L'école privée confessionnelle musulmane Al-Badr n'a pas réouvert à la rentrée. Son directeur ainsi que le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) dénoncent un "acharnement administratif". Le Rectorat refuse de communiquer sur le sujet.
"Ecole coranique" ou "établissement privé confessionnel hors contrat", l'école Al-Badr, située à Toulouse dans le quartier des Pradettes, constitue un sujet pour le moins sensible. Au rectorat de l'académie, on le répète en boucle : "on ne communique pas sur cet établissement".Pas question donc de répondre à la campagne de mobilisation lancée par cette école sur les réseaux sociaux pour dénoncer "un véritable harcèlement administratif de la part des autorités locales". Au mois de juillet, l'Education Nationale aurait ainsi mis en demeure les parents d'une centaine d'enfants - jusqu'alors scolarisés à Al-Badr de la petite section au CM 2 - de les inscrire dans un autre établissement. Une décision qui ferait suite à de nombreuses visites de l'Inspection du travail, de l'Inspection d'académie et de la police dans l'établissement. Une décision qui serait motivée par une procédure en cours (sans qu'on en sache plus) pour infraction au Code du travail. Selon nos confrères de Côté Toulouse, un rapport de l’inspection académique d’avril 2016 indiquerait que les élèves se seraient entraînés au tir lors d’une sortie scolaire dans un complexe ludique de laser game.
Le Collectif contre l'islamophobie en France rappelle dans un communiqué que "la liberté d'enseigner est une liberté fondamentale, reconnue en France depuis la loi Goblet de 1886". "Elle permet l'existence d'établissements scolaires privés confessionnels", ajoute le CCIF. Le Collectif explique enfin que "malgré un recours gracieux formé par l’Ecole Al-Badr contre cette mise en demeure, apportant toutes les justifications nécessaires et la proposition d’un rendez-vous rapide avec les services de l’Etat pour qu’une solution commune soit trouvée avant la rentrée, rien n’y fait. L’Education nationale refuse d’ouvrir un réel dialogue avec l’école Al Badr et d’infléchir sa position. Elle laisse plusieurs dizaines de familles sans solution pour la rentrée".
Au mois d'avril dernier, la ministre de l'Education Nationale avait clairement indiqué que les écoles confessionnelles hors contrat étaient dans le viseur du gouvernement. Najat Vallaud-Belkacem avait évoqué sur France 2 la possibilité "compte tenu des risques de radicalisation auxquels nous sommes confrontés, de passer d'un système de déclaration (pour ouvrir ces établissements) à un système de contrôle à priori, c'est-à-dire d'autorisation". Au Rectorat de Toulouse, on confirme juste que "le système de déclaration est toujours en cours. Le code de l'Education n'a pas changé".