Ils ne font pas partie des salariés et soignants équipés systématiquement de masques FFP2. Les personnels du bloc opératoire du CHU de Toulouse estiment ne pas avoir été assez protégés pendant la crise du coronavirus. Après une mise en demeure, le collectif Inter Blocs a porté plainte ce lundi.
2 semaines après le déconfinement, le nombre de malades du Covid-19 diminue au CHU de Toulouse mais pas la tension entre le personnel du bloc opératoire et la direction de l'hôpital.
Privés de masque FFP2
Depuis le début de la crise du coronavirus, le personnel du bloc opératoire travaille avec des masques chirurgicaux classiques. Les modèles FFP2 sont réservés au service de réanimation. Principal argument, le Covid-19 ne se transmettrait que par gouttelettes.
Le problème des masques chirugicaux, c'est qu'il sont moins étanches et mois stables que les FFP2, nous explique Julien Terrié du syndicat CGT au CHU de Toulouse. Les gouttelettes peuvent très bien rentrer par les côtés. Et dans le milieu stérile du bloc opératoire, on ne peut pas réajuster ou toucher notre masque sans prendre un risque.
La direction du CHU mise en demeure
A la mi-avril, le collectif Inter Blocs, qui regroupe plusieurs dizaines d'hôpitaux, a décidé de mener une action de groupe avec l'avocat Maître Fabrice Di Vizio. Pour commencer, une lettre de mise en demeure a été envoyée aux directions de 32 CHU dans l'hexagone.
Résultat : Un seul CHU est prêt à ouvrir des discussions. Certains estiment appliquer les standards demandés. D'autres, comme Toulouse, n'ont pas répondu.
Pour Toulouse, on sait de façon certaine, qu'ils ne veulent pas donner de FFP2 nous confie l'avocat du collectif. Selon des témoignages reccueillis sur place, la direction semble assumer et estime que les FFP2 ne sont pas nécessaires. Nous on demande à faire appliquer le principe de précaution, c'est dans le code du travail.
Le collectif Inter Blocs et son avocat se basent sur les dernières études et recommandations internationales. Contrairement à la Société Française d'Hygième Hospitalière, elles n'excluent pas la transmission du virus par l'air.
Les masques FFP2 devraient être distribués pour tous les soins sans exception, explique Julien Terrié. On a des collègues en psychiatrie qui se sont fait éternuer ou cracher dessus. Comment voulez-vous dans ces conditions être protégé avec un simple masque chirurgical ?
Plainte pour mise en danger de la vie d'autrui
Ce lundi, le collectif Inter Blocs a décidé de déposer une plainte pour mise en danger de la vie d'autrui à l'encontre de 31 CHU, dont Toulouse.
— Fabrice Di Vizio (@DIVIZIO1) May 26, 2020
Il appelle tout salarié, qui se sentirait en danger grave et imminent, à faire valoir son droit de retrait et à refuser de travailler à minima dans les blocs opératoires, sauf pour les urgences vitales.
Une question de stock insuffisant ?
Depuis 2 mois, la pénurie de masques est une question sensible en milieu hospitalier. La Direction Générale de la Santé estime pourtant avoir distribué suffisamment de masques aux hôpitaux.
A Toulouse, il y a du stock affirme maître Di Vizio. Et nous comptons bien enjoindre l'hôpital à nous les fournir. Nous verrons bien s'il s'agit ou non d'un problème de pénurie.
Les salariés du bloc opératoire, comme leurs collègues, attendent désormais le Ségur de santé, Cette grande consultation nationale est destinée à la refonte du système de santé via l'étude de la hausse des salaires, du temps de travail, et de la future gouvernance des hôpitaux.
Une grande journée de mobilisation pour sauver l'hôpital public est prévue le 16 juin prochain.