Toulouse : les auteurs de polars en quête de reconnaissance

60 auteurs de polars sont à Toulouse pendant trois jours, à l'occasion du 7ème festival international du livre policier. Leur "profession" pèse un quart des ventes de livres en France mais les auteurs de littérature noire sont en quête de reconnaissance. 

Ils représentent un quart des ventes de livres en France. Mais loin de s'en enorgueillir, les auteurs de romans noirs réclament la même reconnaissance que les écrivains de littérature dite blanche.

"Le roman noir c'est du roman, du bon roman qui a du sens", affirme Aurélien Masson, patron de la collection Série Noire chez Gallimard au 7e festival international du livre policier de Toulouse, qui a rassemblé quelque 60 auteurs de vendredi à dimanche. "On oublie que dans polar, il y a art", clame ce patron de collection qui a réduit le nombre des sorties par an de 50 à 15 pour privilégier la qualité. Et de s'agacer qu'en France, on s'oblige à différencier les auteurs de polars et les autres.

"Plus le polar marche, plus il est confronté aux clichés", regrette Aurélien Masson.
Ce que déplore également  Patrick Pecherot, prix transfuge du polar 2015 (Plaie Ouverte/Série noire): "Il n'a pas la même reconnaissance".
"Les grand prix littéraires ne vont pas à ce type de livres", dénonce-t-il. A l'exception peut-être de La Vérité sur l'affaire Harry Quebert du Suisse Joël
Dicker, sélection finale du Goncourt, prix de l'Académie Française et Goncourt des lycéens. "Mais il n'a jamais été présenté comme un polar", remarque Jean-Paul Vormus, président de l'association Polars du Sud.
"Il y a quelques années un critique américain avait créé la polémique en proposant le Nobel de littérature à Stephen King. A ses yeux, il représentait le meilleur d'un genre en vogue", relève également Donato Carrisi, l'auteur italien le plus lu dans le monde, qui vient de publier Malefico (Calmann-Levy).
"Maintenant, ce prix pourrait aussi aller à un auteur de policier. Mais cela n'arrivera jamais", regrette-t-il.

Longtemps qualifié de "roman de gare", le polar doit désormais répondre à des critères de qualité d'écriture. "Il y a un travail d'esthétique et d'éthique",
estime l'Espagnol Victor Del Arbol, grand prix de la littérature policière (Toutes les vagues de l'océan, éditions Actes sud).
"L'intérêt des polars est qu'ils sont de plus en plus sociétaux", remarque le Britannique Graham Hurley (L'incendie/Le Masque), dont les romans sont adaptés sur France 2 (Deux flics sur les docks).

A la manière de Zola et Hugo

"C'est une occasion d'explorer la société, de connaître son voisin en restant assis dans son fauteuil", ajoute-t-il, estimant que le polar d'aujourd'hui, c'est
les ouvrages d'Émile Zola ou de Victor Hugo d'antan.
"Les gens aiment les polars parce qu'ils pensent que leur survie dépend de la façon dont ils se comprennent eux-mêmes et dont ils comprennent les autres", renchérit son compatriote Roger J. Ellory (Les Assassins/Sonatine)
Mais "attention", prévient Aurélien Masson, "si on enlève les têtes d'affiche, de nombreux auteurs ne vendent pas beaucoup".

Les polars français d'ailleurs rivalisent difficilement face aux romans noirs américains, scandinaves, italiens, allemands, britanniques ou russes. Rares sont les élus à inscrire leurs noms sur la liste des meilleures ventes, à l'instar de Maxim Chattam, Karine Giebel, Franck Tilliez ou encore Fred Vargas.

A Toulouse, comme dans les autres festivals du polar qui se multiplient dans l'hexagone, avec une centaine chaque année, les fans se pressent
devant quelques vedettes.  Parmi les écrivains remarqués, Christophe Guillaumot, capitaine de police au SRPJ de Toulouse et prix du Quai des orfèvres 2009 (Chasse à l'Homme/Fayard) est venu pour son deuxième livre (Abattez les grands arbres/Carin).

"Policier, c'est comme un polar: ça fait rêver", constate l'un des rares policiers encore en activité à publier.
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