Là on s'est dit : pourquoi pas un composteur ?".
Un petit pas...
"Les ressources de la planète sont limitées. On a conscience qu'il faut qu'on change nos pratiques à tout niveau. Là c'est un petit pas, mais il a le mérite d'exister. Quand on en a parlé dans les couloirs, tous les voisins ont répondu : "on s'en servira".
Caroline remplit un formulaire sur le site de Toulouse Métropole avec l'aval de la copro. Un premier rendez-vous a eu lieu avec les chargés de mission pour étudier la faisabilité et l'emplacement. Ce soir, on est dans la deuxième phase du projet : l'installation et la formation des personnes intéressées. Elles suivent une brève initiation et récupèrent leur bio-seau.
Accompagnement et suivi
Le groupe apprend à gérer les 2 bacs installés par Toulouse Métropole au pied de l'un des immeubles : le bac d'apport dans lequel on verse les déchets collectés dans sa cuisine et le bac de maturation qui va permettre au compostage de se faire tranquillement. En amont le collectif a créé avec des palettes, un bac de broyat (branchages, feuilles...) qui va permettre d'aérer le compost et de le transformer.
"La surprise, ça a été le lien. Ce qu'on a beaucoup aimé, c'est de constater comme ça nous a rapprochés en tant que voisins. Ce n'est pas ce qu'on cherchait mais c'est très positif en fait. L'autre point fort, c'est l'accompagnement de Toulouse Métropole parce qu'au départ, on est de simples citoyens, experts de rien du tout sur le sujet. C'était hyper-aidant d'avoir cette asso qui nous accompagne".
Retrouver du sens
De fait, les experts comme Hélène Voyen sont prestataires pour Toulouse Métropole. Mais tous sont salariés de l’association Humus&associés fondée en 2012 avec l'objectif de promouvoir et développer le compostage de proximité en Haute-Garonne.
"Pour ma part, je suis à Humus&associés après une reconversion, confie Hélène. Je travaillais dans la mode mais je voulais retrouver du sens et être en lien avec l'environnement, savoir que je me levais le matin pour que la Terre aille mieux et les humains aussi. Notre asso accompagne les collectivités, les entreprises, les citoyens dans la mise en œuvre de solutions de valorisation de leurs déchets organiques".
Humus&associés est implantée avec 11 autres associations à Edenn, espace d'expérimentation dédié à l'alimentation et à l'agriculture urbaine. Son emplacement : le quartier des Izards à l'intérieur de la Rocade.
"C'est Toulouse Métropole qui est propriétaire de cette parcelle d'1,7 hectare, explique Jean-Baptiste Assouad, coordonnateur du site. C'est un espace de coopération et d'expérimentation de la nature urbaine. Un lieu totem de Toulouse Métropole Impact dédié à l'agriculture urbaine et à l'alimentation responsable". "
Sur Edenn, on va retrouver des structures qui vont mener des projets assez variés sur les thématiques de l'agriculture urbaine et de l'alimentation, qui vont expérimenter, coopérer, profiter des synergies du lieu et des espaces mutualisés pour progresser dans leurs projets".
"On va avoir un aspect plus agriculture urbaine avec la production de plans, de légumes directement sur site. Et puis on va avoir un pôle centré plutôt vers les déchets. D'abord les déchets organiques pour faire du compost qui sera valorisé sur site. Et ensuite pour une petite partie, le réemploi des déchets issus des chantiers de construction du bâtiment".
Effectivement, fruits et légumes de saison sont cultivés ici par la société La Milpa qui implante des potagers dans des résidences urbaines avec des ouvriers agricoles en insertion. A côté, des habitants qui n'ont pas de jardins peuvent accéder à des carrés potagers semés et irrigués par un professionnel de la Scop Terreauciel. Questions, échanges, la transmission se fait au jour le jour. On apprend à devenir autonome avec son jardin avant d'accéder pourquoi pas à un jardin ouvrier.