Au lendemain de l'annonce de 5 000 suppressions de postes chez Airbus en France, les salariés expriment leurs inquiétudes. C'est le choc aussi du côté des sous-traitants.
"On est inquiet c’est clair", reconnaît ce salarié rencontré devant l’entrée d’Airbus à Saint-Martin du Touch. De ce côté-là de l’entreprise ce sont ceux que l’on appelle les cols blancs, les ingénieurs, les employés qui travaillent dans les bureaux dans les différents services du groupe. Rares sont ceux qui acceptent de s’arrêter quelques minutes pour parler aux journalistes.Au volant de sa voiture le salarié s’excuse déjà de ne pas être trop au courant. Il revient de Chine, il est un peu déphasé dit-il. Mais il sait, comme tout le monde désormais, que son entreprise a annoncé le nombre de réduction d’effectifs : environ 15 000 dans le monde, près de 5 000 en France. La répartition des suppressions de postes sites par sites n’a pas encore été annoncée par Airbus.Il travaille depuis 15 ans chez Airbus et a déjà connu un plan social qui avait été baptisé Power Eight. Celui -là lui semble selon lui de plus grande ampleur. Combien de salariés sont menacés à Toulouse ? Personne ne le sait encore. L’entreprise compte plus de 25 000 employés autour de la ville rose. Les syndicats du groupe ont déjà annoncé qu’ils se battraient pour empêcher les licenciements mais une élue s’inquiète du dispositif qui se dessine. Selon la syndicaliste, on ne parle pas de licenciement mais de départs non volontaires. Elle sait que tous les salariés seront touchés : environ 1/3 de cols bleus (ouvriers à la production) et 2/3 de cols blancs.
"C’est un choc pour le milieu de l’aéronautique", dit ce prestataire qui semble moins inquiet.
On a Airbus comme client mais on a aussi d’autres clients heureusement pour nous. Donc j’espère qu’on va arriver à se sortir de là mais c’est vrai que pour nous malgré tout c’est un gros choc aussi parce que Airbus entre en grande partie dans notre chiffre d’affaires.
"Je ne suis pas airbusien, je suis sous-traitant," annonce d’emblée un salarié qui met pied à terre de son vélo pour répondre aux journalistes. "On est les premiers à être touchés quoi ! Quand Airbus va pas bien, les prestataires que nous sommes on est les premiers impactés. Donc évidemment l’annonce de tout ça n’est pas réjouissant.
On s'y attendait un peu. Ce qui a d’inquiétant c’est pour la région aussi, ça impacte les restaurants…tout quoi. Cela risque d’être catastrophique pour la région. Il faut espérer qu’Airbus retrouve un second souffle pour que nous prestataires on arrive à s’en sortir aussi.
Ce mercredi, le secrétaire d’Etat aux transports a indiqué que les dispositifs d’aide de l’Etat devraient permettre de sauver 2 000 emplois sur les 5 000 postes qu’Airbus entend supprimer. De quoi, peut-être, rassurer les nombreux salariés de l’entreprise. Jean-Baptiste Djebbari a également précisé que l’Etat demandait à Airbus de faire en sorte qu’il y ait le moins de départs contraints, le moins de licenciements secs possible.
En images le reportage de Benoît Roux et Régis Guillon