Une colonne antique aurait été mise au jour au mois de novembre 2018, sur le chantier de Saint-Sernin, à Toulouse. Cette découverte rouvre la polémique sur l'absence de fouilles archéologiques sur ce site antique de Toulouse.
Décidément, les travaux autour de la basilique Saint-Sernin n'en finissent pas de heurter la sensibilité des amoureux de l'histoire et du patrimoine
Ce chantier, en effet, n'a pas fait l'objet de fouilles archéologiques. Une campagne de fouilles a bien eu lieu, en surface, à l'été 2015 mais le sous-sol de Saint-Sernin, site antique de la ville rose, n'a jamais été intégralement sondé. La ville de Toulouse ne le souhaitait pas.
Cette décision avait à l'époque choqué bon nombre de citoyens épris d'histoire. Pour eux, la mairie manquait ainsi de considération envers le patrimoine toulousain. La ville de Toulouse a en effet pris le parti d'employer des matériaux réversibles : le nouveau parvis n'endommagera pas les vestiges, ce qui permettra aux générations futures de fouiller plus avant, si elles le souhaitent.
La poursuite des travaux autour de l'ancienne abbaye médiévale de Saint-Sernin, détruite au début du 19ème siècle, vient de rouvrir la plaie. Mercredi 21 novembre 2018, la présidente de la société archéologique du Midi de la France, Emilie Nadal, a diffusé sur les réseaux sociaux une série de photos montrant des vestiges laissés à l'abandon. Notamment des fragments d'une colonne antique en marbre qui a dû servir de couvercle à un sarcophage, selon Mme Nadal. "Encore entier il y a deux semaines", écrit-elle dans un tweet, "il a été stocké avec des débris du chantier et s'est brisé".
Autour de la basilique Saint-Sernin de Toulouse, la Mairie a décidé qu’il n’y aurait pas de fouilles puisque les travaux ne devaient pas atteindre la couche archéologique. Du coup c’est quoi cette colonne antique ? ⬇️#SAMF pic.twitter.com/2l1h5zExeQ
— Emilie Nadal (@emilie_nadal) 21 novembre 2018
Le collectif pour la sauvegarde de la place Saint-Sernin, très mobilisé sur le sujet, est consterné. Il vient d'écrire à la mairie de Toulouse pour faire part de son immense déception. "On leur avait dit qu'il y aurait des découvertes !, s'exclame Danielle Patrice, porte-parole de ce collectif. "On nous avait promis une surveillance du chantier. Elle n'existe pas. Ou elle est inappropriée. Cette colonne aurait pu nous apprendre des choses. De plus, on nous a menti : contrairement à ce qu'on nous avait promis, ils creusent bien au-delà des 60 centimètres".
La mairie de Toulouse réfute ces accusations. Elle précise notamment que l'archéologue du Service Archéologique de Toulouse Métropole est toujours sur site où il opère une surveillance du chantier "très rigoureuse et approuvée par l’Etat via sa Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC)".
D'autre part, "les terrassements n’excèdent pas les 30 cm, voire moins parfois", assure la ville. "S’il y a eu des terrassements plus profonds par endroits, c’est qu’il s’agissait de zones qui avaient déjà fait l’objet de fouilles, nous savions donc qu’en ces lieux précis il n’y avait aucun risque de dégradation de vestiges".
Quant au couvercle évoqué plus haut, il aurait été déjà cassé, selon la mairie, probablement au XIXe siècle.