Toulouse : des uritrottoirs pour soulager la ville

Toulouse vient d'installer 4 uritrottoirs dans certains lieux festifs de la ville pour réduire les nuisances dûes à l'urine dans ces quartiers. Ces nouveaux dispositifs sont des urinoirs hermétiques fleuris dont le contenu pourra être réutilisé en engrais. 

De loin, avec leur couleur rouge, elles ressemblent à des bacs fleuris. Mais de près ce sont bien des pissotières d'un nouveau genre installées à Toulouse. 4 uritrottoirs viennent d'être installés dans les quartiers les plus festifs de la ville. Objectif : réduire les nuisances liées à l'urine qui souille les rues les soirs de fête.

Eviter les odeurs 

L'un d'entre eux est installé tout près des bars de la place Saint-Pierre. Un point noir, car à cet endroit le problème est récurrent tous les soirs.

C'est génial. J'habite à côté et je suis au Conservatoire, tous les matins les odeurs d'urine remontent, c'est l'enfer, ça me donne la nausée. Si cela peut permettre d'éviter cela, tant mieux.
- s'exclame Eva, 24 ans qui habite dans le quartier. 

Un peu plus loin, d'autres étudiantes se félicitent aussi d'une telle mesure. "A la Daurade le soir, la nuit il y a des rigoles d'urine près des toilettes publiques, c'est infect, si ça peut limiter ça, c'est génial " , disent-elles.

 L'urine sera récupérée

Ces pissotières à ciel ouvert ont une contenance entre 80 litres et 120 litres pour la plus grosse. Des urinoirs hermétiques qui ont été créés par la société nantaise Faltazi.
Ils sont surplombés de sisyrinchium striatum, des plantes au feuillage persistant et qui résistent à la sécheresse, pour le côté esthétique. L’urine, elle, sera récupérée trois fois par semaine puis stockée pendant un an le temps que certains composés soient eliminés pour ensuite être utilisée en engrais pour les plantations.

On stocke bien des tonnes de sel pour le salage des routes, on peut aussi le faire pour ça. Notre objectif est ensuite de l’écouler dans la filière engrais.
- explique Emilion Esnault, vice président de Toulouse Métropole en charge de la propreté et qui a fait installer ces uritrottoirs.

Insuffisant pour les patrons de bar

Mais du côté des serveurs de bars de la place Saint-Pierre, certains sont dubitatifs et pensent que cela ne suffira pas. 

Déjà je ne l'avais pas vu car, il est très en retrait, je ne sais pas si les clients le verront. Nous on accueille parfois jusqu'à 2 000 personnes par soir et quand ils ont bu et que ça presse, je ne sais pas si les garçons penseront à y aller.
-explique Arthur, serveur dans un bar de la Place Saint-Pierre.

Trois étudiants, non loin de lui, confirment un peu gênés avoir déjà urinés n'importe où après une nuit alcoolisée mais valident l'idée de ces uritrottoirs. "C'est mieux que contre un mur quand même, mais avec l'alcool, il va falloir viser!" plaisantent-ils entre eux. 

500 PV pour s'être laissé aller sur la voie publique

Mais même si cela peut prêter à sourire, 500 personnes ont déjà été verbalisées depuis le début de l'année par la brigade anti-civilités de la mairie pour s'être laissées aller sur la voie publique. Un comportement que la mairie essaie de stopper. 

Nous avons 63 sanisettes, ouvertes gratuitement 24h/24h. Elles sont autonettoyantes mais cela prend parfois du temps. Nous avons aussi mis en place une vespasienne à Saint-Pierre, ces uritrottoirs permettent de libérer de la place aux toilettes publiques pour les femmes, rajoute l'élu.

25 000 euros d'investissement

La collectivité a déboursé au total 25.000 euros dans ce nouveau dispositif expérimental. L'idée est de voir si ces uritrottoirs sont une solution. 
Déjà installés à Paris ou à Nantes, reste donc à savoir si à Toulouse, ils seront efficaces.
S'ils permettront de soulager les envies des uns et de mettre fin à certaines nuisances.