Une employée à la retraite de l'Institut national de recherche pour l'agriculture (Inrae) de Toulouse (Haute-Garonne) est décédée, au début du mois de novembre, de Creutzfeldt-Jakob. Cette technicienne de recherche, appartenant à un laboratoire travaillant sur les prions, est la deuxième à mourir de cette maladie en France en quelques mois.
Au début du mois de novembre, la maladie de Creutzfeldt-Jakob a emporté, une technicienne de recherche à la retraite de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), qui avait travaillé à Toulouse au contact de tissus biologiques infectés par des prions, révèle le quotidien Le Monde, mardi 30 novembre. Une information confirmée à France 3 Occitanie par l'Inrae.
TECHNICIENNE D'UN LABORATOIRE DE L'INRA
Selon toute vraisemblance, cette femme appartenait à l'unité de recherches Interactions Hôtes-Agents Pathogènes (IHAP). Créé en 2003 sur le campus de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse (Envt) et rattachée au département de santé animale de l’INRA, le principal objectif de ce laboratoire est "de comprendre les interactions entre les micro-organismes pathogènes et leurs hôtes."
Ce décès provoque une vive émotion chez "ses collègues qui l'ont côtoyée" rapporte une source syndicale, mais aussi au sein de la communauté scientifique effectuant des recherches sur cet agent pathogène responsable des encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST) ou maladies à prions.
Une autre technicienne de laboratoire de 33 ans, Emilie Jaumain, est décédée, le 17 juin 2019, de cette même maladie neurodégénérative incurable. Comme le rapporte Le Monde : "La jeune femme l’aurait contractée en 2010, en se coupant au cours de la manipulation de fragments de cerveaux de souris infectées par des prions, dans une autre unité de l’Inrae, à Jouy-en-Josas". Depuis, une instruction judiciaire est ouverte sur les conditions de ce décès et un rapport a été rendu en septembre 2020 sur la sécurité dans les laboratoires de recherche sur les prions infectieux.
COMMENT A-T-ELLE ÉTÉ INFECTÉE ?
Les conditions de contamination de la technicienne de l'Inrae à Toulouse ne sont toujours pas connues. Selon des "informations parcellaires" recueillies par plusieurs syndicats, elle se serait "coupée lors de son travail" sur une période entre 2004 et 2005. Questionnée à ce sujet, l'Inrae n'a pas répondu sur ce point précis.
"Nous ne pouvons pas établir que cet événement soit à l'origine de sa maladie, souligne sous couvert d'anonymat un syndicaliste. Mais nous demandons que toute la lumière soit faite. Nous nous inquiétons qu'il existe d'autres contaminations. On ne peut pas exclure qu'elle soit tombée malade à cause de la vache folle. Mais que deux techniciennes travaillant sur les prions meurent à deux ans d'intervalle, cela limite grandement les possibilités."
Une fois ce "cas probable de Creutzfeldt-Jakob" connu le 27 juillet dernier, l’ensemble des travaux de recherche et d’expérimentation relatifs aux maladies à prions en France ont été suspendus pour 3 mois, à titre conservatoire.
MORATOIRE ET AUDIT INTERNE
" Ainsi, dès fin juillet, une enquête interne Inrae menée par les conseillers prévention et des délégués à la sécurité biologique dans ce laboratoire commun à Inrae et l’Envt a été effectuée pour rassembler les éléments sur les conditions de travail et les sources possibles d’exposition de cet agent à la retraite" précise l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement dans un communiqué.
Parallèlement, les ministères chargés de la recherche et de l’agriculture ont diligenté une mission d’inspection. Ses inspecteurs se sont déplacés le 8 et 9 novembre à Toulouse au laboratoire de l'Envt "pour des auditions." C’est à partir des conclusions de ce rapport que la décision sera prise de manière concertée entre les cinq organismes et en accord avec les ministres pour décider des conditions de la levée du moratoire, prolongé récemment de deux mois.
Des audits menés contre l'avis du CHSCT de l'Inrae qui souhaitait une "enquête externe." Le rapport commandé par le gouvernement doit être rendu d’ici fin décembre 2021. En fonction de ses conclusions, les syndicats de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement n'écartent pas l'hypothèse de saisir la justice.