Stéphanie Laurès, professeur de français, est malvoyante. Malgré son handicap, elle a jusqu'ici toujours réussi à exercer son métier avec l'aide d'un assistant. Mais depuis le début de l'année, le contrat de son accompagnant a été revu à la baisse par le Rectorat. Une situation qui la révolte.
Stéphanie Laurès est professeur de français depuis 16 ans. Elle enseigne actuellement dans un collège de la banlieue toulousaine. Malvoyante, elle a besoin pour assurer ses cours d'un Accompagnant de Personnel en Situation de Handicap (A.P.S.H). Une personne qui est présente à ses côtés, face à la classe, 18h par semaine, pour valider l'appel par informatique, noter les devoirs sur le cahier de textes informatique en fin de cours, ou encore surveiller de façon plus générale le comportement des élèves.
Je dis souvent à mes élèves que cet accompagnant remplace mes yeux, il fait ce que je ne peux pas faire en raison de mon handicap
Stéphanie Laurès, professeur de Lettres Modernes
Le rôle de cet accompagnant se poursuit en dehors des heures de classe pour aider à la correction des copies, à la saisie des notes ou des appréciations sur les bulletins.
Un contrat d'accompagnant à 80%
En décembre dernier, celui qui assistait depuis un an et demi Stéphanie à temps plein, 40h par semaine, décide de démissionner. Le Rectorat de Toulouse recrute une remplaçante. Problème : son contrat de travail stipule qu'elle épaulera désormais la professeur malvoyante non plus à 100%, mais à raison de 31h30 par semaine, c'est à dire à 80%. Un volant d'heures d'assistanat (170h) est également programmé de façon étalée durant l'année scolaire.Pour le rectorat, une réorganisation s'impose
Contacté, le Rectorat de Toulouse justifie cette baisse du nombre d'heures octroyées à l'assistanat. "Ce que nous souhaitons", explique Philippe Destable, inspecteur d'Académie adjoint de Haute-Garonne, "c'est réinterroger avec cette professeur le contenu de ses taches professionnelles. Il ne s'agit pas de reproduire le schéma d'accompagnement actuel, qui n'était pas satisfaisant. Nous ne cherchons pas une réponse quantitative, mais qualitative. Nous voulons mettre en place toute une équipe pour réorganiser cette approche : un médecin de prévention, un ergonome du travail, un inspecteur pédagogique ainsi que le chef d'établissement."Un sentiment d'injustice et d'incompréhension
De son côté, la professeur de français n'en démord pas. Elle estime que cette baisse d'heures d'accompagnement la pénalise, et l'empêche d'assurer correctement sa mission auprès des élèves (28 en moyenne pour les 4 classes de collège qu'elle encadre), notamment pour la correction des copies qui s'en retrouve ralentie.J'ai un sentiment de colère, d'incompréhension, d'injustice... Et je me sens seule face à cette situation. Cette histoire de 80%, c'est comme si vous donniez à quelqu'un qui n'a pas de jambes un fauteuil d'handicapé avec une seule roue.
Déterminée, Stéphanie Laurès a interpellé le Ministère de l'Education Nationale, les syndicats d'enseignants, ainsi que le défenseur des droits.