En 2015, lors d'une représentation de Tristan et Isolde, un rocher de 212 kg manque d'écraser le ténor américain sur la scène du théâtre du Capitole.
Sabotage ou pas, 4 ans après, la justice n'a pas fait la lumière sur cette affaire.
Ce 28 janvier 2015, il est 23h30 quand s'achève au théâtre du Capitole, la première de Trisan et Isolde, le célèbre opéra de Richard Wagner.
Dans ce dernier acte tragique, Tristan est étendu sur le sol tandis que s'abaisse lentement sur lui un rocher de 212 kg symbolisant sa pierre tombale.
La scène est bien réglée. Les machinistes responsables de la manoeuvre veillent à faire descendre l'énorme bloc suspendu par des câbles, pour qu'il s'arrête à 60 cm du ténor américain Robert Dean Smith.
Ce soir là, rien ne se passe comme prévu : le lourd rocher en carton-pâte poursuit inexorablement sa descente jusqu'à 10 cm du sol, le chanteur allongé sur la scène roule sur le côté pour éviter d'être écrasé.
Le public amusé par la résurrection soudaine de Tristan n'y verra qu'un problème technique, mais 4 ans après, l'enquête révèle un scénario inimaginable.
L'enquête a d'abord débuté en interne, selon les éléments du journal Le Parisien, qui nous ont été confirmés par Me Alexandre Martin, avocat du principal suspect.
La direction du Capitole a cherché à savoir si l'ordinateur chargé de piloter les cintres (ces câbles d'acier qui soutiennent les décors) ne présentait pas de défaillance technique, mais ils réalisent que la programmation informatique a été volontairement modifiée, la veille de la représentation à 18h19.
Dans l'équipe de machinistes, six techniciens sont capables de faire fonctionner le logiciel, et le soir de la représentation, deux d'entre eux sont présents, dont Nicolas S. La veille, il est le seul à être encore sur place en cette fin d'après-midi.
Pourquoi ce père de famille, salarié du théâtre du Capitole depuis 15 ans, aurait-il voulu intenter à la vie du ténor Robert Dean Smith ? Le scénario ne tient pas et l'enquête s'oriente vers un règlement de compte entre machinistes sur fond d'ambiance de travail délétère.
Les soupçons se portent essentiellement sur Nicolas S.qui a de bonnes raisons de se venger de son collègue Richard R..C'est lui qui est aux commandes le soir de la première. Selon le rapport d'enquête de police, les deux hommes se vouent une véritable haine.
Pourtant Nicolas S. clame son innocence. Ses avocats, Me Alexandre Martin et Me Emmanuelle Franck, estiment que le dossier ne tient pas et que les accusations ne reposent sur rien, car à 18h23, soit 4 minutes après la supposée manoeuvre de sabotage, le téléphone de Nicolas S. borne une dernière fois au Capitole, sans savoir si celui-ci se trouvait à l'intérieur ou dans la zone du théâtre.
La seule certitude, est que l'homme a effectué des achats à 19h01, à 12 km de là, et qui lui était impossible de rejoindre cette grande surface en une demie heure de Toulouse en pleine heure de pointe.
Selon Alexandre Martin, "le timing ne tient pas et deux solutions sont envisageables : soit les machinistes sont tous les deux machiavéliques, soit l'incident est purement technique, dû à une défaillance de la machine particulièrement décriée par les théâtres qui l'utilisent déjà."
Après 4 années, une enquête préliminaire, une convocation au tribunal, et un renvoi devant le juge d'instruction, le juge n'a pas statué sur la clôture ou non du dossier.
Les avocats de Nicolas S. vont solliciter le magistrat pour lui demander un non lieu.
Le technicien, seul mis en examen dans ce dossier a été muté après cet incident dans un autre théâtre de la ville, où il est toujours en poste.