Keyidi Myaro a ouvert un centre à Toulouse (Haute-Garonne) pour la prise en charge globale du patient dans lequel elle expérimente les chorégraphies thérapeutiques et la thérapie du mouvement.
C'est un appartement aux couleurs chaleureuses et où un doux parfum de fleurs se répand, au premier étage d' un immeuble de l'avenue des Minimes à Toulouse. Il se divise en trois pièces. Dans la première travaille une esthéticienne à des soins du visage et du corps, au fond du couloir se trouvent des psychologues et celle du milieu est réservée aux séances de kinésithérapie de Keyidi Myaro.
"Cette maison, j'en ai rêvé !" confie cette ancienne sportive de haut-niveau (elle a joué en première division de handball) dans un large sourire de bienvenue en nous faisant faire le tour de ces 88m2. "Il n' y a pas de centre équivalent sur Toulouse ! Ici on prend en charge le patient dans sa globalité. Le corps, l'esprit et les états d'âmes car tout est lié." affirme t-elle.
Depuis deux ans, elle développe le concept de "sport, santé, art et beauté" en se prenant volontier en exemple. A 43 ans, cette africaine originaire du Tchad, victime d'une rupture du tendon d'achille, de déchirures abdominales et du mollet, souffrant d'arthrose au genou et d'une nevralgie cervico-brachiale, se déhanche sur la chanson "Cheap Thrills" de Sia.
"L’erreur des occidentaux face à la douleur est de se mettre à l’arrêt" explique Keyidi Myaro.
Mon travail et l'objectif de ce centre est de soigner les atteintes des épaules et du dos (tendinite des muscles de la coiffe des rotateurs, névralgie-cervico-brachiale, cervicalgie, dorsalgie, lombalgie), par le mouvement dansé, en y incluant les techniques thérapeutiques utilisées par les kinésithérapeutes et les ostéopathes comme le "S" de Sohier, le pendulaire de Codman, la sonnette externe et interne de la scapula, etc. Pourquoi ? Car on vient nourrir le cerveau d’un corps qui a « mal » en lui donnant plusieurs informations à gérer autres que la douleur : la musique, la chorégraphie, la précision du geste... Et on active ainsi le processus d’autoguérison.
Une danse pour chaque partie du corps
Chaque chorégraphie dure 3 minutes 30 et travaille une zone du corps en particulier comme le dos ou les épaules. "Je n'ai jamais appris à danser !" s'amuse t-elle aujourd'hui "mais j'ai remarqué que certaines thérapies en osthéopathie ou en kinésithérapie pouvaient se faire en dansant. Tu as mal au dos ? Bouge ! Mets toi en mouvement. On met trop les gens à l'arrêt." continue t-elle, intarissable sur le RITM (Rythme Inspiré par la Thérapie du Mouvement) qu'elle promeut.
Elle envisage de lancer sa chaîne youtube et de rendre accessible au plus grand nombre ses vidéos. "Avec la pandémie, c'est une catastrophe. Avant, quand je voyais des patients qui avaient survécu à un cancer, ils avaient une énergie solaire. Ils avaient vu la mort de près donc je peux vous dire qu'ils avaient la pêche et l' envie de vivre ! Aujourd'hui, ils arrivent dans mon cabinet en me disant "ça ne va pas !". Si ça ne va pas pour eux, ça ne va pas pour grand monde. Ils sont mon drapeau rouge" assure t-elle.
Dans la salle d'attente, Juliette attend son tour. Elle revient de son cours de boxe. "Un miracle" affirme cette sportive de 44 ans. "En 2015, j'ai été opérée du sein, puis du coude, des douleurs à l'épaule, à la main, au bras. On me diagnostique une polyarthrite. Mon rhumatologue me dit que je suis un déchet, un débris et que le sport est fini pour moi" confie t-elle. Mariée à un médecin cardiologue, elle travaille à la clinique Pasteur et connait bien le milieu médical.
"En septembre, j'ai atterri ici. Fin janvier, je reprenais la boxe ! Aujourd'hui, en trois mois j'ai pris deux fois des anti-inflammatoires. Et maintenant quand je croise mon médecin dans les couloirs, je lève la tête et souris en grand !" raconte t-elle avec conviction. "Un docteur soigne un organe ou une articulation. C'est tout. Il n' y a pas de service après vente. Ici j'ai trouvé le SAV" continue t-elle avant d'entrer dans la salle de Keyidi Myaro pour une séance de soin.