Après l'explosion et la fermeture de l'usine AZF, Total s'était engagé à créer des emplois à Toulouse, notamment dans l'énergie solaire, à travers sa filiale Sunpower. L'entreprise liquide actuellement 16 des 59 postes au mépris des engagements pris par Total.
C'est un petit plan social qui se joue en silence mais fait écho à des années douloureuses qui ont endeuillé Toulouse : l'entreprise Sunpower (ex-Ténésol, détenue à 57 % par le groupe pétrolier Total) se sépare d'au moins une vingtaine de ses soixante salariés installés sur le site toulousain de Saint-Martin du Touch.
Une rupture conventionnelle collective a été ouverte pour 16 salariés. Officiellement, Sunpower prend de plein fouet la chute des prix sur le marché des panneaux photovoltaïques. Le coût de production des panneaux sur l'usine toulousaine est trop élevé face à la concurrence. Sunpower a donc entrepris de faire fabriquer une partie de sa production pour la France et l'Europe au... Mexique. L'appel d'offres de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) remporté en 2017 par Sunpower sera donc (en partie) honoré par des produits fabriqués outre-atlantique !
"Généralement, nous fournissons les produits les plus proches de l’endroit où cela est nécessaire, mais ce n’est pas toujours le cas. Il est possible que le produit spécifique requis ne soit pas fabriqué à proximité ou que la quantité d’approvisionnement ne soit pas disponible à proximité" a répondu Sunpower à nos confrères de Médiapart.
Conséquence de ce retrait de Sunpower/Total du site de Toulouse : l'usine qui produisait 70 mégawatts (MV) de panneaux solaires par an va tomber à 44 ! Presque la moitié de sa capacité actuelle. D'où la suppression des 16 postes, 10 à la production et 6 aux services supports.
Le carnet de commandes est plein. On aurait pu charger les usines françaises, dont Toulouse, à 100 % et compléter par des panneaux mexicains. Mais en fait on justifie la baisse d'activités uniquement pour des raisons de coût, les panneaux mexicains étant moins chers que les toulousains (Marlène Gauthié, déléguée syndicale Sunpower Toulouse).
Le problème c'est aussi que ces emplois de Sunpower à Toulouse sont issus d'un engagement pris par Total en 2002, après l'explosion le 21 septembre 2001 de l'usine AZF, appartenant à Grande Paroisse, filiale de Total. 31 morts, des milliers de blessés, des dizaines de milliers de sinistrés... Total s'est alors engagé à créer 1000 emplois sur la zone toulousaine pour compenser l'accident et la fermeture de l'usine :
Dans les énergies renouvelables, avec Tenesol Technologies, aujourd’hui SunPower, fabricant de panneaux solaires. Le Groupe a investi 4 millions d’euros dans l’implantation de l’usine européenne de cette filiale à St Martin de Touch. Depuis sa mise en service en 2005, le site a triplé sa capacité de production et emploie aujourd’hui plus de 160 personnes. (site internet de Grande Paroisse)
Aujourd'hui, Sunpower n'emploie plus à Toulouse que 59 personnes en attendant le départ de plus du quart de son personnel. Interrogé par Médiapart à ce sujet, le groupe Total a renvoyé sur sa filiale Sunpower, basée aux Etats-Unis. Total a cependant affirmé à nos confrères que que l'objectif pris en 2002 de créer 1000 emplois à Toulouse avait été "largement atteint aujourd'hui puisque environ 2000 emplois ont été créés notament grâce à la mobilisation de Total Développement Régional". Un chiffre invérifiable.
Vidéo : le reportage de Delphine Gérard et Olivier Denoun