L'institut universitaire du cancer de Toulouse-Oncopole a réalisé une reconstruction complète du nez d'une patiente, à partir d'un implant synthétique imprimé en 3D. Il a d'abord été implanté sur son avant-bras avant de prendre sa place sur son visage.
Un véritable travail d'équipe entre les équipes de chirurgie ORL et cervico-faciale du CHU de Toulouse et de l’Institut Claudius Regaud a permis cette reconstruction nasale complète à partir d'un greffon synthétique sur-mesure. Une procédure chirurgicale effectuée en deux temps par le Pr Agnès Dupret-Bories et le Dr Benjamin Vairel.
La solution après des échecs de reconstruction classique
La patiente toulousaine est une femme de 50 ans qui a eu un cancer des fosses nasales. En 2013, elle est traitée par chimio et radiothérapie, et perd une large partie de son nez à la suite de ce traitement.
Pendant quatre ans, elle fait face à de nombreux échecs de reconstruction nasale par greffe de lambeaux de peau. L'équipe lui propose alors le port d'une prothèse faciale, qu'elle ne supporte pas.
Vient ensuite l'idée de ce greffon synthétique sur-mesure pour cette femme en échec de reconstruction classique. "Elle était très enthousiaste", raconte le Pr Agnès Dupret-Bories. L'équipe de chirurgie ORL et cervico-faciale du CHU de Toulouse commence à collaborer avec la société Cerhum, un fabricant belge de dispositifs médicaux spécialisé en reconstruction osseuse.
Un nez sur l'avant-bras
"Il s'agit d'un implant sur-mesure en biomatériau, qui est un échafaudage de pores pour être colonisé par le corps de la patiente", explique le Pr Agnès Dupret-Bories. La forme de l'implant est réalisée à l'aide d'anciens scanners datant d'avant le traitement médical de la patiente et de sa prothèse. Après plusieurs semaines d'échanges entre l'équipe de l'Oncopole de Toulouse et la société Cerhum, le dispositif médical est prêt.
Il est d'abord implanté sur l'avant-bras de la patiente durant deux mois parce qu'elle "n'avait plus de peau et comme la région du nez a été irradiée par la radiothérapie, cette zone était donc moins vascularisée", précise Agnès Dupret-Bories.
"Une fois que la colonisation du dispositif médical est apparue complète, le greffon, avec la peau autour, est alors implanté sur le visage de la patiente, explique le Professeure. Ensuite, sous microscope, je créé des connexions entre les vaisseaux sanguins de la peau du bras et ceux de la tempe."
Une première
Aujourd'hui, un mois après l'implantation, elle peut respirer avec son nouveau nez, mais "la peau n'est pas sensible. Il s'agit d'une reconstruction esthétique et sociale". Une seconde intervention va être nécessaire afin d'apporter des retouches esthétiques.
Cette prouesse est une véritable innovation technologique et chirurgicale. Une première avec cette reconstruction totale avec ce type de biomatériaux poreux. "Sur des reconstructions de parties du visage aussi grandes, il n'y avait pas de solution. Avec ce dispositif, on espère que l'on pourra proposer un résultat satisfaisant en deux interventions", conclut Agnès Dupret-Bories.