Toulouse : "Projet Ouistiti" des séances photos gratuites proposées par un étudiant pour les étudiants

Pour aider certains de ses camarades à trouver un stage ou un emploi saisonnier, un étudiant toulousain a décidé de leur proposer des séances photos gratuites pour leur CV. C'est le projet "Ouistiti !" lancé début mars dans une résidence universitaire de la ville rose.

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Un drap blanc tendu entre deux poteaux de métal, un parapluie de lumière et un appareil vissé sur son pied... En quelques minutes, la fresque peinte sur le mur et les piles de chaises ont disparu du décor. Le foyer de la résidence universitaire Daniel Faucher de Toulouse vient de se transformer en petit studio photo. Mansoura, Guillaume, Marine ou encore Antoine sont venus se faire tirer le portrait cet après-midi là.
Derrière l'objectif, Eric La, un étudiant comme eux, qui a décidé de proposer début mars des séances photos gratuites pour aider ses camarades à peaufiner leur curriculum vitae et trouver des stages ou des emplois.

Un projet étudiant pour les étudiants

"Tout a commencé quand ma voisine de résidence universitaire est partie parce qu'elle n'avait plus aucun moyen et qu'elle n'arrivait pas à trouver d'emploi" explique Eric La. "Je me suis dit alors que j'avais perdu une amie et que j'aurais peut-être pu l'aider".
Etudiant, passionné de photo, mais lui aussi, "en panne d'objectifs" à cause de la pandémie, il a alors l'idée d'utiliser son temps et son matériel pour proposer des séances photos gratuites pour répondre à sa façon "à la détresse des étudiants". 

Je me suis dit, j'ai du temps, j'ai du matériel et j'ai des compétences pour apporter ça. Je sentais surtout qu'il y avait un besoin, surtout pendant cette période, pour que les étudiants puissent trouver des stages et aussi des emplois saisonniers pour subvenir à leurs besoins.

Eric La

Quelques minutes pour une dizaine de photos

La séance commence par les portraits "classiques" sur fond neutre, ceux qui sont destinés aux CV. De face ou de trois-quart, Eric guide ses sujets, essaie de les détendre, pour qu'ils soient à l'aise face à l'objectif. Un tour a été défini à l'avance et les candidats se succèdent très vite face à lui, dans une petite chorégraphie bien orchestrée.

La séance se poursuit ensuite à l'extérieur, pour une série de clichés plus naturels. Au final, après les avoir retravaillés un peu sur son ordinateur, Eric leur en enverra une dizaine, dont ils pourront faire ce qu'ils voudront.

Au-delà du cliché utile pour les candidatures, il a le sentiment d'aider certaines personnes à reprendre confiance en elles.

Il y en a beaucoup qui sont venus très timides, ne sachant pas à quoi ça allait ressembler ni à quoi ils allaient ressembler sur les photos et au final, ils en ressortent avec beaucoup plus de confiance en eux. C'est ça qui me plaît, je fais quelque chose que j'aime et que les autres aiment.

Eric La

Un lien social

En quelques semaines, 12 sessions photos ont déjà été réalisées, 437 photos ont été délivrées et beaucoup de liens se sont créés explique-t-il.

Au-delà de l'aspect concret qui est de trouver des emplois, il y a aussi un aspect social. Les étudiants sont six par session, ça crée des contacts. Au sein de cette résidence, personne ne se connaissait au départ et aujourd'hui, des amitiés se sont créées.

 Eric La

Guillaume, étudiant en première année en histoire en témoigne. Il fait partie des premiers étudiants photographiés par Eric. Venu pour améliorer son CV, il dit avoir fait des rencontres grâce à cette séance au foyer. Antoine, étudiant en lettres modernes apprécie lui aussi l'initiative. "Je trouve ça cool" dit-il, "ça rend service aux gens. Moi, j'ai besoin de ces photos pour mes candidatures en master. C'est un peu cher, quand on est étudiant, de se payer les vrais services d'un photographe, donc là, c'est cool".

Du bénévolat... à un emploi

Le CROUS lui aussi semble avoir apprécié le lien social créé par Eric dans sa résidence. Après quelques semaines de bénévolat, il lui a proposé l'un des emplois référents qu'il a créé pour aider les étudiants pendant la crise sanitaire. Eric touche désormais un Smic horaire pour son projet Ouistiti. Et il a aussi eu droit à une bourse de 1 500 euros de la commission culture du CROUS. "Cela a pris une ampleur que je n'imaginais pas" dit-il aujourd'hui. "Tout ce petit projet, c'est devenu une aventure pleine de surprises et d'énormément de rencontres".

Et des rencontres, Eric va en faire d'autres. Ralenti par le confinement, le projet Ouistiti se déconfine à son tour, comme prévu initialement. Après les séances organisées cité Daniel Faucher, il va partir à la rencontre d'autres étudiants, dans d'autres résidences universitaires.

Prochains rendez-vous, les 8 et 9 juin, cité Chapou, à Toulouse. Et sur cette page dédiée pour découvrir les premiers clichés.

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