Quatre hommes comparaissent à compter de ce lundi pour un viol collectif. Les faits se sont déroulés sur le parking de la discothèque le Carpe Diem à Balma près de Toulouse.
Un samedi soir de septembre 2018, une jeune femme est violée sur le parking d'une boîte de nuit, des vidéos insoutenables circulent sur les réseaux sociaux: ses quatre violeurs présumés sont jugés à Toulouse à partir de lundi.
Sur l'une des vidéos postée sur Snapchat, une personne assistant à la scène devant la discothèque, dit à un ami participant à l'agression: "Arrête, c'est un viol". Un appel sans effet. La scène continue. Il est près de 06H00 du matin et le Carpe Diem, une boîte de nuit située à Balma, près de Toulouse, est sur le point de fermer.
Deux jours plus tard, la jeune femme déclare aux gendarmes s'être sentie comme "un jouet, une marionnette au milieu d'enfants qui se disputent".
Des agressions sexuelles filmées
Déscolarisée tôt, la victime, âgée de 19 ans, enchaînait des petits boulots et vivait dans une grande précarité, "c'est une jeune fille qui n'était pas habituée aux sorties nocturnes, elle avait bu, elle a été la victime de prédateurs, qui ont su percevoir sa fragilité, sa vulnérabilité", dénonce son avocate, Ravyn Issa.
"C'était une jeune fille sociable, qui parlait assez facilement, sa vie a basculé. Le peu de confiance qu'elle avait en elle a été saccagé cette nuit-là. Elle est toujours traumatisée, extrêmement anxieuse, en proie à des paniques soudaines. Elle n'arrive pas à se reconstruire", déplore l'avocate de la partie civile.
Trois vidéos des agressions sexuelles filmées le 16 septembre à l'aube figurent dans le dossier. Quatre hommes originaires de banlieues toulousaines, tous les quatre accusés de viol, seront lundi dans le box, face aux magistrats de la Cour criminelle de Haute-Garonne.
Immédiatement après les faits, les accusés, âgés de 19 à 25 ans, avaient fui en Espagne ou au Maroc, parfois après avoir été menacés de mort sur les réseaux sociaux. Une enquête de la section de recherches (SR) de la gendarmerie de Toulouse avait rapidement permis de les identifier. Les premières gardes à vue intervenaient après leur retour à Toulouse, un mois après le viol, et les quatre hommes étaient aussitôt placés en détention provisoire. Les accusés ont été identifiés et localisés grâce aux captures d'images vidéos et à la téléphonie, puis confondus par les analyses de traces ADN sur les vêtements de la jeune femme.
La victime s'était rendue au Carpe Diem, avec le garçon qu'elle fréquentait et un autre couple. Elle a du mal à se souvenir des évènements, au moment de sa déposition. Cette nuit-là, elle avait consommé joints et cocktails mêlant alcool et boisson énergétique. "Elle a du mal à se souvenir comment elle se retrouve sur le parking. Ensuite, son refus est clair, on voit sur les images qu'elle est tirée par les cheveux, portée à bout de bras, maintenue pendant l'acte", dit son avocate. Les accusés minimisent leur participation à l'agression, nient l'avoir violée ou affirment que les relations sexuelles étaient consenties.
Le plus jeune, un chauffeur-livreur de 19 ans au moment des faits, affirme que la première relation sexuelle entre la jeune femme et trois des quatre accusés était consentie, puis que la situation a dégénéré en viol, auquel il n'a pas participé, détaille son avocat Robin Sénié-Delon, qui plaidera pour lui la non-assistance à personne en danger. "Ces trois jeunes hommes avaient fui après les faits, ce qui leur a été grandement reproché. La justice n'a jamais douté de leur culpabilité", regrette l'avocat. Mais pour lui, "tous ceux qui ont participé au viol ne sont pas dans le box", ajoute-t-il. Le procès devrait se dérouler à huis clos, à la demande de la victime.