Toulouse : une surveillante de la prison de Seysses qui a frappé un détenu condamnée à quatre mois avec sursis

Une surveillante de la maison d'arrêt de Seysses, près de Toulouse a été condamnée ce mardi à quatre mois de prison avec sursis. Elle était poursuivie pour violences sur deux détenus. Une gifle pour une histoire de cigarette.

Une surveillante de la maison d’arrêt de Seysses, près de Toulouse, comparaissait ce mardi devant le tribunal correctionnel. Elle était poursuivie pour violence par personne dépositaire de l’autorité publique. Deux détenus ont porté plainte contre elle. Cette femme, âgée de 48 ans, a été condamnée à quatre mois de prison avec sursis.

Les faits remontent au 21 août 2020. Ce matin-là, la surveillante doit escorter deux détenus de la salle d’attente située près de leurs cellules vers leurs postes de travail, en cuisine. Quand elle arrive, ils sont en train de fumer alors que c’est interdit.

"La gifle de l'année"

Selon les détenus (qui ne se sont pas portés partie civile et qui ne témoignent pas devant le tribunal), elle s’est mise en colère et leur a demandé de retourner en cellule. Elle a giflé fortement l’un des deux hommes et lui a tiré les cheveux pour le faire avancer. Elle a attrapé l’autre par la nuque enfonçant ses ongles dans la peau. "Elle m’a mis une tarte, une gifle sur la joue gauche, c’était humiliant", a précisé l’un des hommes lors de son audition au moment des faits. "Elle lui a donné une gifle en y mettant tout son poids", dit l’autre.

La surveillante sait qu’elle a fait une erreur et décide d’en parler à sa hiérarchie. A chaud, elle raconte à sa supérieure avoir donné "la gifle de l’année" et qu’elle en avait "la paume de la main encore chaude". Elle précise même que la personne détenue n’ayant pas d’éducation elle s’en était chargée.

Quelques jours plus tard devant le directeur de la détention, dans le cadre d’une procédure disciplinaire à son encontre, elle évolue dans sa déclaration et indique seulement avoir eu un geste de défense spontané, une simple gifle sur un détenu.

La version des détenus confirmée par un gardien

Devant le tribunal ce mardi, elle maintient sa version des faits. Elle a eu peur explique-t-elle. "Il était furieux, il s’avançait vers moi. J’ai cru qu’il allait me donner un coup". Le problème c’est que plusieurs témoins, des détenus mais aussi un surveillant, confirment la version des prisonniers. Le gardien interrogé affirme que les détenus tentaient de parler calmement mais que la surveillante hurlait. Elle faisait avancer un des hommes en le tirant par les cheveux et l’a giflé. "Elle a attrapé l’autre par la nuque et l’a jeté vers moi", dit le surveillant lors de son audition. Il a dû s’interposer pour mettre fin à l’incident.

Le procureur a demandé quatre mois de prison avec sursis contre la surveillante qui a, selon lui, perdu le contrôle face à des détenus. "Ils avaient fumé certes mais cela ne justifiait pas qu’elle se soit énervée."

Le contexte de la surpopulation carcérale

Devant le tribunal, l’avocat de la surveillante, Maître Etienne Durand-Raucher entend bien rappeler le contexte de la prison de Seysses. "C’est un établissement gangréné par les violences avec des conditions pour les détenus mais aussi pour les gardiens qui sont inacceptables", dit-il. Et il cite des chiffres : un surveillant pour 32 détenus en mouvement, un surveillant pour 130 détenus en cellule. Il rappelle aussi que sa cliente n’a jamais fait parler d’elle sauf quand elle a été agressée par un détenu en 2014 dans une autre prison.

Elle a par la suite été plusieurs années en arrêt maladie. Elle avait repris le travail en 2019 avec des restrictions ; elle ne devait pas être au contact de la population pénale. A Seysses, elle était d’ailleurs en charge des contrôles des télévisions. Mais il a fallu remplacer un collègue en arrêt maladie pour quelques semaines. Et le remplacement a duré plus longtemps que prévu. Au moment de l’incident elle était à nouveau en contact avec des détenus depuis quatre mois.

"Vous comprenez que ce n’est pas un comportement professionnel", lui demande la présidente ? "Oui", répond-elle timidement.

La juge la condamne à quatre mois de prison avec sursis. Une condamnation qui ne figurera pas aux bulletins numéro deux et trois du casier judiciaire, lui permettant ainsi de travailler à nouveau dans une prison.

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