Depuis 2010, en Occitanie, 14.000 exploitations agricoles ont disparu, soit 4 en moins par jour. Pour favoriser la reprise des fermes et renouveler une génération d’agriculteurs, des entreprises privées et les chambres d’agriculture mettent en place plusieurs dispositifs.
En France, dans les 10 ans à venir, 50% des agriculteurs partiront à la retraite. 200.000 fermes sont menacées de disparaitre et en Occitanie, le taux de remplacement est de 61% (chiffre 2019). Créée il y a deux ans, la société FEVE( Fermes en Vie) lance un appel à projet pour la reprise de cinq fermes en France dont l’une est située non loin de Toulouse en Haute-Garonne : "La Ferme de Rieumes". L’objectif est d’accélérer la transition agroécologique en facilitant l’installation d’agriculteurs qui ont un projet en ce sens.
Un dispositif d’épargne solidaire
"C’est le meilleur moment pour intervenir", confie Simon Bestel, co-fondateur de la FEVE, "quand il y a une transmission de ferme pour convertir plus facilement l’activité en agroécologie".
L’ingénieur agronome précise que "la problématique au moment de l’installation, c'est qu'on n’a pas forcément les financements pour racheter tout le matériel, les bâtiments, les terres, les animaux…On a créé une foncière solidaire, financée par l’épargne solidaire qui permettra de racheter la structure et la mettre en location au porteur de projet avec une option d’achat. Une option d’achat qui permet à l’agriculteur, dans le cas où il a respecté le cahier des charges en agroécologie, d’acheter l’exploitation au bout de sept années".
Diminuer les risques
Le coût financier est souvent un frein à l’installation, l’accès aux terres agricoles n’est pas si évident pour les porteurs de projets. "Ce dispositif permet de faire du portage et faciliter l’installation, explique Simon Bestel, car on évite le remboursement bancaire. Cela permet d’être moins sur la partie financière et de se concentrer davantage sur le développement de l’activité".
Cahier des charges et accompagnement
La FEVE ne fait pas d’accompagnement technique mais travaille en partenariat avec les chambres d’agriculture ou les coopératives. L’entreprise a mis en place un cahier des charges spécifique.
"Le bio c’est l’un des objectifs du cahier des charges dans les cinq premières années d’installation. On couvre la préservation des sols, on restaure la matière organique et la vie des sols. La réintroduction des haies est aussi importante pour les problématiques de préservation des sols… On fait tout pour préserver l’infrastructure en agroécologie, si par exemple l’exploitation dispose de prairies permanentes on va interdire dans le cahier des charges de les labourer car cela a un vrai intérêt pour la biodiversité, la préservation des sols", précise Simon Bestel.
L’intégration au territoire, selon l’ingénieur en agronomie, passe aussi par le basculement de l’exploitation en circuit-court et la transformation des produits. Enfin, la FEVE assure au futur repreneur "le potentiel de pérennité de l’exploitation pour délivrer un minima d’1,5 SMIC au terme de l’installation", précise Simon Bestel, co-fondateur de la FEVE. "L’objectif est que le nouvel agriculteur rachète la ferme, ce qui nous permet de récupérer les fonds pour les réinvestir dans de nouveaux projets".
Appel à projet sur la Ferme de Rieumes
La ferme est située à 45 minutes de Toulouse et s’étend sur 60 hectares de terrain. L’exploitation offre des opportunités en grandes cultures et transformation, élevage de volailles, de porcs en plein air et maraîchage. "On recherche des porteurs de projets, nous avons déjà visité et étudié le potentiel de l’exploitation, elle est tout à fait adaptée à un projet d’installation agroécologique. On propose le financement et on cherche des porteurs de projets pour répondre à cet appel d’offre, plusieurs installations sont possibles sur le site", rajoute Simon Bestel.
Journée de transmission d’exploitations agricoles
De son côté, la chambre d’agriculture de Haute-Garonne organise mardi 29 novembre à Carbonne, une journée dédiée à la transmission d’exploitations agricoles. En Occitanie, d’ici 5 ans, sur un tiers des agriculteurs qui partiront à la retraite, une grande partie n'a pas de repreneurs. L’objectif pour la chambre d’agriculture est de donner des outils d’anticipation de transmission aux agriculteurs de plus de 55 ans. "Une transmission familiale ou hors de ce cadre cela se prépare, se réfléchit en amont", explique Gaëlle Lemaire, conseillère en installation et à la transmission à la chambre d’agriculture de Haute-Garonne.
Inadéquation entre l’offre et la demande
Selon l’observatoire d’Occitanie, en 2019, il y a eu 2793 départs de chefs d’exploitation contre 1790 installations y compris des repreneurs. "Nous avons beaucoup de demandes de porteurs de projets et dans les années à venir de nombreuses cessions", précise Gaëlle Lemaire.
"La problématique principale est de mettre en corrélation les deux cas. De nombreux porteurs de projets hors cadre familial veulent reprendre des petites structures pour y installer du maraîchage, des petits élevages sur une trentaine d’hectares alors que les structures à céder sont plutôt importantes, de type bovins ou grandes cultures. Ce qui implique derrière des capitaux importants, ce qui ne correspond pas aux profils de ces nouveaux porteurs de projets".
Une problématique que la chambre d’agriculture tente d’enrayer en sensibilisant les agriculteurs bien en amont de leur départ à la retraite.
"Il faut que les agriculteurs qui souhaitent céder leur exploitation prennent conscience de cette réalité économique. Nous les accompagnons et sensibilisons à cette situation, à faire mûrir leur réflexion et adapter leur offre", rajoute Gaëlle Lemaire.
La journée de transmission d'exploitations agricoles s'adresse aux agriculteurs de plus de 55 ans. Cette année de nombreux professionnels témoigneront de leur installation et transmission.