Un avocat du barreau de Toulouse est soupçonné de viol et agressions sexuelles. Le Parquet a recueilli six plaintes et une information judiciaire a été ouverte à Montauban début 2022.
Sur le compte Instagram "Balance ton cabinet d’avocats", les témoignages se multiplient et la parole se libère. Cette page permet aux victimes d’agressions ou de harcèlement dans des cabinets de toute la France de partager leurs douloureuses expériences. Parmi les publications, celle d’une femme qui, en 2019, était assistante juridique dans un cabinet toulousain.
Elle écrit à propos d’un avocat : "La semaine d’après, j’arrive au cabinet avec un chemisier noir, ce à quoi il me dit 'Oh quel beau chemisier'. Bon je ne relève pas. Une heure après il vient à mon bureau, et glisse sa main dans mon chemiser. Je retire sa main en disant 'non'." Quelques jours plus tard, il lui envoie un SMS alors qu’elle ne travaille pas : "Demain après-midi, j’aurai préféré venir faire la sieste chez vous." Caresse sur la joue, gestes et SMS inappropriés, mais cela ne s’arrête pas là.
À la fin du repas, nous allons au cabinet, et pendant que sa femme appelle l’ascenseur, lui vient vers ma collègue et moi, il lève ma robe et y glisse sa main tout en fourrant sa langue dans la bouche de ma collègue. Nous étions tétanisées. Sa femme était derrière.
Témoignage d'une plaignante sur Instagram
Dans un premier temps, deux plaintes ont été déposées contre cet avocat toulousain. Suivies, début 2022, par quatre nouvelles plaintes. Interrogé par La Dépêche, le procureur de la République de Toulouse confirme : "Au total six jeunes femmes, qui ont collaboré avec le suspect comme stagiaire ou assistante, ont déposé plainte. Et deux d'entre elles se sont constituées partie civile".
Des "dénonciations calomnieuses" pour les avocats
À la fin du mois de décembre, l'avocat a été placé en garde à vue pendant plusieurs heures. Il n’aurait pas reconnu les faits qui lui sont reprochés. Maître Pierre Alfort, qui a assisté le suspect durant son interrogatoire, n’avait pas connaissance des dernières plaintes déposées : "Avec Me Alexandre Martin, nous nous réservons le droit de porter plainte pour dénonciation calomnieuse", tout en expliquant que son client "veut se battre, contre-attaquer". Il revient notamment sur le cas d’une ancienne collaboratrice qui accuse l’avocat de viol : "Une prétendue victime nous explique qu’elle a couché avec lui pendant six mois mais qu’elle ne se rappelle pas le jour où elle a été violée."
Une enquête a été ouverte en début d’année par le procureur. Depuis, les investigations ont été délocalisées au parquet de Montauban. Le suspect n’a pas été convoqué par la juge d’instruction et aucune mise en examen n’a été prononcée.