Toulouse : SOS Racisme traque les actes racistes à l'entrée des bars et boîtes de nuit de la ville

Deux fois par an, l'association SOS Racisme teste les établissements de Toulouse, en Haute-Garonne. Leur but : prouver qu'il existe bel et bien une sélection à caractère raciste dans certains bars ou boîtes de nuit de la métropole.

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Vendredi 3 mars, début de soirée, ils sont quelques membres de l'association à s'être réunis pour l'opération de "testing" dans un Airbnb loué pour l'occasion. Supervisée par l'un des membres du bureau de SOS Racisme 31, Marouane Zaki, leur stratégie s'organise. Les tenues vestimentaires de tous les participants sont millimétrées : elles doivent être presque identiques pour que " "la seule différence qu'il pourrait y avoir soit la couleur de peau" explique le jeune homme. 

Derniers préparatifs réglés, des groupes "test" sont formés et composés "de personnes d'origine subsaharienne ou maghrébine" : "Vous partirez à trois. Si l'un de ces groupes se fait refouler, on envoie un groupe "de contrôle" composé d'Européens blancs". Une stratégie rondement menée qui a déjà porté ses fruits, notamment dans le secteur de l'immobilier et du tourisme.

"Il faut que rien ne puisse se retourner contre nous"

22 heures, les bénévoles sont à quelques rues de l'établissement qu'ils s'apprêtent à tester, de façon à ne pas être démasqués. Les bars et boîtes de nuit sont ciblés en fonction des commentaires laissés sur les pages Google ou tout simplement suite à des signalements recensés par l'association. Pour pouvoir attester d'une potentielle discrimination liée à l'origine en cas de poursuite judiciaire, les bénévoles filment la scène avec leur téléphone.

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Une vidéo tournée à l'entrée d'un bar par l'un des bénévoles ©FTV

Nadia Kharfallah, bénévole de l'association, tient à participer à cette opération. Elle même victime de discrimination durant sa scolarité, ce sujet lui tient très à cœur. "Au début j'étais un peu stressée mais le videur était agréable donc c'est assez naturel. On nous demande pas de faire de très beaux plans, juste filmer pour avoir une preuve et le son de la conversation. Finalement, on oublie qu'on filme".

La présidente départementale de SOS Racisme, Lisa Badet, met tout de même en garde : "Il faut faire super attention parce qu'après si on passe en justice, il faut que rien ne puisse se retourner contre nous". 

Jusqu'à trois années de prison 

Ce vendredi 3 mars, les bénévoles n'ont été refusés dans aucun des établissements testés. Si cela avait été le cas, l'association accompagne au mieux pour faire condamner ces actes. "Quand on constate qu'il y a discrimination, on a le service juridique de l'association qui dépose plainte et on saisit la justice avec les testeurs et les personnes concernées" explique Marouane Zaki.

Les conséquences peuvent aller jusqu'au pénal mais souvent les plaintes qu'on dépose sont relaxées. Ca demande de la rigueur pour avoir toutes les conditions idéales et avoir assez de preuves pour que ça aboutisse.

Marouane Zaki, membre du bureau de SOS Racisme 31

La méthode du testing a été créée aux Etats-Unis dans les années 80 par une association de défense des droits des noirs-américains pour démontrer l'existence de discriminations dans l'accès au logement. Elle a par la suite été importée en France par SOS Racisme en 1995. Depuis l'arrêt de la Cour de cassation en date du 12 septembre 2000, le procédé est un mode preuve recevable dans les tribunaux pénaux. 

Selon le listing établi par SOS Racisme, la dernière condamnation d'une discothèque pour des faits de discrimination à caractère raciste à Toulouse remonterait à 2004. La peine encourue peut aller jusqu'à trois années de prison. 

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